Echoplain, issu de la petite mafia du Noise Rock de Paris, sort son premier album, après un ep en 2019. Les amateurs de bruit peuvent se réjouir, mais pas uniquement.
Dès All Eyes On Me, Polaroid Malibu marque des points grâce à une intro à la batterie (comme toutes les intro de bon goût, sans vouloir être de mauvaise foi) et une mise en place qui dévoile le programme d’un disque direct mais pas simpliste. Parce que si Echoplain est un trio, sa musique n’en est pas moins bavarde, inventive et très composée. L’ingrédient principal de son Noise Rock, c’est une approche Post-Punk du machin. Une batterie qui tape dans l’originalité, le contre-temps et le groove, une basse très présente et une guitare dans la plus grande tradition Noise Rock estampillée 90’s. Et sur tout ça, ce qui fait monter la sauce jusqu’à la faire déborder, c’est le chant, tour à tour mélodique et bourrin, invectivant l’auditeur pour l’accrocher en tapant toujours juste-là où c’est irrésistible.
Hole.dare.neck, plus strictement Post-Punk dans la construction de ses couplets, cache en son milieu un break casse-nuque absolument imparable. On Her Side se développe sur un riff de basse, la guitare n’étant seulement là pour faire du bruit et nous faire attendre les refrains qui explosent d’une façon terriblement jouissive. Concernant le chant, écoutez Here I Stand et son refrain séduisant dès la première écoute. Ce titre est une illustration brillante de la formule d'Echoplain, du bruit, de la mélodie, beaucoup d’idées dans chaque morceau, mais un art de la composition qui rend le tout terriblement digeste.
On pense parfois à Gâtechien (quand celui-ci est à son meilleur), comme sur Watcha, sa grosse basse et son chant scandé, mais en bien plus abouti et imparable. On My Own est le dernier pic du disque, avec son riff entêtant, ses cassures rythmiques et son chant un peu en retrait, parlé-chanté. Fade Out possède quelques atouts, moins immédiats, son côté écrasant, moins directement mélodique et sa fin qui se déconstruit dans la grande tradition Shellac. Le disque s’essouffle ensuite quelque peu sur les deux derniers morceaux qui, sans être mauvais, ne possèdent pas le côté imparable du reste du disque.
Un très léger bémol qui n’entame en rien notre plaisir et qui n’empêche pas Polaroid Malibu de tourner inlassablement sur la platine depuis sa sortie. Echoplain impressionne dès son premier long format et signe ici un des premiers cartons Noise Rock de 2021.