Après deux (voire trois) albums côtoyant des sommets d’intensité sortis en début de siècle, le screamo d’Envy a pris la tangente post-rock de manière affirmée sur Abyssal puis Recitation, offrant par-là même moins d’opportunités de faire vibrer nos tripes, sans toutefois se défaire d’une excellence propre aux japonais, performances scéniques toujours aussi habitées à l’appui. Atheist’s Cornea, sorti en juillet, a d’ailleurs été partiellement exécuté au Hellfest dernier, donnant un avant-goût assez encourageant du bestiau sur lequel nous nous penchons aujourd’hui.
Et le moins qu’on puisse écrire c’est que les deux titres d’ouverture nous font esquisser un sourire de contentement significatif, en plus de quelques poils dressés. L’astucieux Blue Moonlight et son intro piégeuse évoque les meilleurs instants d'A Dead Sinking Story, tandis qu’Ignorant Rain at the End of the World expose des obédiences plus rock et « accessibles », déconcertantes en premier lieu, se révélant d’une finesse hors-normes après insistance. La suite continue à semer le trouble puisque l’on retombe dans les bras de velours d’un post-rock spatial avec Shining Finger, agrémenté de spoken words toujours savoureux, néanmoins tranchés par les éructations puissantes d’un crieur investi dans sa tâche, comme en 40.
Les premières écoutes ne sont pas évidentes pour un(e) amoureux(se) des accès de fureurs passés des japonais, pourtant ils sont là, ils se révèlent doucement, disséminés au sein de chaque morceau, faisant rejaillir le spectre d’une souffrance évanouie, le souvenir écartelé d’une époque révolue. Footsteps In The Distance en est l’une des illustrations ombrageuses, affichant un équilibre retrouvé entre extériorisation profonde et sérénité mélodique. Les guitares subjuguent à nouveau dans leurs agencements harmoniques, sachant aussi produire de grasses portions de notes sur le fabuleux Two Isolated Souls, mariant idéalement les deux facettes qui caractérisent le quintet. L’optimiste Your Heart And My Hand termine de convaincre au sujet des intentions renouvelées des tokyoïtes, malgré un sentiment de frustration sur les toutes dernières secondes.
Évidemment assez loin des chefs-d'œuvre éternels que sont All The Footprints… et A Dead Sinking Story, Atheist’s Cornea pourrait sans mal se situer aux côtés d’un Insomniac Doze, bien qu’il soit différent, un même point d’équilibre semble être atteint. Certes, les japonais vont mieux et ressentent de fait moins le besoin de déverser leurs viscères sur chaque piste, mais le dosage screamo/post-rock de cet album plus court qu’à l’accoutumée est sans doute le plus fameux entendu depuis un bail.
Disponible via le bandcamp de Temporary Residence.
Selon moi, il s'agit de l'album le plus abouti du groupe. Il est remplit de douceur et d’amertume, de tristesse et de réjouissance. Il résonne en moi comme une balade aérienne, qui me remplit d'une énergie positive, comme un bon film.
Pour les avoir vu jouer en live au Hellfest 2015, ils sont juste, magique. Envy est à l'image de leur musique : Entier.
A écouter et réécouter sans modération...