Il aura fallu plus de trois ans à Equilibrium pour donner naissance à « Sagas », trois années où le groupe aura pas mal exporté son patronyme, cause d’un premier effort de qualité qui se sera rapidement classé en tête des références pour les accros de musique de hobbit metalisée. Une étoile scintillante qui, lors de l’explosion du fantasy metal en Europe, n’échappera pas à l’œil de Nuclear Blast...
La musique d’Equilibrium se base sur l’association simpliste d’un black metal hyperactif à des éléments pagan/folk synthétiques ultras épiques. Le genre de formation à qui on pourrait reprocher une utilisation parfois kitchouille des claviers, sauf qu’Equilibrium, et ce dès son premier jet, a su se démarquer en les exploitant de façon plus ambitieuse, plus grandiloquentes, offrant au tout une teinte symphonique et des allures de BO d’héroïque/fantaisie. Une facette too much difficile à ingérer pour certains et qui sera d'autant plus accrue ici avec le surmixage de véritable flûte de pan et violon, en guest, ici et là.
Toujours épique, parfois rageur, souvent festif voir carrément fun (hommage à ZZ Top avec un break reprenant le riff de « La Grange » sur « Snüffel »…), c’est une palette d’émotions pures et sauvages qui s’excite en vous tout au long des quatre-vingt minutes du voyage. Effectivement, c’est la même recette qui nous était servi sur « Turys Fratyr », mais hors de question de cracher sur cette salve de nouvelles mélodies hyper accrocheuses. Couronnée par des transitions de plans relevant du génie, la moindre note parasitera votre cerveau au point de vous rendre addicte.
Peut-être moins speedée qu’auparavant, la batterie maintient tout de même le galop, talonnée par un chant en allemand, excellant dans un registre black metal vif et hargneux, condimenté de quelques égarements gutturaux. Petit regret, tout de même, de ne pas retrouver au moins une ligne de chant féminin, comme sur l’album précédent, ainsi que d’autres variétés de voix qui rajouteraient, à coup sûr, quelques couleurs supplémentaires à Equilibrium. Avec cette prod léchée laissant une grande part d’expression aux claviers, les guitares s’avisent tout de même quelques percées mélodiques des plus lumineuses.
« Sagas » est un titre parfaitement justifié tant les décors qu’imposent la musique du combo laisse rêveur à une aventure aux quatre coins d’un monde imaginaire. Un sentiment qui se ressent fortement sur l’exotique « Unbesiegt », soumettant un petit détour par une île paradisiaque où la faune et la flore sauvage battent leur plein. Vous l'aurez compris, faut-il encore avoir en vous un sens de l'imagination assez épanoui (voir enfantin) et apprécier l’univers fantastique pour profiter pleinement de l’expédition.
L’épopée s’achève par « Mana », une instrumentale de seize minutes, un final grandiose qui donne le coup de grâce à ceux qui auraient encore des doutes sur le talent de composition du groupe. Comme-ci Equilibrium avait réuni ses meilleures idées dans ce concentré d’efficacité, on ne compte pas le nombre de breaks, d’annonces intenses et de solis, dont la surenchère gratuite, vous collent le sourire jusque là ! Synthés célestes, flûtes traditionnelles enivrantes, chœurs séraphiques, le tout, sous fond de batterie et de cordes qui cavalcadent dans tout les sens. Vous ne verrez pas défiler le paysage !
Ceux qui avaient sourcillé sur « Turis Fratyr » vont sûrement se retrouver à genoux face à cette pièce maîtresse du « sympholk » metal. Le groupe balance un bon gros pavé dans la marre d’un genre qui, certes, se repose beaucoup sur des orchestrations studio, mais dont l’efficacité irrésistible et la maîtrise ici, les disgracient de beaucoup de critiques qu’on pourrait infliger à certains groupes d’un acabit proche (qui a dit Korpiklaani ?). Equilibrium vous ouvre les portes de son royaume idyllique, il serait dommage de ne pas en profiter !
A écouter : pour foutre la p�che!