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Biographie

Evergrey

Au début des années 1990, Tom S. Englund et Dan Bronell, deux guitaristes de formation classique, décident de jouer du Death Metal ensemble. Evergrey enregistre sa première démo en 1995, puis prend contact avec des labels. Fin 1996, les Suédois entrent en studio pour enregistrer The Dark Discovery. Malheureusement, le chanteur quitte la formation pendant l'enregistrement. Tom S. Englung, qui n'était jusque là que guitariste, va devenir chanteur improvisé. Sa compagne lui donne des cours de chant au fil de la mise en boite de l'album, et participe aussi aux choeurs féminins. L'album ne sera publié qu'en 1998.

Le second album sortira l'année suivante et sera synonyme de nombreuses évolutions pour Evergrey : après Solitude Dominance Tragedy, le groupe change deux fois de label, et recrute aussi des nouveaux bassiste, guitariste, et claviériste avant leur troisème album. In Search Of Truth voit le jour en 2001, et après une tournée avec Therion, Rikard Zander intègre Evergrey aux claviers.

Conséquence de la tournée sus-mentionnée, les Suédois rencontrent un succès bien plus large à partir de Recreation Day (2003). Toujours progressive dans sa technique, la musique d'Evergrey est plus accessible dans sa structure. La voix de Tom S. Englund a pris de l'assurance et son timbre est chargé d'émotions, rendant les compositions ouvertes et accessibles tout en abordant des thèmes sombres. Dans la même lignée artistique, The Inner Circle est publié en 2004, suivi l'année d'après par le premier live d'EvergreyA Night To Remember, qui sort en DVD et en double-CD. L'album Monday Morning Apocalypse est disponible en 2006.

Après plusieurs années (et albums) de constance, le line-up est à nouveau remis à l'épreuve. Jari Kainulainen (ex-Stratovarius) rejoint le groupe en 2007, et enregistre avec Evergrey l'album Torn, qui sort en 2008. Lors de la tournée qui s'en suit, c'est un double coup dur pour le groupe. D'une part, 35000 euros de matériel leur est volé. D'autre part, Henrik Danhage, Jonas Ekdahl et Jari Kainulainen quittent le groupe. Seul à bord avec son claviériste Rikard Zander, le leader Tom S. Englund a des doutes sur la suite d'Evergrey. Ils décident finalement de se donner une chance, et écrivent trois titres, qu'ils trouvent convaincants. Les trois musiciens manquants sont donc recrutés (Marcus Jidell à la guitare, Johan Niemann (ex-Therion) à la basse, et Hannes Van Dahl à la batterie) et Glorious Collision sort finalement en 2011. A la fin de la même année, le groupe fête ses quinze ans avec un best-of, A Decade And A Half.

L'incertitude revient en 2013 avec le départ de Hannes Van Dahl qui devient batteur chez Sabaton. Tom S. Englund choisit aussi de ne pas continuer à travailler avec Marcus Jidell et l'évince d'Evergrey. En aout 2014, le groupe officialise le retour de Henrik Danhage et de Jonas Ekdahl, respectivement guitariste du groupe de 2001 à 2010 et batteur de 2004 à 2010. Hymns For The Broken, le dernier album en date, est enregistré avec ce line-up.

13.5 / 20
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A Heartless Portrait: The Orphean Testament ( 2022 )

Signés chez Napalm Records depuis l’été 2021, les géants suédois du Metal Mélodique reviennent en force avec leur 13ème enregistrement studio. En presque 30 ans de carrière ultra-prolifique et une identité clairement assumée, Evergrey maintient une cadence de sortie effrénée : en moyenne un album tous les deux ans, et déjà trois depuis 2019. Moins d’un an et demi après Escape of The Phoenix (2021), une question légitime pourrait se poser : la qualité est-elle toujours au rendez-vous ? La récidive n’a-t-elle pas été un peu rapide ?

Sur la forme, ils placent haut la barre d’entrée de jeu : des lignes de chant simples mais efficaces, des refrains catchy, et de lepicness en veux-tu en voilà accentuée par l’ajout de chœurs enregistrés par les fans, la réverbération et le delay travaillés sur la voix de Tom S. Englund. Ce dernier n’hésitera pas à démontrer sa maîtrise de ses cordes vocales tout au long de l’album, avec davantage d’envolées en voix de tête et se permet plus de libertés dans ses toplines pop-esques imprimées de mélancolie, comme le merveilleux refrain de The Great UnwashedNous avons sur la globalité de leur carrière une évolution plutôt lente mais sensée, s’adaptant aux tendances actuelles, et les quelques touches artificielles d’autotune se font plutôt discrètes. Nous sommes indubitablement loin du « brut de décoffrage » presque kitch de The Dark Discovery (1998), et ce n’est pas plus mal.

Même si plus d’un auraient apprécié entendre un peu plus la double pédale remuer la poussière, et outre les faibles variations du jeu du batteur Jonas Ekdhal, que ce soit dans les plans utilisés ou dans le tempo médium rarement en dehors des 85-110 bpm, c’est concis, efficace, et les nappes atmosphériques du clavier servent avec brio leur côté mélodique. Les riffs et soli de Henrik Danhage (guitare) et de Rikard Zander (clavier) ne sont pas avares en textures et émotions, et puiseront dans le Power, le Doom, en passant par des influences orientalisantes sur le titre éponyme, qui ne sont pas sans évoquer l’intro entraînante de Get Your Freedom Back par Myrath, autre groupe émérite gorgé d’épopées. De quoi rajouter de la substance ! Cependant, l’intro de Call Out The Dark rappelle dangereusement, jusque dans la tonalité, Sisters de Pain of Salvation, donc pour qualifier le quartet d’inspiré, on repassera.

Qu’en est-il du fond ? Plantons le décor, voulez-vous. Trouver sa place dans une société prisonnière et technocratique, s’y sentir étranger, et comment elle nous affecte, tels sont les thèmes récurrents de l’album. Nous sommes spectateurs de « l’aventure » d’un John Doe visiblement torturé. Les deux singles Save Us et Midwinter Calls ouvrent le bal et offrent un peu plus de précision sur la scène d’exposition. Dès les premiers vers sont évoqués le désarroi, la solitude, le vide, la peur d’un monde créé de toutes pièces, frôlant le mythe. Le John, presque désillusionné, manifeste clairement un besoin d’aide après que ses repères fussent détruits (« My hideout was torn down coldly, needed help (…) I’ll carry on, I must believe ») ; C’est à partir de Call Out The Dark et The Orphean Testament qu’une tierce personne intervient (si l’on choisit de ne pas comprendre le phrasé comme le « you » général). Telle une mauvaise rom-com apocalyptique et zombiesque, John pense être le dernier survivant, MAIS ! C’était sans compter sa rencontre avec une Jane Doe toute aussi ténébreuse et torturée. Seuls contre le monde, peuvent-ils se faire confiance mutuellement, malgré leurs vécus similaires remplis de noirceur ? Que de dilemmes, que de tortures… Et que de condensés de clichés. Accrochez-vous, nous sommes à peine à la moitié de lalbum.

Arrive ensuite la notion d’espoir, encore au stade embryonnaire et à deux doigts d’être avortée par notre John de ses morts (« I am done hoping for freedom »), refusant l’optimisme, las du froid et de la fatigue. Dans The Great Unwashed, l’embryon devient fœtus malgré les chaînes métaphoriques qui semblaient emprisonner notre héros jusque-là. Et celui-ci, dans sa recherche d’une porte de sortie salvatrice pour échapper à ce « mensonge collectif » qu’est notre société, envisage enfin l’idée que l’union fait la force. A la bonne heure !

En dehors du classicisme apparent de l’album, la faiblesse principale venant entacher ce tableau turquoise et rouge serait le dernier titre, Wildfires : une balade acoustique supposée achever ce voyage émotionnel. Là où dans Ominous le feu intérieur n’était plus qu’à l’état de braises, mais la volonté d’avancer était toujours manifeste, ici dans Wildfires, le sous-texte est évident : « I've always been dreaming of new days, where I'm stronger and I could feel less, think less so silence could solve me (…) My heart’s worn out and I’m all out of fire (…) Cause all I do now is weakening and all I've got to look forward to is truth ». L’énergie n’est plus présente, autant dans la chanson que dans le for intérieur de son protagoniste, meurtri par trop de cicatrices. Tout ce qu’il lui reste, ce n’est même plus l’attente d’un renouveau, c'est une possibilité pour un John 2.0, suffisamment insensible pour supporter ce monde hostile contant une vie ne valant pas la peine d’être vécue. Ah bah d’accord, tu parles d’un flop…

Toutefois, la position de ce titre en tant que chapitre final est logique et concordante avec le message, le but étant probablement de laisser l’auditeur dans un état introspectif et contemplatif d’un soleil rouge se couchant sur l’océan de la vie du personnage principal… Et peut-être un peu la nôtre ? L’intention est compréhensible - jouer la carte relatable « nous avons tous un peu de John en chacun de nous » permettant de s’identifier à lui dans une certaine mesure, mais le trop plein de sentiments tombe rapidement dans le cliché défaitiste là où une outro grandiose et encore plus épique aurait été attendue.

La formation nous aura habitué à une certaine constante ; A Heartless Portrait n’y fera pas exception. Evergrey a « toujours fait du Evergrey », sachant allier sensibilité musicale et textuelle ; un travail toujours « à fleur de peau », comme qualifié précédemment par le collègue Zbrah, mais rien de révolutionnaire ici. Avoir un concept, un fil rouge conducteur est, au-delà de tout ça, bien pensé, mais peut-être ne faudrait-il pas se précipiter dans le choix du thème, quitte à tomber dans la facilité et la neurasthénie complètement dénuée de tout optimisme. On fait du Power, pas du Doom, merde. :)

12 pour le fond, 15 pour la forme.

A écouter : Save Us, Ominous, The Great Unwashed
16 / 20
4 commentaires (14.88/20).
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The Storm Within ( 2016 )

Evergrey, c'est Tom Englund. Compositeur, guitariste, chanteur, et seul membre d'origine depuis maintenant plus de dix ans, le bonhomme est seul maître à bord. De ce fait, malgré un line-up très régulièrement bouleversé, le son et le style d'Evergrey ont toujours évolué de façon logique, constante, sans pics ni creux liés à l'implication de différents musiciens. The Storm Within est donc la suite logique des neuf précédents albums, et pour une fois, le line-up est le même que sur l'opus de 2014. C'est assez rare pour être fêté !
 
Cette nouvelle production est donc directement dans la lignée de la discographie des Suédois, toujours à la frontière entre Metal Progressif (sans le côté déstructuré et aligné sur 16 minutes, seule la technique et quelques constructions inhabituelles en sont gardées) et Power Metal (sans l'aspect caricatural heroic-fantasy, on ne retient que l'efficacité des rythmes rapides). Comme d'habitude, l'ensemble est sombre, mélancolique, à fleur de peau et plein d'émotions. C'est forcément le cas dans les deux balades, The Impossible et The Paradox Of The Flame, mais aussi dans beaucoup d'autres pistes "énervées", comme sur l'émouvante The Storm Within ou sur les refrains de Distance, de The Lonely Monarch, ou de Disconnect. Le timbre si particulier du frontman y est pour beaucoup, son chant clair est toujours aussi personnel, habité, étrangement chargé à la fois de tristesse et d'espoir. De plus, les phrasés mélodiques des voix se couplent magnifiquement bien avec les riffs de guitares qui les soulignent, comme dans les ponts de Passing Through ou dans le second couplet de Disconnect, augmentant encore l'impact que Evergrey peut avoir sur le baromètre de nos émotions.

Non seulement les guitares sont au service du chant, mais les instrumentations ont aussi une efficacité indéniable en tant que telles. Sur ce plan, se démarquent indéniablement la rapide et énergique My Allied Ocean, presque bourrine compte tenu des standards du groupe ; ainsi que le single ultra-catchy Passing Through. Tout en restant aussi efficace, Evergrey propose aussi des titres plus mid-tempos, plus lourds, qui ont une touche plus Goth Metal, une dimension familière au groupe, ici tout à fait maîtrisée dans Distance ou dans The Storm Within. Plusieurs refrains sont si bien construits qu'on se surprendra à les garder longtemps en mémoire, à l'image de ceux de Passing Through, de My Allied Ocean, ou de In Orbit. Il est d'ailleurs à noter que ce titre bénéficie d'une invitée de luxe en la personne de Floor Jansen (Nightwish, ReVamp, ex After Forever). Si son couplet ne se démarque pas franchement, les derniers refrains sont d'une rare intensité grâce aux chœurs et aux contre-chants à la fois très hauts et très puissant de la Néerlandaise.

Le seul point noir de The Storm Within pourrait être la présence non pas de une, mais de deux ballades. The Impossible est certes toute calme, mais son côté ténébreux et inquiétant en font un titre réellement intéressant. The Paradox Of The Flame, en plus de rompre une seconde fois le rythme des brûlots du reste de l'album, tire sur le mièvre et le déjà-vu, malgré l'excellente intervention de Carina Englund.
Néanmoins, le nouveau cru des Suédois reste une pépite comme rare on en fait en Metal mélodique au sens large. Ce léger défaut est compensé par tous les bons points gagnés par ce qui est déjà évoqué et qui fait la "recette Evergrey"... Plus quelques petits détails, de légères innovations bienvenues, juste assez pour que le groupe ne tourne pas en rond. Un chœur d'enfants par-ci (Distance), des claviers électro par-là (Passing Through)... Et le tour est joué. Sans prévenir, Evergrey accouche d'une pièce maîtresse de leur discographie, mais aussi de l'année 2016 en terme de musiques progressives et mélodiques.

A écouter : My Allied Ocean, Passing Through, In Orbit