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Biographie

Ethereal Shroud

Ethereal Shroud est l'œuvre d'un seul homme, Joe Hawker, qui sort une première démo, Absolution | Emptiness, en 2013 entre Black Metal dépressif et Funeral Doom Metal. Dans la foulée il sort son premier album, They Became The Falling Ash, d'avantage orienté Black Metal Atmosphérique, avec l'aide de Northern Silence Productions et Grimoire Cassette Cvlture. Joe Hawker s'isole pendant de longs moments sur L'île de Wight et revient avec un ultime album, Trisagion, un aboutissement dans sa manière d'œuvrer pour un Black Metal Atmosphérique personnel et émotionnel.

Chronique

17.5 / 20
4 commentaires (17.5/20).
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Trisagion ( 2021 )

Trisagion apparait de manière fugace en cette fin d’année 2021, à deux doigts de passer inaperçu au moment de remplir nos tops de fin d’année. Fugace également car la carrière d’Ethereal Shroud fût courte, marquée parce ce qui est déjà le second et dernier album de son unique auteur, Joe Hawker. Et pourtant, quel dernier tour de piste, tant Trisagion se révèle d’une beauté et d’une sensibilité rare dans le paysage Black Metal.

En préambule, sachez que Joe Hawker, a commencé à composer cet album il y a six ans, depuis la sortie de They Became The Falling Ash en 2015 et une grande période d’isolement sur l’île de Wright. L’album a été enregistré entre l’été 2020 et l’été 2021, pendant la pandémie, mais, même si le musicien a composé tout seul, il s’est fait aider pour l’enregistrement par Richard Spencer (Ba'alBleating Apocalypse) à la basse et au violon et de John Kerr (NoltemPyrithe…) à la batterie qui ont bien évidemment enregistré leurs parties chez eux. Spenser Morris (bassiste chez Vukari) s'est occupé du mixage et du mastering qu’on imagine non sans mal vu que personne n’a enregistré dans la même pièce. Au-delà de la petite prouesse technique réalisée, Trisagion sonne d’une clarté et d’une netteté étincelante notamment dans cet équilibre ajusté entre guitare / voix et section rythmique. Le production par rapport à They Became The Falling Ash n’est clairement pas le même, ça se ressent et c’est fortement appréciable.

Ethereal Shroud évoque dans sa manière de sonner et de composer des titres à rallonge la scène Cascadian Black Metal avec une musique mélodique et atmosphérique, à la manière de Wolves In The Throne Room ou de Panopticon. On imagine sans mal de belles promenades dans les forêts enneigées et la contemplation en haut d’un sommet, d’un lac glacé après une rude marche le long de sentiers escarpés. Le sentiment d’isolement, de solitude est aussi présent dans sa musique, d’où la filiation avec des groupes comme Woods Of Desolation, Gris et Coldworld surtout dans les aspects plus tragiques, mais toujours emprunts d’une certaine mélancolie et d’une certaine grâce. Trisagion pourraient même se montrer fortement austère du haut de ses plus de soixante minutes divisées en trois mouvements, mais l’œuvre se montre rapidement lisible et presque accueillante serait-on tenté de dire.

A travers ces trois pistes, Ethereal Shroud nous tient par la main et nous dévoile ses contrées froides mais étonnamment hospitalières, magique même. Un premier mouvement, Chasmal Fires est développé sur presque trente minutes, aux ambiances féériques que ne renierait pas Alcest. La mélodie d’ouverture en quelques notes subtiles est envoutante et le riffing agressif qui se met en branle est puissant, vivifiant, laissant tantôt respirer la batterie et déployer des mélodies fantastiques. Le break en son milieu montre une alchimie entre les mélodies au violon et la voix habitée de Shannon Greaves, avant de repartir de plus belle vers un cataclysme maitrisé, quelque part sur le fils entre violence, raide de blasts et accalmies dessinées par la noblesse et la grandiosité des guitares. Il s’en dégage de Trisagion, l’impression d’être pris dans une tempête de glace, comme chez Windir, l’aspect magique également, mais en sachant encore où se repérer et trouver son chemin. 

Discarnate œuvre lui aussi avec habilité et finesse entre mélodies homériques et riffing aussi dur que de la pierre, sans cesse mémorables. Treize minutes de tornade avec peu de répits et ces moments notables de contemplations, mais avec le sentiment de lutter contre les éléments autant qu’on puisse en être ébahis. Ethereal Shroud, plus que de créer des morceaux, évoque un périple : les paysages seront les tiens, les images qu’il te suggère seront les tiennes. Astral Mariner, quant à lui, se permet des choses plus lentes, traversant des territoires Funeral Doom Metal. Il n’en demeure pas moins un titre sidérant de plus de vingt minutes, d’une lourdeur viscérale et de mélodies poignantes comme savent le faire les allemands d’Ahab. Il conjugue des rafales frigorifiantes d’un Black Metal hargneux ou plus nuancé à la Agalloch, pour dans un final majestueux, côtoyer claviers enchantés, violon arrache cœur et lourdeur souveraine.

Beaucoup de mots pour dire que Trisagion d’Ethereal Shroud est un chef d’œuvre et probablement le plus bel album de Black Metal qui soit sorti cette année (avec pas loin celui de Stormkeep). Il est vrai que l’album est superbement travaillé et on sent que Joe Hawker (et les musiciens dont il s’est entouré) livrent là un travail colossal de trois titres extrêmement bien composés, variés, référencés… comme savent le faire des milliers de groupes. Mais Trisagion est une œuvre à part, doté de ce supplément d’âme, avec ces mélodies bouleversantes, cette manière d’amener violences et accalmies, de nous guider à travers la rudesse de ces contrées enneigées. Un disque beau, rare, qui donne envie de pleurer.

Ethereal Shroud

Style : Black Metal Atmosphérique
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Origine : USA
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