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Biographie

Ekkaia

David - basse, chant
Javivi - guitare
Marcos - batterie
Pablo - guitare, chant

Ekkaia est une institution de la scène underground crust outre pyrénéenne. Formé en 1999, le groupe de La Corogne enregistre une première démo en 2000 sous le nom de Icon. Jugeant le patronyme un peu trop commun, le quintet part à la recherche d'une nouvelle appellation et trouve son bonheur dans l'oeuvre de Tolkien. Le split sorti en 2001 aux côtés de Unsane Crisis est la première production à porter le nom de Ekkaia.
Les gallegos enregistrent leur premier album Manos que Estrachan Planes de Muerte y Sometimientos en 2002 mais doivent faire face au départ du chanteur Nelson peu après la tournée de promotion. A partir de cette date, le chant sera assuré par David et Pablo.
De 2003 à 2004, Ekkaia sort deux ep supplémentaires ainsi qu'un album, Demasiado Tarde para Pedir Perdon, mais ne survit pas au départ de Javivi. Certains de ses membres opèrent aujourd'hui chez Leadershit et Cop On Fire.

17 / 20
4 commentaires (16.88/20).

Demasiado Tarde para Pedir Perdon ( 2004 )

Ekkaia est un pylone de la scène hardcore internationale. En cinq années et seulement deux albums, la formation outre pyrénéenne est devenu la pierre angulaire du modern crust européen, l'alternative vétéro-continentale de Tragedy.

Symbole d'une formation en constante évolution depuis ses débuts, Demasiado tarde para pedir perdon, deuxième album des gallegos, constitue véritablement l'apogée et l'une des meilleures productions jamais réalisées dans le style. Rien d'étonnant donc à ce que ce soit l'équivalent d'un chant du cygne tant les neuf pistes transpirent la quasi-perfection, offrant la sensation que le groupe a tout donné dans son périple. Non pas que ce dernier soit terminé mais Ekkaia semble ici avoir atteint un premier objectif, une limite au-delà de laquelle la répétition et, à terme, la lassitude ne peuvent être évitées. Demasiado tarde para pedir perdon fait partie des albums qui saisissent aux tripes, et dont l'intérêt au fil des écoutes ne faiblit pas. Pour avoir su digérer le plus intéressant de la scène crust, Ekkaia est parvenu à composer un amalgame unique, reconnaissable entre mille. Mélange d'effluves métalliques et de rouleau compresseur d-beat les galiciens, de "Mientras dormimos" à "El oxido de la maquina", en passant par "Piedra sobre piedra", réalisent un véritable carnage sonore, ruant dans les brancards, dansant sur les ruines fumantes d'une société en état de décomposition avancée ("Convirtamos las palabras en fuego").
Car c'est bien de celà qu'il s'agit. Sous des dehors offensifs, l'atmosphère générale de l'album tend vers une désillusion, une amertume laissant penser que tout espoir est d'ores et déjà perdu ("Viviendo dias mas oscuros", "Caminando en círculos"). Alors, peut-être pour se protéger des éventuelles retombées, Ekkaia s'enveloppe dans une étoffe mélodique fournie, qui constitue en quelque sorte sa marque de fabrique, un peu à la manière de From Ashes Rise ("El ultimo aliento"). Taillée dans la mélancolie la plus ulcérante, celle qui tord le ventre, elle accentue cette sensation de malaise, augmentant de façon exponentielle, pendant que les voix sous-produites de David et Pablo se chargent de nous maintenir au trente-sixième dessous.

Par son inspiration, sa colère et sa sincérité Demasiado tarde para pedir perdon conclue de façon magistrale l'épisode Ekkaia. A l'origine les pieds dans l'Océan Atlantique et la tête dans le brouillard de Galice, l'influence du quatuor allait se répandre comme une traînée de poudre en péninsule ibérique, constituant le moteur de toute une scène qui, de Blünt à Madame Germen, en passant par Down To Agony allait en revendiquer l'héritage.

A écouter "Mientras dormimos" sur MS.

A écouter : Tous

Manos que Estrachan Planes de Muerte y Sometimiento ( 2002 )

C'est au travers de ce premier brûlot sorti en 2002 que le groupe désormais culte de La Corogne impose sa marque au fer rouge sur le front déjà bouillonnant de la scène crust hardcore. Manos que Estrachan Planes de Muerte y Sometimientos est un point de rupture vers une vision alternative du crust conservant les fondations rugueuses du genre pour y insuffler un désespoir et une rancoeur qui s'abattent lourdement comme une pluie gorgée de cendres. Malgré quelques rares apparitions post-séparation, Ekkaia n'est plus. Il ne nous reste plus qu'à user leur legs jusqu'à la corde, les yeux plissés et la gorge asséchée.

Si dans un premier temps on peut rapprocher les reliefs espagnols du paysage menaçant bâti de rocs et de ferrailles modelés par les ténors canadiens que sont Tragedy, His Hero Is Gone et surtout Union Of Uranus, il devient rapidement évident que Ekkaia trace sa propre route dans les broussailles. Un chemin chargé de vécu reliant les guitares rampantes et agressives, les variations vives et intenses du tempo et surtout ces multiples lignes de chant écorchées vives scandées en langue maternelle qui percent l'âme comme des décharges électriques traumatiseraient le corps. Fulgurant !
Que ce soit dans les moments de pure furie durant lesquels les cordes agissent comme des strates forcées de s'entrechoquer ("Manos que Estrachan Planes de Muerte y Sometimientos"), ou lors des virées portées par les mélodies chères au groupe ("Arrastrados", imparable morceau d'ouverture), Ekkaia conserve l'énergie et l'inspiration intactes de bout en bout. Toute la force du combo est bien là, dans cette capacité à plonger dans une eau saumâtre à grands coups de guitares saturées nourries de larsens et à ressurgir par le biais de mélodies étincelantes, fortes et littéralement épiques à clouer au sol les vieux baroudeurs de la scène screamo hardcore.

On ne compte plus le nombre de formations qui doivent hier & aujourd'hui à Ekkaia. Quoi qu'il en soit, on en revient encore et toujours aux frasques inusables et emplies de bravoure du groupe de La Corogne.

A écouter : et tout le reste