Earthride
Doom

Something Wicked
Chronique
Attention, pas un groupe de rigolos ! Enfin si, sûrement, mais là n’est pas la question. Earthride, c’est un groupe de papas. Treize ans qu’ils balancent leur crasse à la gueule des doomeux et des deux-trois autres qui veulent bien les écouter. Enfin, treize ans ensemble, parce que séparément, ces mecs sont dans la scène depuis tellement longtemps qu’on peut même plus dire qu’ils font partie des meubles, non, ils sont plutôt la tache de vomi incrustée dessus.
Et ainsi, comme tout bon groupe de darons qui se respecte, la donne est toujours la même, c’est graisseux, pas méchant pour deux sous et complètement stone, comme au premier jour –pour quiconque serait venu au monde dans une bassine remplie d’huile de vidange, évidemment (ou au Maryland). Du coup, comme depuis l’EP éponyme, on retrouve avec plaisir la même atmosphère huileuse avec ces riffs plein de cambouis (Destruction Song), cette voix plus grasse que le chroniqueur (Something Wicked) et cette basse tellement sous-accordée qu’elle traîne dans la poussière (Hacksaw Eyeball). Concrètement, on parle ici de pur doom metal dans la lignée des grands que tout le monde connaît, avec le wock et le roll en plus. En gros, avec du saindoux sur le micro, du bacon autour des cordes et du lard en guise de cymbales, ça serait pas tellement plus gras.
Pas virulent pour deux sous (on cherche même le wicked là-dedans), le tracteur Earthride continue d’avancer à son rythme, forcément loin du trot, même si de temps en temps ça crachote, le moteur s’emballe et, sans trop savoir comment, le bahut se met à caracoler –mais jamais très longtemps, faut pas déconner (Grip the Wheel). Quant aux chauffeurs, le valium de Taming of the Demons semble toujours faire effet, et bien comme il faut. Pondre un refrain tel que ‘It seems like all I can do is watch the children play’ est assez parlant. Sinon ça parle toujours autant de camés et de caner, normal. Y a même Wino qui se pointe sur Supernatural Illusion, comme sur la moitié des albums de doom sortis depuis quinze ans, comme quoi tout va très bien. Tout va même tellement bien que même avec les artères bouchées par tant de gras et l’esprit embrumé par, heu, tout le reste, le groupe parvient à magistralement éviter la sortie de route (même si on était pas loin sur l’intro de Zodiac). Mettez Lemmy dans une Buick de 1955, ajoutez de la crème, et ça vous donne Earthride.
Au final, Earthride sort encore une fois un album de doom follement rock’n’roll dont tout le monde devrait se foutre (cf. les ultimes secondes). C’est dommage pourtant, parce qu’en réutilisant simplement cette bonne vieille vase, ce Something Wicked se hissait aisément parmi les meilleures sorties de doom en 2010. Mais c’est un peu ça, l’histoire d’Earthride : jamais un carré d’as, mais toujours un brelan de rois.
- Something Wicked
- Hacksaw Eyeball
- Make up your Mind
- Destruction Song
- Zodiac
- Watch the Children Play
- Grip the Wheel
- Supernatural Illusion
- Force Fed Fear
Tout ce que j'aime dans le Doom. Ce Rock'n roll de redneck, ces riffs gras excellents qui vont chercher par la peau du cul le Stoner de (forcément) Black Sabbath, et ce côté bouseux, on est des pommés, on fait du Rock lent, on s'en branle et sonne super bien! Something Wicked où l'une des découvertes Stoner / Doom de 2010, merci Caillou!