Earth

Drone Rock / Americana

États-Unis

Angels of Darkness, Demons of Light II

2012
Type : Album (LP)
Produit par : Stuart Hallerman
Tracklist
1. Sigil of Brass
2. His Teeth Did Brightly Shine
3. Multiplicity of Doors
4. The Corascene Dog
5. The Rakehell

Chronique

par Chorizo

Enregistré lors des mêmes sessions que le premier opus sorti en 2011, Angels of Darkness, Demons of Light II est une capture directe des séances d'improvisation du quatuor de Seattle. L'autre face d'un dyptique ambitieux, comme une nouvelle étape dans la déjà longue carrière du groupe. Autant prévenir, cependant : n'attendez pas la révolution. Dans le désert, personne ne vous entend vous révolter.

Depuis 1990, de vibrations en expérimentations, la bande de Dylan Carlson gravite sensiblement autour des mêmes thèmes. Et même si la rupture Hex, or Printing in the Infernal Method a induit en son temps un changement d'orientation musicale, sa discographie ressemble à une infinie et aride traversée. La chronique se répète, de métaphores en analogies inévitables. Un disque de Earth possède ce déroulement métronomique, affreusement lancinant et, pour tout dire, prévisible, qui sied à toute étendue sans frontières. On imagine mal, après 20 ans de carrière, le groupe se renouveler. Cependant, l'introduction d'un violoncelle (Lori Goldston, aperçue lors de la session Unplugged de Nirvana) sur la première partie de Angels of Darkness... avait tout d'un pavé dans l'oasis. Tournoyant autour des lignes de guitare de Carlson, l'instrument en cristallisait la portée et se faisait l'écho de la face plus sombre du groupe. A l'écoute de "Old Black" ou de "Father Midnight", l'évolution paraissait naturelle, suffisamment marquante en tout cas, pour apporter un nouveau souffle à des compositions rôdées. 

Ici, n'attendez pas la révolution mais gardez les yeux ouverts tout de même. Ce deuxième volume, qui peut s'écouter indépendamment du premier, possède en effet de quoi prolonger l'intérêt, tout au long de ses 4 pièces. L'approche plus libre, apportée par la notion d'"improvisation", permet au violoncelle de se faire une véritable place au sein du groupe et de libérer sa nouvelle dynamique, notamment sur la deuxième et la troisième piste du disque. Décor de traversées en solitaire, Earth n'avait jamais autant sonner comme la bande-son de ces romans américains aux anti-héros décadents et poussiéreux, tels ceux de Cormac McCarthy, qui témoignent de la fin d'une époque dont les racines se délitent. "Don't that picture look dusty?". A l'écoute de "Waltz (A Multiplicity of Doors)", on ne peut s'empêcher de penser au crépusculaire The Assassination of Jesse James by The Coward Robert Ford d'Andrew Dominik, dont la formidable BO fut composée par Nick Cave & Warren Ellis. Dernières lueurs avant la nuit. Angels of Darkness... II baigne dans une lumière trouble, émaillée d'effets délicats, parfois aux frontières d'un voyage chamanique ("His Teeth Old Brightly Shine").

C'est peut-être le principal atout de ce disque, plus visuel que les précédents, qui en dit long sur ce dont est encore capable le groupe. Il est marquant de constater sur ces sessions que chaque membre agit en électron libre au sein d'un ensemble d'une rare cohérence pour un groupe instrumental, chacun à sa manière apportant une pierre à l'édifice. Au-delà de la profondeur du son des guitares et de l'inspiration sans faille de chaque coup de baguette, comme auparavant, Earth, en tant que totalité, possède dans sa besace une richesse sonore qui, imperceptiblement, lui permet de se renouveler sur chaque sortie, sauvant ces dernières de l'ennui et de l'abrutissement. Certes, et bien que Angels of Darkness... II soit un des ses disques les plus accessibles (voir la ballade americana "The Rakehell" qui clôt le disque, morceau non dénué de... groove), ses détracteurs ne changeront pas d'avis maintenant, mais les amateurs apprécieront immanquablement le voyage.

15

Earth: Angels Of Darkness, Demons Of Light II by pitchfork

Les critiques des lecteurs

Moyenne 14.17
Avis 3
Strangeel November 21, 2012 17:46
Dans la continuité du précédent, très convenable en somme !
14 / 20
zonzons July 5, 2012 17:30
Earth en a fait du chemin depuis son cultisme "Earth 2", et après plus de 9 ans d’absence, le père du drone/doom nous reviens changé. Earth a évolué, a mué, laissant sa peau rocailleuse et son venin distordu au loin, et franchement, ce n'est pas pour me déplaire. Earth c'est adouci, sans tomber dans le doom niais et dénué d’intérêt. ici le drone s'efface et laisse de la place au folk et à la country, nous proposant une musique douce, lente, envoûtante. parfois ce disque ma fait penser à Mark hollis ou aux dernières heures de Talk Talk, de par son côté très épuré, minimaliste et humble (je dois sûrement en faire marrer plus d'un à l'heure qu'il est). angels of darkness II est censé symboliser le bien, mais il regorge tout de même de passages plus sombres comme sur "Multiplicity of Doors". ce disque décevra les fan du drone/doom/expérimental de la première heure, mais ravira ceux qui aiment les belles choses, et on peux le dire que ce skeud est beau, temps dans la musique que dans l'artwork.
17 / 20
High February 11, 2012 18:17
A première vue cet album me semble bien meilleur que la partie I.

Les arrangements semblent plus harmonieux, et les ambiances très envoutantes.

Toujours pas extraordinaire par contre.
11 / 20