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Biographie

Etrange

Etrange est un duo de Metal Progressif mélodique aux ambiances futuristes, créé en 2017 par Velhon (claviers) et Deadale (guitare, basse). Les deux Français sortent un premier album concept en autoproduction, mi-2019. Le duo revient avec l'album Enigme en 2022.

Chroniques

Enigme Etrange
16.5 / 20
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Enigme ( 2022 )

N'y allons pas par quatre chemin, le premier album d'Etrange était déjà vraiment bien, et celui-ci est encore mieux. C'est simple : tout ce qui fonctionnait déjà dans l'éponyme continue de faire mouche, et la quasi-totalité des points faibles ont été grandement améliorés. Au niveau des maladresses, la seule qui saute aux yeux est l'ambition de proposer une histoire aboutie, un scenario d'album-concept, mais sans s'épauler sur des paroles détaillant ledit concept. Ce point avait déjà été évoqué lors de la revue de leur première sortie, et puisque le parti-pris instrumental reste d'actualité, alors la remarque reste d'actualité. Mais ce sera la seule faiblesse qu'on relèvera dans cette chronique.

La musique du duo, déjà a un stade de maturité respectable sur leur opus précédent, atteint ici un degré d'accomplissement total. C'est bien simple, Enigme est largement au niveau de ses influences, Liquid Tension Experiment en tête de liste. Les morceaux sont tentaculaires (7:25 pour le plus court !), proposant sans cesse un nouveau riff, une cassure rythmique par-ci, un changement de gamme par-là, une réponse à un précédent pattern ; tout en restant très logique. Car en effet, au fil des écoutes, on se rend compte des articulations cohérentes entre tout ces éléments, car comme dans tout bon concept-album, certains phrasés se font écho pour structurer l'écoute. Parfois il s'agira d'un riff qui étayera un titre en revenant deux ou trois fois au milieu des mille progressions de la piste, mais d'autres fois on retrouvera un motif entendu sur une autre plage (la toute fin de Entity dont la mélodie reviendra dans Nexus, Möbius, ou à la fin de Gemini).

Après deux titres qui mettront tout le monde d'accord sur l'indiscutable nature "metal" d'Etrange, les influences s'enchainent et ne se ressemblent pas. Toujours sur un fond plus ou moins heavy, le duo se sert dans les assiettes des voisins : rock prog (Irradiance, Gemini, Eclipse), ambiances électro-rétro synthwavèsques (Möbius, Eclipse), big band jazzy (Irradiance), mélodies arabisantes (Gemini), et même kitsch assumé (Eclipse)... Et pourtant, l'ensemble reste un exemple de logique et de cohésion, tout s'articule de la façon la plus fluide possible. Et Enigme pousse même la pertinence sur sa longueur totale, n'ayant "que" 48 minutes au compteur. Si on comprend que le groupe était obligé de ne garder que 6 pistes pour continuer le clin d'œil initié sur Etrange (les initiales de chaque titres forment le nom de l'album), on peut aussi se dire que ce format évitant l'excès permet d'échapper à la lassitude et aux potentiels écueils propres au genre pratiqué ici.

Les Français frappent un immense coup avec ce second effort, réussissant à produire un album dont chaque écoute attentive permet d'isoler un détail de plus et de mieux savourer son indéniable technique, mais qui, d'un autre côté, ne nécessite pas une concentration totale pour se laisser apprécier. A vous de voir si vous préférez analyser et décortiquer l'Enigme, ou vous laisser séduire et bercer par elle. Les deux fonctionnent. Et ça, c'est fort.

A écouter : Oui.
14.5 / 20
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Etrange ( 2019 )

Dès la première écoute d'Etrange, les liens avec Cybion de Kalisia se font clairs : deux albums accouchés par des groupes français, reprenant un même univers conceptuel, mais surtout aux styles musicaux proches. Comme les Montpellierains, Etrange officie dans un Prog au sens large, souvent rapide et mélodique, mais avec des occasionnelles incursions vers des terres plus expérimentales. Le disque étant complètement instrumental, le duo se permet de très régulières embardées de structure, des leads et des solos en surnombre, des ponts et des transitions de partout, proposant au final une musique protéiforme ayant peu de repères conventionnels : pas vraiment de "couplet / refrain / couplet / refrain" ici.

Et malheureusement, cette comparaison n'est pas vraiment pour servir Etrange. En même temps, difficile de rivaliser avec une oeuvre aussi colossale que Cybion, que Kalisia a mis plus de 10 ans à façonner. Le duo gagnerait par exemple a recruter (au moins) un batteur pour faire gagner en dynamisme les parties rythmiques, dont l'énergie est assez en-deçà des guitares et des claviers, autant dans l'écriture que dans le mixage. La basse aussi se retrouve sonorisée curieusement, en retrait la plupart du temps, mais vraiment poussée très en avant dans le mix lors de quelques passages-clé, comme l'intro de Reloader. On découvre un instrument sec, claquant, avec une attaque agressive, alors qu'un son plus rond serait peut-être mieux approprié.
De plus, si on ne peut pas lutter contre le parti-pris de proposer un album sans chant, choisir de raconter une histoire malgré ça est peut-être un peu amphigourique. Beaucoup d'éléments de la narration sont donc purement subjectifs, basés sur les titres des pistes et les impressions de chacun. Au final, peut-être que le scénario évoqué pour teaser l'opus est trop ambitieux pour être déchiffré sans paroles.

Pour autant, écouter Etrange n'est pas pénible, loin s'en faut. Malgré ces quelques faiblesses, l'éponyme des deux Français regorge d'idées bien trouvées, de moments efficaces et de passages intelligents. La lassitude ne prend jamais le dessus pendant ces trois quarts d'heure, grâce une utilisation habile des synthétiseurs qui exploitent un très large panel de sons différents ; mais aussi grâce un rythme pertinent tout au long des sept pistes, avec ses climax et ses temps de répit. On notera particulièrement le milieu de Nebula avec son accalmie menée par un orge Hammond que ne renierait pas Opeth, ou les claviers sautillants de l'intro presque joyeuse d'Exoplanet, ou encore le côté Lounge / Jazzy de la première moitié de Reloader.
Les guitares ne sont pas en reste, et sont même "the" instrument qui se démarque dans ce premier opus. Bien mises en valeur dans le mix, les grattes s'approprient autant de mélodies que le clavier, mais font aussi main basse sur toute la lourdeur rythmique nécessaire à Etrange. Evidemment, le genre veut que les solos soient techniques et nombreux, et ils sont globalement très réussis. Mais le jeu de guitare sur cet effort ne se résume pas au lead, il est aussi rempli de riffs chiadés, de rythmes déchaînes ou syncopés, d'ambiances posées, rendant l'instrument aussi multiple que le clavier.

Etrange est un premier album, il faut le rappeler. Son contenu solide et encourageant font de lui une excellente découverte, qui a certes des failles, mais dont aucune n'est insurmontable. Le groupe se laisse à la fois une marge de progression tout en proposant un disque cohérent et frais, relativement démarqué des productions "Prog instrumental avec des galaxies sur la pochette" des one-man-band CloudkickerStarSystemsPlini, Widek, et autres Paul Wardingham. Une recette à améliorer mais déjà très intéressante, qu'on surveillera pour la suite.

A écouter : Exoplanet, l’enchaînement Exile / Titan
Etrange

Style : Space / Metal Progressif
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Origine : France
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