Emma Ruth Rundle
Folk / Shoegaze / Drone / Ambient

On Dark Horses
01. Fever Dreams
02. Control
03. Darkhorse
04. Races
05. Dead Set Eyes
06. Light Song
07. Apathy On The Indiana Border
08. You Don’t Have To Cry
Chronique
Il avait été difficile de se remettre complètement, en 2016, du bouleversant Marked For Death. Deux ans plus tard Emma Ruth Rundle revient, toujours aussi écorchée, mais avec un surplus de confiance qui semble la pousser à laisser davantage la lumière pénétrer ses morceaux. Si la sincérité qui caractérisait ses précédentes sorties est toujours là, l’urgence thérapeutique de Marked For Death a laissé place à l’acceptation plus sereine d’un quotidien que la Californienne de naissance affronte dorénavant mieux armée.
Les guitares sont toujours au centres de la musique d’Emma Ruth Rundle. Tour à tour intimes, bruyantes ou vaporeuses, elles sont la trame de morceaux touchants et finalement apaisants. La rythmique prend cependant, sur On Dark Horses, une place particulière. La batterie, notamment, participe grandement à la réussite de cet album en apportant une dimension presque tribale par moments et en nous installant dans une transe inattendue (Darkhorse). Le tour de force de l’Américaine et de tourner les pages de son journal intime sans donner à aucun moment l’impression de nous en exclure. A l’écoute de cet album, chaque réussite, chaque échec et chaque angoisse deviennent les nôtres. Rire, pleurer, trembler…On Dark Horses s’attache à poursuivre l’objectif clairement affiché sur Marked for Death : se sentir vivant. Le dénuement de ce précédent opus était une façon pour Emma Ruth Rundle de se mettre en danger, de couper ces liens qui l’empêchaient d’avancer comme elle le souhaitait. Aujourd’hui, l’heure est à une musique plus ambitieuse sur la forme mais tout aussi profonde.
Comme indiqué plus haut, le travail des guitares est encore une fois particulièrement réussi. Si Emma Ruth Rundle avoue elle-même en interview qu’elle souhaite bientôt enregistrer un album acoustique, son utilisation de l’amplification et de ses textures reste un modèle du genre. Du brumeux Fever Dreams à l’intimiste You Don’t Have To Cry, elle opte pour un impressionnisme qui permet à l’album, pris dans son ensemble, de s’avérer être d’une grande richesse. Combattant sa timidité naturelle, ERR parvient à prendre le "contrôle" des événements, comme sur le morceau du même nom, même si elle ne résiste pas à certains moments à la tentation de s’immerger jusqu’à presque disparaître derrière les guitares. "It’s My Time To Shine", chante-t-elle sur Races, prouvant qu’elle a bel et bien décidé de prendre les choses en main. C’est en compagnie de son mari Evan Patterson (Jaye Jayle, Young Widows), qu’elle se montre d’ailleurs combative et assurée sur Light Song ("We outshine the sun, we outrise the moon").
On Dark Horses s’avère être un disque lumineux. Mais attention, pas la lumière aveuglante et chaleureuse d’un après-midi d’été. Il est plutôt question ici des rayons diffus d’un soleil d’automne, tout aussi réconfortant mais propice aux rêveries mélancoliques.
Qu’est ce qu’il est beau cet album bordel.
La voix de la dame, les mélodies, les ambiances...
Tout est parfait!