Enslaved

Black Metal / Rock Progressif

Norvège

Vertebrae

2008
Type : Album (LP)

Chronique

par Craipo

Enslaved : fer de lance du Black Metal, puis d’une certaine idée de son renouveau depuis maintenant trois albums - pour autant de réussites. Les norvégiens sont pour ainsi dire des monstres de la scène extrême. La sortie de Vertebrae, leur dixième album n’est donc pas la moitié d’un événement.

Une fois encore Enslaved a évolué, poussant toujours plus loin sa démarche de diversification. C’en est maintenant fini du raw Black Metal, mais cela nous le savions déjà. Désormais Enslaved se nourrit d’influences progressives, a allégé ses sonorités. Isa avait magistralement ouvert la voie, bien lancé par un Below The Lights non moins excellent mais appartenant encore à une autre période de la vie du groupe. Ruun avait poursuivi l’œuvre entamée, aérant toujours plus le Metal des Norvégiens… Vertebrae vient aujourd’hui certainement clore ce nouveau chapitre.

Enslaved n’est donc pas revenu à ses premières amours, loin de là. Les quelques déçus des quatre dernières années pourront donc surement continuer à l’être. D’autant plus que le quintet prend ici crânement le pari d’aller au bout de sa démarche et est cette fois clairement passé du côté progressif de la force. D’avantage de chant clair (Center), d’avantage de feeling Floydien, encore moins de Black Métal : le pas franchi est saisissant. Logique car dans la continuité des albums précédents, mais saisissant. Un constat déroutant, voire déplaisant tant Isa, déjà,  avait réussi à allier puissance, classe, agressivité et fragilité à merveille pour définitivement faire de la formation une entité musicale entièrement à part. Beaucoup espéraient dès lors l'arrivée d'un autre ovni. Enslaved, eux,  n’ont jamais essayé de reproduire un tel chef d’œuvre. Judicieux choix, le challenge était probablement insurmontable.
A la place nous voilà avec Vertebrae calé entre les deux oreilles. C’est peut être déjà la troisième écoute et toujours le même malaise sans pouvoir décrocher pour autant: où sont passés les norvégiens dans ce festin d’arrangements rock progressif agrémenté de réminiscences d’un passé bien plus furieux (The Watcher, New Dawn)? Nous serions vraiment en droit de nous poser la question. A vrai dire, ils sont toujours bien présents à leur manière.
Ouverture : Clouds. Premier contact avec Vertebrae. Un titre à la production et aux sonorités déroutantes dès les premières secondes et qui pourtant sera le déclencheur. Une fois apprivoisée, cette composition est la clef qui permettra de faire sauter le verrou des intentions d'Enslaved. Faire fi de ce que nous connaissons, de ce que nous attendions, pour aborder cet album comme n’importe quel autre (tâche loin d'etre aisée) et tout simplement constater.

Constater l’orchestration fabuleuse de ces huit morceaux (passionnant Clouds, Center qui tiendrait presque du mouvement Post dans ses instants les plus dépouillés ou ce Vertebrae presque intimiste), se régaler du travail de titan réalisé sur les guitares, apprivoiser ce shriek parfois totalement mis à nu (la floydienne Ground), privé de la saturation grésillante et du riffing puissant que l’on était en droit d’attendre, s’évader. La démarche musicale d’Enslaved est infiniment personnelle, restant fidèle à un seul et unique crédo : toujours et encore plus loin. Les norvégiens composent la musique qui les passionne et non celle que l’on attend d’eux. Enslaved évolue sans se renier, tant pis pour ceux qui seraient restés bloqués dans une époque plus reculée de leur discographie. Le travail de mixage effectué par le groupe est d’ailleurs formidablement exploité par Joe Barresi qui confirme une fois de plus son talent. L’ambiance est belle et posée, un brin mélancolique voire triste, l’accroche de plus en plus aisée au fil des écoutes. L’addiction pourrait bien finir par poindre…

Vertebrae, album facile et mou ou exigeant et inspiré ? Dans l’absolu, la deuxième option parait évidente. Au regard de la discographie d’Enslaved, un peu moins… et pourtant… et justement même. Jamais les norvégiens n’ont livré tous leurs secrets lors d’un premier contact et Vertebrae ne déroge absolument pas à la règle malgré ses abords trompeusement accessibles. Aussi, serait-il idiot de passer à coté de cinquante minutes d’évasion pour une simple question d’impatience… non?

15

Les critiques des lecteurs

Moyenne 17.38
Avis 8
Athe May 30, 2014 23:09
Enslaved au sommet.
20 / 20
letatar May 22, 2011 15:43
Enslaved avance et surprend encore et toujours, libre de toute étiquette. La face rock est certes très présente mais les accélérations vikings et atmosphères scandinaves perdurent. La production est excellente, assurant un équilibre optimal entre tous les instruments et les voix. Seule petite ombre au tableau, le titre "Reflection" dont le côté plus "enjoué" me semble en décalage par rapport à l'ambiance générale de l'album.

Hormis cela, un grand moment de musique inspirée ("Ground"), jouissive ("Clouds") et émouvante ("To the coast").
18 / 20
Sugarbread October 2, 2009 17:06
Enslaved pond la un album très déstabilisant, je l'ai dans un premier temps trouvé très (trop) facile d'accès et au fil des écoutes, je me suis rendu compte que Vertebrae n'est pas si facile que ça, et se complexifie avec le temps.

Enslaved poursuit dans continuité de Runn en poussant le coté progressif de sa musique ! Un opus de très bonne qualité.



Toutefois comme bruning frost j'émet un bémol sur 1 piste à savoir "The Watcher" qui ne me fait ni chaud ni froid et plombe quelque peu la conclusion d'un album brillant !
16 / 20
burning frost August 8, 2009 18:51
Mais quelle classe! Incroyablement diversifié, d'un groove communicatif, d'une densité exemplaire, woaw encore woaw.

Malheureusement sur 8 chansons, 2 ne me touchent pas.
16 / 20
metalleur67 January 25, 2009 21:20
Bon pour commencer, je ne connaissais pas bien Enslaved, on m'en a beaucoup parlé et on me disais que s'était un super groupe de Black metal,je connaissais leur album "Below the lights" où j'ai tous de suite accroché alors je me suis pencher sur cet album et je n'ai pas du tout était déçu. On s'en que c'est beaucoup moins Black Metal et plus Rock progressif mais sa reste bon.
17 / 20
Lord2VK December 29, 2008 19:37
Excellent album, déstabilisant dans un premier temps quand on a les albums précédents du groupe en tête, mais finalement on y trouve rapidement "autre chose", et il se dégage une atmosphère très réussie, une ambiance bien moins black-metal forcément, mais ça on s'en fout à la limite, et il en ressors une excellente impression, un de mes coups de cœurs de l'année.
17 / 20
Shourka September 30, 2008 16:42
Je ne sais quoi penser de cet album.



Passé plusieurs fois dans mes oreilles en long et en large, l'album, sans me deplaire, n'arrive pas a me percuter comme les autres albums. Faute sans aucun doute a la production bien trop lisse, passer de Isa à Vertebae est un veritable choc, tant la production n'a rien a voir d'un skeud a l'autre. L'agressivité que j'avais tant apprecié sur Isa a totallement disparu. Aseptisé est bel et bien le mot.



On peut aussi oublier le terme black metal. Alors certes, l'influence reste tres palpable, mais a chaque album, l'ecart s'agrandit. Est-ce un gage de mediocrité ? Certainement pas.



Au final, aucune musique ne se demarque veritablement, malgré de tres bons moments sur certaines (To the Coast, Center, the Watcher...) mais jamais on atteindra le summum des autres albums. Vertebrae reste agreable a ecouter, mais la production est clairement le point faible du CD, et c'est là bien dommage... Je lui aurai donné 15 si ca avait été le cas.



-----



Seuls les cons ne changent pas d'avis ?

Apres nombre nouvelles ecoutes, mon avis a changé. En bien. Peut etre ecoutais je trop cet album en esperant un nouvel Isa, en tout cas j'adhere finalement a cet album de ce groupe qui a decidé de prendre une direction totallement differente du reste de la scene. Avec du recul, l'album est "plus abouti" que Ruun dans le domaine (mais je garderai ma preference pour celui ci), peut etre un peu trop, dans le sens ou il est plus proche d'un Pink Floyd que jamais. Mais au final, cet album est tres bon, seule une musique (l'eponyme) n'a rien de particulier a offrir.



Je 13.5 je vais monter a 15.5. Comme la chronique du site en fait.
15 / 20