Biographie

Emilie Malaquin-Lapawa

Emilie Malaquin-Lapawa est une auteure lilloise née en 1982. Elle publie deux recueils de nouvelles fantastiques en 2017 et 2019, ainsi que le roman Metal Parano en 2018, orienté polar celui-ci.

Chronique

Metal Parano ( 2018 )

Parfois, le hasard nous fait tomber sur un objet qui semble combiner deux centres d'intérêt, en l'occurrence le polar et la musique énervée. Un roman intitulé Metal Parano, une couverture qui présente une guitare tachée de sang (et si vous êtes adepte de peinture, il y a aussi un pinceau), ça fait peut-être un chouïa cliché mais c'est suffisant pour attirer mon regard, me convaincre que je me situe pile dans le public cible, et je rentre chez moi avec un livre de plus que prévu.

Le synopsis ? Lucie est une jeune infirmière qui débute à l'hôpital psychiatrique. Pour son premier jour, alors qu'elle pense se familiariser avec les lieux, le personnel, et commencer à s'occuper des patients, la chef de service l'expédie aux archives où elle se voit contrainte d'étudier le cas Jessy Hell, chanteur d'un groupe de Heavy Metal qui a séjourné en ces murs quelque temps plus tôt...
Cela étant dit, on peut déjà oublier Lucie. Elle ne sert en effet que de porte d'entrée vers l'intrigue à proprement parler et n'apparaît plus que dans les cinq petites pages de l'épilogue pour donner quelques explications pas forcément utiles ; pas que ce soit un problème en soi, mais contrairement à ce que l'on pourrait croire de prime abord, le domaine psychiatrique est quasi-inexploité. Pour l'essentiel, le roman tourne autour de Jessy Hell (un nom d'artiste) et d'événements liés à son groupe, Insomnia. Un succès difficile à gérer, des tensions internes, des soucis familiaux, un fan peintre un peu trop envahissant, un chanteur qui vire parano, une apparition lors de l'inauguration décriée d'un fast-food qui aboutit à un meurtre, l'auteure mêle habilement les pistes afin de maintenir le suspense jusqu'à une conclusion à la fois cohérente et satisfaisante. L'intrigue est maîtrisée, et si l'on doit faire un reproche pour le côté fiction, outre ses prologue et épilogue qui ne sont là que pour faire joli, il s'adresserait surtout à quelques dialogues qui manquent de naturel et des personnages auxquels on peine parfois à s'intéresser - on s'attachera beaucoup plus facilement au duo d'enquêteurs qu'aux membre d'Insomnia, notamment. Mais pour un premier roman, qui plus est avec un tel côté amateur*, c'est assez excusable.

Maintenant, il ne faut pas oublier que cette intrigue n'était pas le seul point à retenir l'attention, au premier contact. Au vu de la présentation et des thèmes abordés, le livre semble fait pour parler aux amateurs de Metal, et l'on nourrit ainsi des attentes légitimes quant aux références qui seront abordées... Et c'est là que le bât blesse : l'auteure ne fait preuve d'absolument aucune connaissance de ce domaine. Le seul et unique groupe évoqué est l'Insomnia fictif qui se trouve au cœur de l'histoire. Des influences, des formations avec lesquelles ils auraient partagé l'affiche, leur vision de la scène maintenant qu'ils y sont devenus incontournables, ou même un disque écouté dans le tour-bus, autant d'éléments qui auraient renforcé l'immersion et qui sont malheureusement absents, tout comme les mentions de salles de concerts ou de festivals dans lesquels ils auraient joué (ou voulu jouer) : de ce point de vue, c'est le néant total. On rencontre bien le lieutenant Arkan, mais dans le cas où il faudrait y voir une référence, ce n'est très probablement pas à cet Arkan.
À côté de cela, la vie du groupe, les relations d'amitié ou de rivalité qui l'animent sont plutôt bien exploitées, mais là non plus on ne trouve rien de spécifique au domaine du Heavy Metal ; d'ailleurs, si l'on va par là, les descriptions que l'on peut lire ici et là évoquent bien davantage du Goth Rock qu'un combo biberonné à Saxon ou Accept...

Le bilan est donc quelque peu mitigé. Le lecteur en moi s'avère plutôt satisfait, tandis que l'amateur de Metal se sent laissé pour compte. Metal Parano n'est certainement pas un mauvais roman. Son écriture se révèle plutôt efficace bien qu'encore perfectible, suffisamment en tout cas pour donner envie de lire autre chose de l'auteure si l'occasion se présente. Malgré cela, il reste cette impression tenace que le livre aurait gagné en immersion et en profondeur si le thème de la musique n'était pas à ce point survolé, sans doute la preuve d'une méconnaissance assez dommageable.

*Couverture qui manque de netteté, petites taches d'encre sur une partie des pages, quelques coquilles passées à l'as, on ne tape clairement pas dans les sorties des gros éditeurs. Par chance, rien qui nuise vraiment à la lecture, ce côté amateur aurait donc plutôt tendance à attirer la sympathie.

Emilie Malaquin-Lapawa

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