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Biographie
Dès 1998, date de sa formation, le duo Ephel Duath a déjà l’envie de créer des contrastes, de mélanger ce qui n’a aucune raison de l’être, et c’est tout naturellement que les deux très jeunes membres du groupe se dirigent vers un métal extrême symphonique très original. Leur première démo tape de 6 titres, intitulée Opera attire déjà les regards et les critiques les rangent naïvement dans la case du black symphonique, aux côté de grands comme Emperor ou Limbonic Art. A la fin de l’année 1999, le groupe signe déjà chez Code666, label chérissant les formations les plus originales et décalées par rapport à la scène et sort début 2000 son premier album, Phormula, mélange d’un black métal très symphonique et d’une très subtile touche de jazz. Ce disque traduit réellement l’ambition et la recherche du groupe sur l’élaboration d’un son novateur et original. Pourtant, juste après cette sortie, Juliano Mogicato quitte le groupe, pour des raisons à la fois personnelles et d’entente artistique avec son compère. S’en suit une période difficile pour la formation, Davide Tiso se voyant contraint de faire perdurer le projet qui lui tient tant à cœur et de rechercher de nouveaux éléments de motivation. Dans l’été 2001, celui-ci reçoit des propositions de chez Candlelight Records et Earache Records. Un accord long terme est conclu avec le second, et c’est dans l’année suivante que ressort Phormula, agrémenté de pistes inédites et pour l’occasion rebaptisé Rephormula. Ceci permet de faire découvrir le groupe à des horizons bien moins modestes qu’il ne l’était, le temps que celui-ci puisse enfin sortir de nouvelles créations. C’est à ce moment là que se joignent à Ephel Duath ceux qui feront beaucoup pour le son et la qualité des interprétations du groupe : Davide Poviesan, batteur quadragénaire à l’expérience solide dans le milieu du jazz et du blues, Fabio Fecchio, bassiste touche à tout, et Davide Tolomei, chanteur à la voix très travaillée. Ces trois membres, tous très éloignés de la musique extrême vont apporter leur expérience à Tiso et au dernier acolyte en date ayant rejoint la formation italienne : Luciano Lorusso George, amoureux de la scène hardcore-noise. Cette opposition d’appartenances est véritablement la clé de la musique d’Ephel Duath, et le premier album sous cet original line-up, The Painter’s Palette (2003), en est la véritable preuve : un subtil mélange de jazz et de hardcore teinté d’expérimentations électroniques et industrielles ravit les critiques et grâce à la maison Earache, fait connaître la formation et nourrit bien des espoirs quand à son rôle à venir. La suite n’est qu’une évolution logique, puisque le groupe, malgré le départ de Tolomei (la voix claire), continue ses expérimentations et sort fin 2005 son troisième album : Pain Necessary To Know. En 2009, le trio revient avec Through My Dog's Eyes, un concept-album tournant autour de la vision du chien vis-à-vis de son maître et du monde qui l'entoure.
Quel chemin parcouru par les italiens, de leurs débuts black/jazz au jazzcore débridé de Pain Necessary To Know. Un groupe peut-être instable mais résolument incontournable et passionnant à bien des niveaux, qui a commencé à régulariser ses sorties à partir de 2009 et ce Through My Dog’s Eyes, concept-album écrit du point de vue d’un chien, dans sa relation avec son maître notamment. Un disque inspiré par le propre canidé de Davide Tiso (guitariste et pilier fondateur d’ED), en l’occurrence.
Un regard de chien pas forcément battu qui fait dénoter sensiblement la musique d’Ephel Duath de ses précédentes tueries. Une nette touche de blues s'exprime dès Gift, par des mouvements de slide vicieux et plutôt grisants, la voix est souvent grave (sporadiquement claire et hallucinée), relativement monocorde, parfois parlée, parfois légèrement pénible et redondante (Silent Door), peut-être pour traduire le caractère casse-burnes des chiens. Mais l’on reconnaît sans mal ce qui fait la majesté du trio, ces envolées mélodiques imprévisibles et pénétrantes, cette batterie jazz tentaculaire, et ce grain hardcore qui fait dresser les poils aux moments opportuns (Promenade, Nina, Bark Loud). Alors, attention, on est assez loin de l’agressivité d’un Pain Necessary To Know ou même d’un The Painter’s Palette. L’ambiance générale est d’ailleurs plutôt détendue, toute proportion gardée. De nombreux passages laissent une bonne tribune aux notes de guitare cristallines et bluesy, toujours teintées d’une certaine noirceur blackisante. Des éléments qui font de cet album le plus accessible d’Ephel Duath, c’est vrai, bien que j’éviterais de l’offrir à ma grand-mère.
Aussi bon soit-il et aussi concept-album soit-il - peut-être trop "pensé" - ce cinquième disque n’a pas la profondeur absolument démente des deux précédents pavés. Through My Dog’s Eyes mérite son susucre, on peut être fier de lui ("are you [really] proud of me?"), mais il ne nous poussera pas à revenir dessus outre mesure, malgré sa qualité indéniable. On préférera l’écoute des grandes sœurs ou l’attente du petit dernier.
A écouter : Gift, Promenade, Nina, Bark Loud.
Si parmi toutes les entités un peu à part de la scène hardcore il fallait n’en retenir qu’une, ce serait Ephel Duath. Véritables alchimistes de la musique, ils ont pensé l’impensable, tenté ce qui ne devait pas l’être : mélanger le jazz et le hardcore à tel point qu’on ne puisse véritablement dire si le groupe penche plus d’un côté que de l’autre. On avait laissé les italiens en 2003 avec The Painter’s Palette, véritable joyau qui avait posé les bases de ce crossover, les revoici donc deux ans plus tard, avec un nouvel album, dans la même veine (le changement entre Phormula/Rephormula et The Painter’s Palette aurait pu nous laisser penser à un nouveau revirement de situation, mais le line-up est resté relativement stable). Faut-il donc s’attendre à une redite ou bien user de la confiance que l’on a aveuglement octroyé au combo pour juger de la qualité de ce Pain Necessary To Know?
En apparence, dès les premières écoutes, il faut avouer que la sensation de déjà vu prend le pas sur le reste. Tout paraît dense, comme cela a pu l’être lors des premiers contacts avec The Painter’s Palette, l’effet de surprise en moins. Une sorte de micmac violent par le nombre de rebondissements qu’il contient, un pavé de Jazzcore dont rien ne ressort vraiment du lot, en quelque sorte une performance globale admirable mais d’où l’on ressort abasourdi et dérouté, totalement incapable d’émettre un quelconque avis. Toujours ces plans alternant ou mélangeant un jazz des plus légers à des plans de hardcore hallucinés, grâce à des arpèges grassouillets, des riffs ternaires, une batterie qui a bien compris que l’intensité des chacun des deux styles se recoupait parfaitement, toujours cette basse clinquante, toujours cette voix très noise, presque reléguée au rang d’instrument, toujours ces composantes électroniques qui complètent les ambiances, les ingrédients sont toujours là. Alors, la facilité serait justement de crier à la redite*, à l’exploitation mercantile - ou pas - d’un filon qui a pourtant encore de beaux jours devant lui (à ma connaissance, Ephel Duath reste le seul groupe à tenter un si difficile mélange, du moins en gardant l’essence de chacun des styles mélangés), et ce serait bien trop facile évidemment. Car justement la subtilité est là : après de nombreuses écoutes, The Painter’s Palette s’avérait certes intense, mais tout de même assez aéré, et se laissait plutôt bien dompter. Pour Pain Necessary To Know, le constat n’est pas le même : alors oui certainement, après beaucoup d’écoutes, on arrive à ingérer les titres, retenir les différents rebondissements, et ne plus se laisser surprendre, mais diable, qu’il est dense ce disque !
Au niveau sonore en premier lieu, les guitares offrent une impression beaucoup plus noire. La production les rend bien plus agressives qu’elles ne l’étaient, plus rauques et volumineuses et l’on perd totalement les sonorités bluesy que l’on pouvait retrouver sur le précédent opus. De plus, les riffs joués sont bien plus malsains, avec une utilisation très fréquente du demi-ton, des dissonances (oui j’aime ce mot), voire de psychédélisme et avec des intensités et des a-coups en plus très déroutants, et même le son clair laisse traîner de désagréables vibrations, des echos parasites. Autre point qui alourdi vraiment Pain Necessary To Know par rapport à son prédécesseur, c’est le quasi abandon de l’utilisation de l’électronique à des fins rythmiques. Entendez par là que vous n’aurez plus droit à d’aériennes rythmiques très Jungle (souvenez-vous, The Jungle, le bien nommé), sauf sur I Killed Rebecca et très éparsement sur d’autres titres, et que les instruments synthétiques sont ici uniquement utilisés pour poser des ambiances sournoises, apporter ça et là à la musique une touche ténébreuse, avec l’utilisation de sonorités complémentaires, assez malsaines (des claviers sifflants, vibrants, adverses,…). Enfin dernier élément ayant évolué, et non des moindres : le chant clair n’est plus de la partie, et pour cause, Tolomei ayant quitté le groupe personne ne le remplace. Seule la voix déchirée de George subsiste, renforcée à coups d’effets encore plus radicaux que sur The Painter’s Palette, et l’effet de violence est saisissant : pas une seconde de répit, rien qui ne daigne calmer le bougre, donner de l’air à son malheur. L’ensemble en devient presque terrifiant et c’est tout de même avec allégresse que l’on apprécie l’évolution vers la fin du disque, qui gagne tout de même une relative légèreté vers les derniers titres, pas sans soulager quelque peu, malgré l’incroyable qualité de la musique d’Ephel Duath, et c’est comme elle était venue que la musique du groupe stoppe : nettement, sans bavures, sans fioritures, comme si elle allait revenir pour d’autres péripéties sous peu, et c’est ce que l’on souhaite.
Sans tomber dans une comparaison point par point de Pain Necessary To Know et de son prédécesseur, il était tout de même important et intéressant de signaler que même si le style de musique utilisé reste le même, l’évolution est nettement là. Les italiens ont choisi la noirceur, peut-être inconsciemment, et cet album se digère beaucoup moins facilement. Peut-être comme une suite, peut-être comme une variation à The Painter’s Palette, il officie toujours dans un jazzcore d’une incroyable maîtrise et bluffant de bout en bout, intéressant et palpitant, et découvrir cette évolution est plus qu’un plaisir, croyez-moi, pour ceux qui ont apprécié les premiers méfaits du combo. Ephel Duath prouve donc une nouvelle fois que sa maturité musicale est à en faire pâlir plus d’un, tant la qualité, la subtilité et l’avantgardisme sont en rendez-vous, un groupe à découvrir à tout prix, si ce n’est déjà fait.
*il y a deux types de gens mécontents à la sortie dun disque : ceux qui râlent parce que le groupe refait la même chose, et ceux qui râlent parce que le groupe a changé. A ne pas prendre au premier degré.
A écouter : comme un tout
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