Très puissant, très violent et dense.
Très bon.
De ce genre de groupes qui n'ont pas la renommée qu'ils méritent. Tu sais bien, on en parle régulièrement dans nos pages et tu dois en connaître au moins autant que nous. L'éternelle injustice du monde de la musique. On pourra jamais parler de tout, encore moins tout écouter, quand bien même, comme disait Craipo il y a trois ans dans la chronique d'Hydra Lernaïa, faire l'impasse sur Eryn Non Dae serait une erreur.
Trois ans ou presque qu'on était sans nouvelles des toulousains. Et pourtant, Hydra Lernaïa a bénéficié d'une bonne promotion un peu partout et d'excellents retours. Quelques trop discrètes dates de concerts ici et là, puis ce n'est finalement qu'en 2012 qu'on apprend qu'un nouvel album est en préparation. C'est normal après tout, c'est pas le genre de la maison d'accoucher d'un disque chaque année comme on compose un album de Metalcore générique. Meliora, ce sera son nom et il faut avouer qu'Eryn Non Dae renouvelle le tour de force accompli avec Hydra Lernaïa.
On prend la même et on recommence? Non. Ce serait mal connaître les toulousains car ils sont du genre à avoir envie d'évoluer, de faire avancer les choses. On n'a pas patienté trois ans pour qu'ils nous refassent le même album. Rassurez-vous, la base est la même. Le ciment et les pierres ont la même forme, mais la construction, elle, est différente. C'est toujours aussi massif, lourd et chaotique avec ces subterfuges et cette voie tracée que seul le groupe semble connaître. Et l'on aime ça, se perdre dans la complexité et les détours de leur labyrinthe. Ne pas en discerner les frontières, ne pas connaître à l'avance ce que nous réserve leur musique. Évidemment, les influences allant de Neurosis à Meshuggah sont toujours là, comme des spectres peu visible, mais dont on devine toujours leur présence. Difficile de faire sans, mais honnêtement Eryn Non Dae paraît bien loin des groupes dont il s'inspire tant leur approche est personnelle.
Il y a également une autre présence qui hante ce disque, sans qu'on puisse la nommer. Eryn Non Dae a en effet dilué son propos, et même si le rendu est toujours aussi noir et torturé, certain passages notent une affection pour des atmosphères éthérées, des accalmies, avant que des assauts furieux ne prennent le dessus. Meliora c'est ce qui résulte d'une coulée de lave. Comme une roche volcanique poreuse. Solide et abrasive d'un côté, étonnamment aérée et légère de l'autre. Plus que jamais, Eryn Non Dae pratique la politique de la terre brûlée, les riffs alambiqués et saccadés sont légion, les coups déferlent marqués par un chant colérique et des breaks incessants, relevés par des nappes au clavier nauséeuses. La tension est palpable, de plus en plus étouffante au fur et à mesure de la plongée dans Meliora et c'est broyé, harassé, que l'on fini l'écoute de l'album.
Meliora s'écoute d'une seul traite, comme une œuvre indissociable, d'une symbiose rare. C'est une nouvelle réussite, dense comme toujours, qui demande du temps pour l'apprivoiser, d'une froideur et d'une complexité qui pourra en rebuter certains. Une fois passé ces détails, c'est là que l'on conçoit toute l'ampleur et la profondeur de ce Meliora.
Très bon album, intense, violent, chaotique. Une valeur sûre de la scène française. Mentions spéciales à The Great Downfall, Black obsidian Pyre et Hidden Lotus !