Ekkaia

Crust/D-Beat

Espagne

Demasiado Tarde para Pedir Perdon

2004

Chronique

par Fragone

Ekkaia est un pylone de la scène hardcore internationale. En cinq années et seulement deux albums, la formation outre pyrénéenne est devenu la pierre angulaire du modern crust européen, l'alternative vétéro-continentale de Tragedy.

Symbole d'une formation en constante évolution depuis ses débuts, Demasiado tarde para pedir perdon, deuxième album des gallegos, constitue véritablement l'apogée et l'une des meilleures productions jamais réalisées dans le style. Rien d'étonnant donc à ce que ce soit l'équivalent d'un chant du cygne tant les neuf pistes transpirent la quasi-perfection, offrant la sensation que le groupe a tout donné dans son périple. Non pas que ce dernier soit terminé mais Ekkaia semble ici avoir atteint un premier objectif, une limite au-delà de laquelle la répétition et, à terme, la lassitude ne peuvent être évitées. Demasiado tarde para pedir perdon fait partie des albums qui saisissent aux tripes, et dont l'intérêt au fil des écoutes ne faiblit pas. Pour avoir su digérer le plus intéressant de la scène crust, Ekkaia est parvenu à composer un amalgame unique, reconnaissable entre mille. Mélange d'effluves métalliques et de rouleau compresseur d-beat les galiciens, de "Mientras dormimos" à "El oxido de la maquina", en passant par "Piedra sobre piedra", réalisent un véritable carnage sonore, ruant dans les brancards, dansant sur les ruines fumantes d'une société en état de décomposition avancée ("Convirtamos las palabras en fuego").
Car c'est bien de celà qu'il s'agit. Sous des dehors offensifs, l'atmosphère générale de l'album tend vers une désillusion, une amertume laissant penser que tout espoir est d'ores et déjà perdu ("Viviendo dias mas oscuros", "Caminando en círculos"). Alors, peut-être pour se protéger des éventuelles retombées, Ekkaia s'enveloppe dans une étoffe mélodique fournie, qui constitue en quelque sorte sa marque de fabrique, un peu à la manière de From Ashes Rise ("El ultimo aliento"). Taillée dans la mélancolie la plus ulcérante, celle qui tord le ventre, elle accentue cette sensation de malaise, augmentant de façon exponentielle, pendant que les voix sous-produites de David et Pablo se chargent de nous maintenir au trente-sixième dessous.

Par son inspiration, sa colère et sa sincérité Demasiado tarde para pedir perdon conclue de façon magistrale l'épisode Ekkaia. A l'origine les pieds dans l'Océan Atlantique et la tête dans le brouillard de Galice, l'influence du quatuor allait se répandre comme une traînée de poudre en péninsule ibérique, constituant le moteur de toute une scène qui, de Blünt à Madame Germen, en passant par Down To Agony allait en revendiquer l'héritage.

17

A écouter "Mientras dormimos" sur MS.

Les critiques des lecteurs

Moyenne 16.88
Avis 4
heddy March 7, 2008 11:06
meilleur groupe de d-beat de ces dernieres années...dommage pour le split
19 / 20
RedF September 5, 2007 23:03
Un excellent CD même si sur la durée j'accroche pas autant qu'un Tragedy. La batterie manque un peu de profondeur à mon goût. Le morceau "El Ultimo Aliento" est fabuleux, dans la veine de From Ashes Rise dans sa construction, avec 2 premières minutes qui font monter la sauce, avant que le rythme n'accélère brutalement. Imparable :o)
15 / 20
Senti September 4, 2007 12:00
La puissance de Tragedy façonnée dans un moule de mélancolie et de rancoeur. Superbe disque même si ce n'est pas mon préféré de Ekkaia.
16 / 20
Craipo September 2, 2007 11:28
Absolument rien à ajouter à la chro'.

Je suis Fragone de bout en bout.

Un CD dont l'écoute s'avère indispensable pour tout amateur du genre.
17 / 20