Evangelista

Post Rock / Post Punk / Blues

États-Unis

In Animal Tongue

2011
Type : Album (LP)
Produit par : Carla Bozulich
Tracklist
1. Artificial Lamb 
2. In Animal Tongue 
3. Black Jesus 
4. Bells Ring Fire 
5. Hands of Leather 
6. Tunnel to the Stars 
7. Die Alone 
8. Enter the Prince 
9. Hatching 

Chronique

par Chorizo

On sait le monde de Carla Bozulich cassé. Entourée de jouets desossés et de poupées abandonnées, la Canadienne a pleuré toutes les larmes de son corps. Prince of Truth était un disque malade, forgé des barrières que Bozulich dressait, épuisée, contre l'extérieur. En ce sens, il pourfendait la cohérence, tête basse et yeux fermés.

In Animal Tongue est un disque las, une introversion après l'explosion. La bête, domptée, a renoncé au combat, n'est plus taillée pour lutter. Elle se recroqueville sur elle-même, dans l'attente.Ce qui frappe ici c'est la suprenante économie de moyens, les mélodies minimalistes le disputant aux voix alanguies, de celles qui ont déposé les armes. La dernière fois que l'on avait entendu Bozulich seule face à ses instruments, c'était sur "Hello, Voyager!" (Hello, Voyager!, 2008) pour un titre de clôture, respirant la liberté, expérimental et somptueux.
Désormais, ce sont les cordes qui la possèdent; basse menaçante sur "Artificial Lamb" ou violoncelle obsédant sur "Enter The Prince". L'atmosphère est pesante, constamment sur le point de craquer. La voix de Carla Bozulich, qui a joué pour beaucoup dans le côté "brut" des précédents albums est comme éteinte. Les meurtrissures des couteaux ont remplacé le feu de l'envie. Où est cette rage de vivre? Ce n'est pas l'Enfer mais ça y ressemble. 

On sent bien qu'In Animal Tongue n'est pas un disque définitif. C'est le témoignage de quelqu'un qui se cherche, et plonge dans ses origines pour retrouver un sens. De fait, il est imparfait, maladroit, sombrant à quelques moments, hagard. Le morceau-titre retrace l'Origine du monde, quand Dieu n'existait pas, quand la Terre était le Paradis des animaux sauvages. On entend Carla Bozulich tour à tour nostalgique puis fascinée. Cela fait partie des rares éclats qu'elle aura à offrir. En écho, une Lydia Lunch hébétée.
Dieu, d'ailleurs, puisqu'on en parle. In Animal Tongue est empreint de références religieuses que l'on connaissait pas alors chez Evangelista. Le besoin, à l'état naturel, de faire appel à un Etre supérieur ? Si cet Etre existe, il est forcément maléfique ou corrompu. Au "Black Jesus" répondent ces cloches enflammées qui sonnent l'Apocalypse mais ne résonnent que dans la tête d'une Artiste possédée à s'en casser la voix ("Bells Ringing Fire").
Si ce n'est Dieu, alors ce seront d'autres esprits, la religion officielle faisant place à la mystique du chamanisme, seul recours contre l'abandon. Cela donne une éclosion, "Hatching", une renaissance bienvenue au milieu des ténèbres. Le voyage peut se terminer.

Disque fragile, hanté mais paradoxalement éteint, In Animal Tongue puise trop rarement dans le talent de Carla Bozulich pour s'exprimer à plein. Il y manque l'étincelle créative qui ferait de cet album un véritable purgatoire. A défaut, on le verra comme une expiation libératrice à titre personnel. Ou ainsi faut-il espérer. Dessus, on priera pour qu'elle retrouve ce Paradis perdu dans ce qu'il lui reste d'errance sur Terre.

12

In Animal Tongue - EVANGELISTA by Constellation Records

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