putain de bordel! c'est physique, c'est technique, c'est déjanté, c'est du jamais entendu... c'est incroyable!
Ephel Duath
Jazzcore

Pain Necessary To Know
- New Disorder
- Vector, Third Movement
- Pleonasm
- Few Stars, No Refrain And A Cigarette
- Crystalline Whirl
- I Killed Rebecca
- Vector
- Vector, Second Movement
- Imploding
Chronique
Si parmi toutes les entités un peu à part de la scène hardcore il fallait n’en retenir qu’une, ce serait Ephel Duath. Véritables alchimistes de la musique, ils ont pensé l’impensable, tenté ce qui ne devait pas l’être : mélanger le jazz et le hardcore à tel point qu’on ne puisse véritablement dire si le groupe penche plus d’un côté que de l’autre. On avait laissé les italiens en 2003 avec The Painter’s Palette, véritable joyau qui avait posé les bases de ce crossover, les revoici donc deux ans plus tard, avec un nouvel album, dans la même veine (le changement entre Phormula/Rephormula et The Painter’s Palette aurait pu nous laisser penser à un nouveau revirement de situation, mais le line-up est resté relativement stable). Faut-il donc s’attendre à une redite ou bien user de la confiance que l’on a aveuglement octroyé au combo pour juger de la qualité de ce Pain Necessary To Know?
En apparence, dès les premières écoutes, il faut avouer que la sensation de déjà vu prend le pas sur le reste. Tout paraît dense, comme cela a pu l’être lors des premiers contacts avec The Painter’s Palette, l’effet de surprise en moins. Une sorte de micmac violent par le nombre de rebondissements qu’il contient, un pavé de Jazzcore dont rien ne ressort vraiment du lot, en quelque sorte une performance globale admirable mais d’où l’on ressort abasourdi et dérouté, totalement incapable d’émettre un quelconque avis. Toujours ces plans alternant ou mélangeant un jazz des plus légers à des plans de hardcore hallucinés, grâce à des arpèges grassouillets, des riffs ternaires, une batterie qui a bien compris que l’intensité des chacun des deux styles se recoupait parfaitement, toujours cette basse clinquante, toujours cette voix très noise, presque reléguée au rang d’instrument, toujours ces composantes électroniques qui complètent les ambiances, les ingrédients sont toujours là. Alors, la facilité serait justement de crier à la redite*, à l’exploitation mercantile - ou pas - d’un filon qui a pourtant encore de beaux jours devant lui (à ma connaissance, Ephel Duath reste le seul groupe à tenter un si difficile mélange, du moins en gardant l’essence de chacun des styles mélangés), et ce serait bien trop facile évidemment. Car justement la subtilité est là : après de nombreuses écoutes, The Painter’s Palette s’avérait certes intense, mais tout de même assez aéré, et se laissait plutôt bien dompter. Pour Pain Necessary To Know, le constat n’est pas le même : alors oui certainement, après beaucoup d’écoutes, on arrive à ingérer les titres, retenir les différents rebondissements, et ne plus se laisser surprendre, mais diable, qu’il est dense ce disque !
Au niveau sonore en premier lieu, les guitares offrent une impression beaucoup plus noire. La production les rend bien plus agressives qu’elles ne l’étaient, plus rauques et volumineuses et l’on perd totalement les sonorités bluesy que l’on pouvait retrouver sur le précédent opus. De plus, les riffs joués sont bien plus malsains, avec une utilisation très fréquente du demi-ton, des dissonances (oui j’aime ce mot), voire de psychédélisme et avec des intensités et des a-coups en plus très déroutants, et même le son clair laisse traîner de désagréables vibrations, des echos parasites. Autre point qui alourdi vraiment Pain Necessary To Know par rapport à son prédécesseur, c’est le quasi abandon de l’utilisation de l’électronique à des fins rythmiques. Entendez par là que vous n’aurez plus droit à d’aériennes rythmiques très Jungle (souvenez-vous, The Jungle, le bien nommé), sauf sur I Killed Rebecca et très éparsement sur d’autres titres, et que les instruments synthétiques sont ici uniquement utilisés pour poser des ambiances sournoises, apporter ça et là à la musique une touche ténébreuse, avec l’utilisation de sonorités complémentaires, assez malsaines (des claviers sifflants, vibrants, adverses,…). Enfin dernier élément ayant évolué, et non des moindres : le chant clair n’est plus de la partie, et pour cause, Tolomei ayant quitté le groupe personne ne le remplace. Seule la voix déchirée de George subsiste, renforcée à coups d’effets encore plus radicaux que sur The Painter’s Palette, et l’effet de violence est saisissant : pas une seconde de répit, rien qui ne daigne calmer le bougre, donner de l’air à son malheur. L’ensemble en devient presque terrifiant et c’est tout de même avec allégresse que l’on apprécie l’évolution vers la fin du disque, qui gagne tout de même une relative légèreté vers les derniers titres, pas sans soulager quelque peu, malgré l’incroyable qualité de la musique d’Ephel Duath, et c’est comme elle était venue que la musique du groupe stoppe : nettement, sans bavures, sans fioritures, comme si elle allait revenir pour d’autres péripéties sous peu, et c’est ce que l’on souhaite.
Sans tomber dans une comparaison point par point de Pain Necessary To Know et de son prédécesseur, il était tout de même important et intéressant de signaler que même si le style de musique utilisé reste le même, l’évolution est nettement là. Les italiens ont choisi la noirceur, peut-être inconsciemment, et cet album se digère beaucoup moins facilement. Peut-être comme une suite, peut-être comme une variation à The Painter’s Palette, il officie toujours dans un jazzcore d’une incroyable maîtrise et bluffant de bout en bout, intéressant et palpitant, et découvrir cette évolution est plus qu’un plaisir, croyez-moi, pour ceux qui ont apprécié les premiers méfaits du combo. Ephel Duath prouve donc une nouvelle fois que sa maturité musicale est à en faire pâlir plus d’un, tant la qualité, la subtilité et l’avantgardisme sont en rendez-vous, un groupe à découvrir à tout prix, si ce n’est déjà fait.
*il y a deux types de gens mécontents à la sortie dun disque : ceux qui râlent parce que le groupe refait la même chose, et ceux qui râlent parce que le groupe a changé. A ne pas prendre au premier degré.
Les critiques des lecteurs
putain de bordel! c'est physique, c'est technique, c'est déjanté, c'est du jamais entendu... c'est incroyable!
Bon, avec un quote dans la chro, je suis obligé de commenter ^^
Après la claque qu'avaient été les découvertes simultanées de RePhormula et The Painter's Palette, j'attendais Pain Necessary To Know avec une grande impatience.. et je n'ai pas du tout été déçu. L'album reprend là où le précédent s'était arrêté, tout en complexifiant la démarche, pour aboutir effectivement à un résultat plus exigeant de la part de l'auditeur (il faut un nombre d'écoutes assez conséquent pour l'apprivoiser), mais toujours aussi unique et passionant.. Notons tout de même qu'un novice ferait peut-être mieux de commencer par The Painter's Palette.
Très déçu par ce disque, j'en attendais peut-être trop, mais il me semble bien en dessous de "painter's palette". Les morceaux paraissent trop décousus, moins variés que sur le précédent opus, bref j'accroche pas ... :(
Pareil que radstuf... Une créativité sans bornes... Je me doutais que le hardcore avait ses adeptes aussi en Italie, mais de là à ce que l'album hardcore/expérimental le plus marquant de la décennie nous vienne de chez eux... Epoustouflant. :O