de jolies mélodies, des morceaux bien ficelés, une voix qui nous emporte... peut-être un peu trop conventionnel
Empire! Empire! (I Was A Lonely Estate)
Emo / Indie

What It Takes To Move Forward
Chronique
Vous écoutez. Vous êtes. Vous y êtes. Sous son empire. 0m01. Premières notes. Soupirs. Déjà l’abandon. La chute des lumières. 0m28. Déjà l’inexorable épilogue qui se profile. Dès là, dès ce "Every breath made you", vous le savez. Vous devinez, vous pressentez ce qui va advenir. Vous serez mal, affreusement mal. Car ce genre d’œuvre fait remonter à la surface tout ce que la tyrannie du bonheur a jusqu’à présent chassé. Là-bas, il n’y a rien d’heureux. Là-bas, il n’y a que du spleen, sans idéal. Vous le savez. Vous connaissez déjà la fin… cette fin.
Empire ! Empire ! supplie dans son supplice. "How to Make Love Stay ?" demande-t-il. Et vous ne répondez pas. Il y a dans ce titre de quoi fendre un homme à tout jamais. Alors vous n’ouvrez pas la bouche de peur que la faille vous assaille. Vous gardez l’armure. En surface. Mais l’emo fragile et gracile du quatuor répand déjà ses charmes mélancoliques par-delà les barrières. Grâce aux fissures. Donc vous pleurez. Vous êtes à présent, une pluie. Rien qu’une pluie.
"Keep what you have built here". Impossible. La chose est au sol. Pourtant les guitares oscillent. Les signaux déclenchent les cris. Maintenant. "What safe means ?". Ca signifie ne plus être incertain ; plus autant, plus comme ça. Ou tout entier. Seul moyen de se laisser gagner par un des titres les plus bouleversants de la décennie. Sa batterie ressemble à votre pouls. C’est le bruit de l’intérieur autour duquel s’enroule la voix toujours plus affligée de Keith. Les éléments sont absorbés. Autour de l’émotion, le vide. "It happened because you left". Etes-vous passés à celle d’après ? "Rally the troops !" Encore faut-il pouvoir. L’armée des ombres, la seule qui vous appelle. "It’s a plague and You’re invited". Vous aviez dit que vous connaissiez la fin. La voilà qui se dessine. Après avoir entendu des réminiscences de Chris Simpson, c’est Chris Carrabba que vous semblez deviner. Les guitares ont la couleur de vos iris. "Everything is connected". Peut-être bien qu’il y a aussi un peu de Moneen. Peut-être bien que vous venez de remettre ce disque cent fois de suite. Peut-être bien que vous ne voulez plus désormais écouter une réalité qui ne sonnerait plus comme celle-là.
"The Next Stop To Regaining Control". Son achèvement. Le vôtre aussi. Et ce chant si haut, en falsetto, en apesanteur. Votre rémission. "With you greatest fears realized". Oui. Ce banjo qui renvoie directement au "For The Widows In Paradise" de Sujan Stevens. Avant de partir. Et le reste des cordes. "I am A Snail". Vous l’entendez. La voix raisonne. Elle le dit : "I tried, I tried, I tried. I tried". Etait-ce vous ? Etait-ce lui ? En face de vous, l’album emo de l’année. En face de vous, un miroir brisé ; et jamais rien ne vous a paru vous ressembler autant.
"A Idea Is A Greater Monument Than A Cathedral". Alors adieu les prières. Adieu à Dieu. Bonjour l’existence. Vous écoutiez. Vous y étiez. Vous y êtes ?
A écouter : 1
Les critiques des lecteurs
de jolies mélodies, des morceaux bien ficelés, une voix qui nous emporte... peut-être un peu trop conventionnel
Un excellent album qui m'a bien retourné. Mon seul regret est que de temps en temps, le groupe va un peu trop loin dans le côté tragique trop "fleur bleue", mais ceci dit ça reste rare, c'est en général très bien équilibré, et puis d'un côté, ça garde toute son efficacité !