Errata
Screamo/Post

L'Autre Hemisphere
Chronique
Qu'en est-il d'Errata après plus de 10 ans d'existence et un premier EP il y a 5 hivers ? Un Autre Hemisphere, faisant de multiples références à la mythologie ou à l'histoire (Narcisse, les Silènes, les Evergètes, Argus …), multi-prismes dont chaque face n'est qu'une déformation d'une autre, s'essayant comme précédemment à alterner Screamo et Post sur 8 compos.
Emmurant ses cris dans un caisson de sur-sensibilité, Errata, par le biais du chant toujours au bord de la rupture ("L'Eperdu des Astres" ou "Narcisse est mort"), s'évertue à accentuer les détails de Modus Operandi. Toujours dans cette veine dont Le Pré ou Je suis Mort avait tracé quelques pas à la suite de Gantz, Aussitot Mort ou Amanda Woodward, le quintet gonfle le torse fièrement ("L'Arene Prend le Roi") sur des titres d'environ 7 minutes. Les montées en puissance se font envoutantes, toutefois moins à fleur de peau que sur le dernier Sed Non Satiata, et l'évolution progressive des titres se ressent au travers de longues entrées en matière ("Dernière Escale avant Naufrage") ou se mêlent cordes, peaux et clavier. De la même manière que sur le EP précédent, il n'y a rien à redire : il suffit d'écouter et de se laisser porter par une mélopée dont la recette, même si elle est connue depuis longtemps, est maitrisée et personnalisée.
Au-delà de l'aspect musical, l'une des particularités et richesses d'Errata est d'utiliser, en dehors du langage courant, un registre mythologique pour parsemer ses textes de références au monde Grec. Peut-on voir dans "Dernière escale avant Naufrage" le parcours des compagnons d'Ulysse, attendant derrière le héros que les exploits contés par Homère les fassent disparaitre durant leur Odyssée ? "Narcisse est mort" ne reprend-il pas le mythe de Narcisse par Ovide pour en faire une relecture contemporaine ?
La volupté d'Errata ne se trouve pas dans un appel aux armes, dans un sentiment de malaise mais dans cet enchainement de mots ou les jeux se succèdent ("Et tour à tour, les cavaliers veulent être roi / Pour épouser la reine. / Et comme toujours, ces fous à lier ne se doutent pas / Qu'ils seront les pions de l'arène.") et se glissent entre le reste des instruments.
Difficile pour Errata de se tailler une place alors que Sed Non Satiata prend la part du lion avec Mappo. Toutefois, le combo sait jouer de justesse sur ses mélodies pour l'Autre Hemisphere et conforte l'idée que Modus Operandi n'était que les prémisces d'un Post / Screamo capable du meilleur.