Pénétrer le dédale des tourments humains, affronter les doutes d'Eros, les certitudes et la condescendance d'Orphée, le désespoir de Pan avec, comme unique échappatoire à une inexorable descente vers les abîmes, le sommeil et son monde onirique...
"C'est au milieu des faunes qu'on devient malicieux" et l'invite d'Einna à se laisser submerger par les vapeurs virgiliennes des Angoisses d'Arcadie ne l'est pas moins. Des premiers échos résonnants évocateurs d'un chaos où s'entrechoquent atomes botchiens et breachiens, où s'écoulent nappes de basalte laissées par Buried Inside, Einna défie la routine postcore avec entrain et puissance, mettant à mal ses entrailles jusqu'à l'irréversible déchirement. Un chaos sonique, cisaillé par des accords dissonnants et des structures asymétriques qui viennent accentuer la corrosion d'une atmosphère souillée à laquelle le flow spoken word de Florent apporte une dimension irréelle, presque incantatoire.
Passé le temps de la fureur, vient celui de l'apaisement et de la torpeur. Einna se laisse progressivement envahir par l'inévitable rencontre entre Cult Of Luna et Isis, plongeant Les angoisses d'Arcadie dans une dimension plus éthérée mais aussi plus conventionnelle dans laquelle les toulousains manquent s'engluer ("Orphée") avant de s'en extirper avec force ("Pan").
Certes le caractère n'est pas encore totalement affirmé. Einna apparaît encore trop largement tributaire de ses influences et la production pêche un peu par manque de densité là où l'ep méritait certainement une explosivité plus efficiente. Néanmoins Les angoisses d'Arcadie apparaîssent d'ores et déjà comme le premier chapitre d'une oeuvre qu'on a envie de voir croître et évoluer sans retenue.
A écouter : Eros, Pan