Earth

Drone Rock / Americana

États-Unis

Full Upon Her Burning Lips

2019
Type : Album (LP)
Labels : Sargent House
Tracklist
01. Datura's Crimson Veils
02. Exaltation Of Larks
03. Cats On The Briar
04. The Colour Of Poison
05. Descending Belladonna
06. She Rides An Air Of Malevolence
07. Maidens Catafalque
08. An Unnatural Carousel
09. The Mandrake's Hymn
10. A Wretched Country Of Dusk

Chronique

par Skaldmax

Earth reprend son bâton de pèlerin pour une marche aride à rapprocher de la période The Bees Made Honey In The Lion’s Skull. Exit les riffs lourds et les voix posées sur Primitive And Deadly, Dylan Carlson revient aux notes égrenées une à une, appuyées par la batterie lascive et glissante d’Adrienne Davies. Une recette déjà appliquée sur (au moins) la moitié de la carrière du groupe qui parvient néanmoins à se renouveler à chaque fois, dans les compos et la production. 

Full Upon Her Burning Lips est cependant moins lumineux que The Bees..., moins minimaliste que le diptyque Angels Of Darkness Demons Of Light. En fait, pas mal de titres sentent le danger sur cet album avec leurs attaques sombres, sans chichis ou trucages, mais faisant parler une maîtrise des silences et des gammes, doublée d’une alchimie entre les musiciens. Pour preuve : The Colour Of Poison qui prend à revers avec son deuxième motif très « agressif » (toute proportion gardée). Hyper frontal et appuyé, ce passage juste crunchy a de quoi mettre par terre bon nombre de groupes Stoner Doom et leurs kilowatts d’amplis. La tension de Datura’s Crimson Veil rappellera Torn By The Fox Of The Crescent Moon, ouverture massive et lugubre du précédent disque. Earth nous conte aussi les mirages par des notes fragiles et vascillantes sur le fantomatique Maiden’s Catafalque ou Descending Belladona. Exaltation Of Larks, également dans cette veine plus calme, donne à voir des contours flous, des guitares rondes et insaisissables dansant sur l’horizon. 

Et puis, une fois les chaudes vibrations amadouées, l’heure est à l’exploration du travail d’Adrienne Davies, batteuse créative s’il en est et capable d’insuffler une personnalité insoupçonnée à un kit de batterie. Adrienne est le vent qui souffle la poussière (Datura’s Crimson Veils), le verre et la ferraille qui se brisent (The Mandrake’s Hymn), ses cymbales sont les oasis sous le soleil de plomb érigé par Carlson. Et la musicienne aura beau jouer lentement, elle créée avec brio ces liaisons entre les temps, les habillant de son charleston traînant et de sa grosse caisse fatiguée, alimentant un groove aussi réfléchi qu’implacable. Le jeu d’Adrienne regorge de reflets, de tintements très bien mis en valeur par la production, et s’affirme plus que jamais comme l’un des deux piliers indéfectibles du pionnier Drone. 

Presque trente ans après leurs débuts, toujours pas de compromis. Earth est toujours lent, répétitif, hypnotique, condamné à errer dans le désert pour toujours. Les habitués du groupe trouveront sans problème leur bonheur dans ce disque qui ajoute (comme ses prédécesseurs) une couleur nouvelle à la disco des Américains. Bien sûr, il faudra prêter attention aux nuances, aux atmosphères, se laisser porter et y revenir plusieurs fois afin de s’imprégner en profondeur de ces dix titres.

16

A écouter : 1

Les critiques des lecteurs

Moyenne 15.17
Avis 3