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Biographie

Elder

Elder se forme en 2006 dans le Massachussets aux Etat-Unis de la rencontre entre Matt Couto (Batterie), Jack Donovan (Basse) et Nick Dissalvo (Guitare / Chant). Le groupe se présente donc sous la forme d’un trio de jeunes et talentueux musiciens nourris à grandes gamelles de Kyuss, Colour Haze pour le côté stoner et autres Sleep et Black Sabbath pour les ambiances plus lourdes et pesantes. Après une démo sortie en 2007, le groupe sort son premier album éponyme en 2008 et pose les bases de sa musique atypique et à l’univers singulier. On oscille entre des rythmes empruntés au doom, des sonorités référencées stoner dans le grain des guitares et un côté psychédélique-ambiant dans l’évolution mélodique de certains passages. Une des particularités du groupe réside dans la longueur des morceaux qui tombent rarement sous les 10 minutes.

En 2011 sort Dead Roots Stirring sur Meteorcity Records. Bien que les influences soient toujours les mêmes, le trio fait évoluer sa musique de manière assez radicale et assoit définitivement sa personnalité. Le chant devient uniquement clair et les morceaux gagnent en dynamisme ce qu’ils perdent en noirceur. Leur dernier album en date, Lore sort en 2015 chez Stickman Records et Armageddon Shop, faisant suite à l’excellent ep Spire Burns / Release, continue dans la même lignée que son prédécesseur en poussant encore plus loin les atmosphères lumineuses tout en conservant ce dynamisme pachydermique propre au groupe.

16.5 / 20
12 commentaires (16.13/20).
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Reflections Of A Floating World ( 2017 )

Alors qu’à quelques mois d’intervalle poids lourds (Pallbearer) ou petits nouveaux (Dvne) rivalisaient dans la cour racée du Heavy/Stoner/Psyché, Elder est parvenu une nouvelle fois à tirer son épingle du jeu. 

Ce quatrième édifice confirme que le trio du Massachusetts respire tout simplement la classe, dosant avec une habileté rare les frappes Stoner, sans tomber dans la balourdise, et les élucubrations virtuoses qui ne feront même pas reculer les plus frileux envers le Prog (parole d’allergique). Pour peu que le Hard Rock (Blind), le Rock 70’s ou même Black Sabbath vous parlent un minimum, il y aura forcément quelque chose de bon à piocher dans ces six titres. La pilule d’une dizaine de minutes par tête de pipe passe d’ailleurs toute seule car les nombreux mouvements estompent tout ennui sans ressembler à un collage artificiel et poussif. Les mélodies sont rondes et chaleureuses, portées par un jeu ultra-fluide et des rythmiques sans prise de tête. Bonne chance néanmoins à qui voudra connaître ce disque par cœur, tant les compos en ébullition constante fourmillent d’idées, menées par une gratte insatiable et toujours en tête de convoi. 
La voix de Nicholas DiSalvo parvient tout de même à se frayer un chemin parmi les notes luxuriantes, débarquant toujours à point nommé. La toute première ligne de chant de l’album sur Sanctuary suffit à happer le curieux pour un trip dont il se souviendra. Accrocheuses, épiques, puissantes, sensibles (le piano-voix de Blind), les vocalises distantes surgissent des cascades de Fuzz sophistiqué alors qu’on les aurait presque oubliées dans la jungle des riffs.

Elder en met plein la vue, aussi littéralement que possible. Dépassant une simple fonction tape-à-l’oeil, l’artwork (encore une fois) somptueux fait preuve de véritables propriétés immersives. Le groupe nous extirpe des traditionnels déserts arides qui façonnent l’imaginaire du genre pour abreuver les oreilles de couleurs rafraîchissantes, d’oasis verdoyantes et de nuées triomphantes. Reflections Of A Floating World incarne les forces telluriques et aériennes, réduisant les allers-retours entre ciel et terre à six cordes de guitare. 
Les Américains font relativiser sur les prouesses que l’on peut accomplir avec le simple kit Rock de base et quelques pédales. C’est pourtant tout bête, quelques gammes de Blues ou autres pentatoniques et voilà que le tour est joué, mais non sans labeur. 

Sorti seulement deux ans après un Lore de la même trempe, Reflections Of A Floating World est un sans faute qui force le respect sur tous les points, alliant à merveille travail de composition abouti et efficacité redoutable. 

A écouter : Blind, Sanctuary
17 / 20
17 commentaires (16.09/20).
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Lore ( 2015 )

Le Stoner Rock n'est pas un genre dans lequel il est aisé de se renouveler. Reposant sur des bases simples, il est envahi depuis quelques temps par une multitude de nouvelles formations, pour le meilleur mais aussi pour le pire. Les deux premiers albums d'Elder avaient convaincu le public et la critique qu'ils faisaient partie de la première catégorie et c'est donc avec Lore que reviennent les trois musiciens. 

On débute celui-ci par une route différente de celle que l'on empruntait jadis pour arpenter Dead Roots Stirring, du moins en apparence. Ce sera là le fil conducteur de l'album : Elder a ajouté de nombreuses cordes à son arc sans pour autant délaisser les éléments qui faisaient sa force, son identité et qui le poussent sur le devant de la scène Stoner. Ce caractère si marqué provient de la subtile alliance entre lourdeur et mélodie que réussit à créer le groupe. Le titre d'ouverture, "Compendium", est un exemple parfait de ce mariage heureux. Dès les premières notes, on comprend que l'on écoute bien du Stoner mais que ce n'est pas une raison pour créer des riffs simplistes et fades. De manière naturelle, organique, le jeu de guitare s'illumine de mille feux et l'on assiste à une véritable explosion de notes, rafraîchissantes et dansantes qui ne s'estompe pas. Comme lors du bouquet final d'un feu d'artifice long d'une heure, le disque offre cinq pépites mémorables, savamment construites malgré leur durée. 

Elder ne s'arrête pourtant pas en si bon chemin et métamorphose sa vision du Stoner, déjà très personnelle, en y intégrant divers éléments bienvenus. On pense évidemment à Colour Haze, grande influence de la formation, et son mélange subtil de Heavy Psych, Krautrock et Stoner. À l'instar des Allemands, Elder se laisse de plus en plus embarquer par tout un tas de courant musicaux sans chavirer. Preuve en est sur le morceau « Lore » et sa seconde partie débutant par des vagues de claviers pour s'enflammer sur une mélodie aussi proche du Post Rock que du Stoner. Ceci ne constitue qu'un seul exemple de la diversité et de la richesse du disque qui se magnifie d'écoute en écoute, tel un bon cru. C'est d'ailleurs le talent d'Elder : avoir réussi à composer un album immédiat, jouissif sur l'instant mais qui se révèle dans le même temps riche et fouillé afin de laisser à l'auditeur tout le loisir de découvrir de nouveaux détails avec le temps. 

Enfin, l'ultime changement établi par Lore se situe au sein de l'atmosphère transmise au cours de l'album. Un sentiment lumineux, épique et rayonnant transpire de chacune des notes, du chant, de la production et même de l'artwork. Ce dernier n'aurait pu être mieux adapté à l'album tant on se retrouve transporté dans un autre monde, fantastique sans être naïf, grandiose mais jamais grandiloquent et "Spirit At Aphelion" illustre ces propos de la plus belle des manières. Grâce à un talent de composition digne des plus grands, Elder réussit le pari d'introduire un sentiment épique et héroïque dans un disque de Stoner sans devenir ridicule. 

Elder a réussi le pari de créer un nouveau classique du genre à ranger aux côtés de Kyuss et de Sleep. Le groupe parvient ainsi à concilier son identité et des prises de risques audacieuses. La richesse des compositions de Lore ainsi que son ambiance permettent au disque de se hisser dans le panthéon des meilleurs albums Metal et Rock de ces quelques dernières années. Dire que l'on tient ici la meilleure sortie Stoner de l'année n'est alors qu'une évidence. 

A écouter : Comme "The Dude" écoute les baleines.