Evergrey
Metal Progressif

The Storm Within
01. Distance
02. Passing Trough
03. Someday
04. Astray
05. The Impossible
06. My Allied Ocean
07. In Orbit (feat. Floor Jansen)
08. The Lonely Monarch
09. The Paradox Of The Flame
10. Disconnect
11. The Storm Within
Chronique
Evergrey, c'est Tom Englund. Compositeur, guitariste, chanteur, et seul membre d'origine depuis maintenant plus de dix ans, le bonhomme est seul maître à bord. De ce fait, malgré un line-up très régulièrement bouleversé, le son et le style d'Evergrey ont toujours évolué de façon logique, constante, sans pics ni creux liés à l'implication de différents musiciens. The Storm Within est donc la suite logique des neuf précédents albums, et pour une fois, le line-up est le même que sur l'opus de 2014. C'est assez rare pour être fêté !
Cette nouvelle production est donc directement dans la lignée de la discographie des Suédois, toujours à la frontière entre Metal Progressif (sans le côté déstructuré et aligné sur 16 minutes, seule la technique et quelques constructions inhabituelles en sont gardées) et Power Metal (sans l'aspect caricatural heroic-fantasy, on ne retient que l'efficacité des rythmes rapides). Comme d'habitude, l'ensemble est sombre, mélancolique, à fleur de peau et plein d'émotions. C'est forcément le cas dans les deux balades, The Impossible et The Paradox Of The Flame, mais aussi dans beaucoup d'autres pistes "énervées", comme sur l'émouvante The Storm Within ou sur les refrains de Distance, de The Lonely Monarch, ou de Disconnect. Le timbre si particulier du frontman y est pour beaucoup, son chant clair est toujours aussi personnel, habité, étrangement chargé à la fois de tristesse et d'espoir. De plus, les phrasés mélodiques des voix se couplent magnifiquement bien avec les riffs de guitares qui les soulignent, comme dans les ponts de Passing Through ou dans le second couplet de Disconnect, augmentant encore l'impact que Evergrey peut avoir sur le baromètre de nos émotions.
Non seulement les guitares sont au service du chant, mais les instrumentations ont aussi une efficacité indéniable en tant que telles. Sur ce plan, se démarquent indéniablement la rapide et énergique My Allied Ocean, presque bourrine compte tenu des standards du groupe ; ainsi que le single ultra-catchy Passing Through. Tout en restant aussi efficace, Evergrey propose aussi des titres plus mid-tempos, plus lourds, qui ont une touche plus Goth Metal, une dimension familière au groupe, ici tout à fait maîtrisée dans Distance ou dans The Storm Within. Plusieurs refrains sont si bien construits qu'on se surprendra à les garder longtemps en mémoire, à l'image de ceux de Passing Through, de My Allied Ocean, ou de In Orbit. Il est d'ailleurs à noter que ce titre bénéficie d'une invitée de luxe en la personne de Floor Jansen (Nightwish, ReVamp, ex After Forever). Si son couplet ne se démarque pas franchement, les derniers refrains sont d'une rare intensité grâce aux chœurs et aux contre-chants à la fois très hauts et très puissant de la Néerlandaise.
Le seul point noir de The Storm Within pourrait être la présence non pas de une, mais de deux ballades. The Impossible est certes toute calme, mais son côté ténébreux et inquiétant en font un titre réellement intéressant. The Paradox Of The Flame, en plus de rompre une seconde fois le rythme des brûlots du reste de l'album, tire sur le mièvre et le déjà-vu, malgré l'excellente intervention de Carina Englund.
Néanmoins, le nouveau cru des Suédois reste une pépite comme rare on en fait en Metal mélodique au sens large. Ce léger défaut est compensé par tous les bons points gagnés par ce qui est déjà évoqué et qui fait la "recette Evergrey"... Plus quelques petits détails, de légères innovations bienvenues, juste assez pour que le groupe ne tourne pas en rond. Un chœur d'enfants par-ci (Distance), des claviers électro par-là (Passing Through)... Et le tour est joué. Sans prévenir, Evergrey accouche d'une pièce maîtresse de leur discographie, mais aussi de l'année 2016 en terme de musiques progressives et mélodiques.
A écouter : 1