On trouve de ces trucs chez Tragic Hero Records que ça en devient véritablement inquiétant. Rien qu'à voir les pochettes et les noms (Confide, Alesana, A Skylite Drive, Akissforjersey - sérieusement?), on a déjà envie de vomir avec ce qui est, très honnêtement, le niveau zéro du Metalcore / Emocore.
Heureusement, Erra, qui reviennent avec leur second album, Augment, relèvent un peu la barre d'un navire à la dérive, à condition bien sûr de supporter ce qui se fait en Metalcore de nos jours. C'est vrai qu'en dehors des grosses pointures encore vivaces (Killswitch Engage, As I Lay Dying, Parkway Drive), c'est pas non plus la grande forme actuellement, la mode s'étant étendue sur le Deathcore et ses dérivés fluos. Du coup, pour trouver un nouveau groupe de Metalcore qui vaille un temps soit peu la peine, il faut fouiller. Erra se positionne dans la case Metalcore technique / progressif largement popularisé par les non moins très bons August Burns Red. On sent clairement leur influence tout comme leurs compatriotes de I The Breather, mais histoire d'aller un peu plus loin que le simple plagiat, et donc de les rendre plus intéressants, Erra joue la carte des plans saccadés et des atmosphères planantes. Le genre de groupe qui ne dépareillerait pas dans le catalogue de Sumerian Records par exemple car des titres comme Pulse ou Hybrid Earth font parfois drôlement penser à du Born Of Osiris.
De plus, Augment est nettement tiré vers le haut par ses bonnes compositions. C'est une évidence, Erra est ambitieux et en fout un peu trop partout avec ses guitaristes virtuoses qui nous en mettent plein la vue avec des plans mélodiques extensifs, des soli, shreds, des harmonies et quelques éléments chaotiques et dissonants. Groove qui déboîte et breaks rythmiques sortis de nulle part sont également de la partie (Alpha Seed, Ultraviolet). La force d'Erra est aussi d'imprimer ici ou là des motifs mélodiques qui vous resteront en tête avec ses refrains (Dreamwalkers) ou ses guitares (la doublette Prometheus / Crimson). On regrettera tout de même une légère tendance à en faire trop (les meilleurs morceaux sont ceux qui sont les mieux structurés, tombent le moins dans la démonstration et favorisent d'avantage les ambiances : la fin de Pulse épatante, le chaotique et méchant Hybrid Earth, l'organique Rebirth) et à favoriser malheureusement un peu trop souvent dans les refrains à chant clair légèrement irritant (Frostbite).
En dehors de ces quelques réserves, Erra est un groupe de Metalcore tout à fait prometteur à qui l'on réserve un bel avenir et pourrait très certainement se positionner au même niveaux que ses influences revendiquées. Si des groupes comme August Burns Red, Born Of Osiris ou Northlane vous parlent, il n'y a pas d'hésitation à avoir pour tenter l'écoute.
A écouter : Rebirth, Pulse, Hybrid Earth