Le problème avec Elyx, c’est qu’ils arrivent 15 ans trop tard. Du Neo Metal en 2019, sérieusement ? Eh oui madame, le quintet relève le défi. Au final, pourquoi pas, à l’heure où Pleymo tente son comeback et où AqME tire sa révérence ?
Dès les premières écoutes de Annihilation - Partie 1, on se félicite d’avoir donné sa chance aux français, car des points forts évidents se dégagent assez vite, à commencer par le chant de Clément. Le vocaliste dispose d’une palette assez impressionnante, allant du chant clair pouvant monter plutôt haut en restant puissant (dans les refrains de Délivrez-Moi !, de Spectacle De Pantins, ou de Six Pieds Sous Terre) jusqu’au growl burné et vraiment qualitatif, en passant par des couplets au flow rapide (Six Pieds Sous Terre, Dans Le Vide) sans tomber dans le raccourci du chant Rap-Metal. En plus cette panoplie vocale remarquable et insoupçonnable sous le gabarit XS du frontman, celui-ci réussi à développer des lignes de chants créatives (refrains en alternance chant / cris, variations inattendues en fin de phrasés sur les couplets de Dans Le Vide...), pour un résultat jamais lassant sur les 23 minutes de l’EP.
Même si la prestation de Clément derrière le micro est l’indiscutable atout de la cuvée 2019 d’Elyx, d’autres éléments positifs se dégagent : une batterie vénère qui groove vraiment (Délivrez-Moi !, par exemple), une dimension très Punk-Rock ultra rafraîchissante sur les guitares de l’intro et des refrains de Spectacle De Pantins (impression renforcée par les gang-shouts « chacun pour soi chacun pour soi ! », simple, efficace, Punk !), une prod franchement honnête, ou encore certaines idées développées au clavier pour apporter non pas des mélodies, mais plutôt des ambiances qui habillent certaines parties avec originalité (pont de Spectacle De Pantins, contretemps sur le riff post-refrain de Dans Le Vide, l’espèce de phaser dans les refrains de Six Pieds Sous Terre).
Des axes de progression se dégagent aussi de Annihilation - Partie 1. Les textes, très typés « ado en colère », semblent un peu attendus et ont quelques incohérences (les couplets de Spectacle De Pantins s’inquiètent que « le droit de vote se perd dans les abysses » quand les refrains du même titre clament « ton vote ne changera jamais rien ») ou des moments d’incompréhension (qu’est-ce que ça veut dire « on va déchirer la brèche » (dans Invincibles) ?).
Les guitares se laissent porter par les autres instruments, offrant un jeu simple, peu créatif (mais certes suffisant), quant à la basse, on devine des efforts stylistiques (sur les fins de couplets de Invincibles par exemple) qu’on peine vraiment à entendre, la faute à un mix mettant peu en valeur la quatre-cordes.
Mais le principal point noir de la musique d’Elyx réside dans certains choix au clavier. S’il arrive que ça revitalise un titre, comme ça à été indiqué plus haut, il existe aussi des cas où le synthé tranche trop avec le reste de la prod, ou tente d’apporter des mélodies trop simplistes et maladroites (riff principal / refrain dans Invicibles, début du pont de Délivrez-Moi ! avec ce son cheap), ou trop répétitives (Notre Éveil... enchaîné sur Spectacle De Pantin).
Elyx propose avec ce demi-album tout ce qu’on attend d’un jeune groupe de son statut : des belles idées, de bons musiciens, une envie qu’on devine sincère, mais aussi une marge de progression normale pour une formation de ce statut. Et oui, certes, ils jouent du Neo en 2019, mais au fond ce n’est pas ce qui compte. Leur cocktail marche vraiment pas mal, pourrait encore mieux fonctionner, et c’est ça l’essentiel.
A écouter : Spectacle De Pantins