logo Emma Ruth Rundle

Biographie

Emma Ruth Rundle

Emma Ruth Rundle est une chanteuse et guitariste américaine originaire de Los Angeles. Elle fait ses premières armes avec le groupe Nocturnes entre 2008 et 2011, est guitariste sur l'album The Fear Is Excruciating, But Therein Lies The Answer de Red Sparowes en 2010 puis obtient une reconnaissance supplémentaire dans le groupe Marriages. Elle a sorti deux albums solo sous son nom. Electric Guitar 1 en 2011 qui explore des contrées Ambient et Drone alors que Some Heavy Ocean en 2014 se rapproche d'avantage de morceaux Folk et Dream Pop. Une tendance confirmée en 2016 avec Marked For Death.

16.5 / 20
5 commentaires (16.6/20).
logo amazon

On Dark Horses ( 2018 )

Il avait été difficile de se remettre complètement, en 2016, du bouleversant Marked For Death. Deux ans plus tard Emma Ruth Rundle revient, toujours aussi écorchée, mais avec un surplus de confiance qui semble la pousser à laisser davantage la lumière pénétrer ses morceaux. Si la sincérité qui caractérisait ses précédentes sorties est toujours là, l’urgence thérapeutique de Marked For Death a laissé place à l’acceptation plus sereine d’un quotidien que la Californienne de naissance affronte dorénavant mieux armée. 

Les guitares sont toujours au centres de la musique d’Emma Ruth Rundle. Tour à tour intimes, bruyantes ou vaporeuses, elles sont la trame de morceaux touchants et finalement apaisants. La rythmique prend cependant, sur On Dark Horses, une place particulière. La batterie, notamment, participe grandement à la réussite de cet album en apportant une dimension presque tribale par moments et en nous installant dans une transe inattendue (Darkhorse). Le tour de force de l’Américaine et de tourner les pages de son journal intime sans donner à aucun moment l’impression de nous en exclure. A l’écoute de cet album, chaque réussite, chaque échec et chaque angoisse deviennent les nôtres. Rire, pleurer, trembler…On Dark Horses s’attache à poursuivre l’objectif clairement affiché sur Marked for Death : se sentir vivant. Le dénuement de ce précédent opus était une façon pour Emma Ruth Rundle de se mettre en danger, de couper ces liens qui l’empêchaient d’avancer comme elle le souhaitait. Aujourd’hui, l’heure est à une musique plus ambitieuse sur la forme mais tout aussi profonde.

Comme indiqué plus haut, le travail des guitares est encore une fois particulièrement réussi. Si Emma Ruth Rundle avoue elle-même en interview qu’elle souhaite bientôt enregistrer un album acoustique, son utilisation de l’amplification et de ses textures reste un modèle du genre. Du brumeux Fever Dreams à l’intimiste You Don’t Have To Cry, elle opte pour un impressionnisme qui permet à l’album, pris dans son ensemble, de s’avérer être d’une grande richesse. Combattant sa timidité naturelle, ERR parvient à prendre le "contrôle" des événements, comme sur le morceau du même nom, même si elle ne résiste pas à certains moments à la tentation de s’immerger jusqu’à presque disparaître derrière les guitares. "It’s My Time To Shine", chante-t-elle sur Races, prouvant qu’elle a bel et bien décidé de prendre les choses en main. C’est en compagnie de son mari Evan Patterson (Jaye Jayle, Young Widows), qu’elle se montre d’ailleurs combative et assurée sur Light Song ("We outshine the sun, we outrise the moon").

On Dark Horses s’avère être un disque lumineux. Mais attention, pas la lumière aveuglante et chaleureuse d’un après-midi d’été. Il est plutôt question ici des rayons diffus d’un soleil d’automne, tout aussi réconfortant mais propice aux rêveries mélancoliques.

16.5 / 20
4 commentaires (16.75/20).
logo amazon

Marked For Death ( 2016 )

Connue des amateurs de Post-Rock et de Shoegaze pour ses participations aux groupes Red Sparowes et Marriages, Emma Ruth Rundle mène également depuis quelques années une carrière en solo qui lui permet de nous montrer une facette naturellement plus intime et délicate de sa musique. Une impression confirmée dès les premières notes du morceau-titre dont la mélancolie, qui pourrait sembler écrasante, se transforme pourtant rapidement sous l’effet d’une tension palpable et d’une volonté manifeste et appréciable de la part de la Californienne de ne pas tomber dans le cliché du songwriter dépressif n’ayant pas de meilleurs amis qu’une guitare et un chat. La guitare est tout de même au coeur de ce Marked For Death qui transpire, et l’expression n’est ici pas galvaudée, de sincérité et d’un désir de ne pas travestir ce qui fait l’essence des morceaux qui le composent. La volonté d’Emma Ruth Rundle de sonner «vrai » est flagrante et les efforts qu’elle déploie pour sortir de sa zone de confort, une impression qui se confirme en concert, rendent ce disque touchant et, par moments, bouleversant. 

La photo qui illustre la pochette de l’album ne laisse aucun doute à ce sujet, Emma Ruth Rundle ne cherche pas à se prendre pour quelqu’un d’autre. « I never was a pretty thing, always fight and sometimes scream, for nothing at all » admet-elle sur Heaven, ne cherchant pas à cacher les défauts et les moments difficiles qui ont jalonné son parcours. Une franchise mise à l’épreuve de guitares tour à tour délicates et tendues et qui viennent constamment menacer cette voix que l’on devine timide mais qui parvient, sans doute instinctivement, à se faire déterminée et intense malgré une fragilité évidente (Protection, Hand Of God). Une colère contenue mais sur le point d’éclater vient magnifier des titres comme So, Come ou Protection (« You just keep talking down to me, taking all of my hair pulled back ») et son final cathartique rappelant certains des morceaux les plus incandescents de Red Sparowes

En quête d’une spiritualité synonyme d’espoir et de résistance (Furious Angel), elle considère la trahison et l’abandon comme des passages obligés (« I was made of a storm, only you could bring me home ») et met au service de ce message un remarquable talent de composition, tant ses chansons semblent progresser naturellement, se parant de cordes suffisamment évocatrices pour provoquer l’émotion mais assez discrètes pour qu’on ne puisse pas les accuser de racolage. Utilisée de façon récurrente, la reverb donne une profondeur intéressante à la production somme toute minimaliste de Marked For Death, permettant dans un certain sens aux morceaux de viser un peu plus loin que leur objectif d’origine. Mais était-ce vraiment l’ambition d’Emma Ruth Rundle ? Le sentiment qui prédomine à l’écoute du disque reste celui d’une recherche de la vérité, quelle que soit la forme sous laquelle celle-ci décide d’apparaître. Le déchirant Real Big Sky, qui conclut l’album, résonne comme la pleine acceptation du destin (« I don’t want to be awake when It takes me, but I can’t wait to see you smile on the other side »). Une façon, certainement, de ne pas laisser à qui que ce soit le loisir de décider à sa place…