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Biographie

End

End est un groupe américain créé en 2017 et composé de Brendan Murphy au chant, Will Putney et Gregory Thomas aux guitares, Jay Pepito à la basse et Andrew McEnaney à la batterie. Le quintet produit un Hardcore chaotique pas trop éloigné de formations telles que Cult Leader ou Nails, et ne perd pas de temps en accouchant d'un premier ep à la rentrée 2017, From The Unforgiving Arms Of God, hébergé par Goodlife Recordings et produit par Will Putney. Pour cet EP End tourne notamment avec Knocked Loose
En 2020 McEnaney est out car il souhaite se consacrer à d'autres projets, alors même que End est sur le point de sortir son premier LP. C'est Billy Rymer, batteur de feu-The Dillinger Escape Plan, proche du groupe qui prend la place et enregistre avec eux Splinters from an Ever Changing Face.

17.5 / 20
6 commentaires (16/20).
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Splinters From An Ever-Changing Face ( 2020 )

Le problème quand on commence fort, c’est qu’il faut maintenir le rythme sous peine de voir de hautes attentes se muer en de douces déceptions. Ça n’a visiblement pas fait peur à End qui, trois ans après From the Unforgiving Arms of God, sort le très attendu Splinters from an Ever changing Face.

On reste ici dans la continuité de l’opus précédent. On retrouve cette tension qui  saurait reléguer Darren Aronofsky au rang d’amateur, cette hargne s’échappant de la gorge de Brendan Murphy comme si elle était animée par sa volonté propre et ce déluge d’information musicale qui, par un procédé tenu secret de père en fils, ne se termine pas en cacophonie. Mieux encore, l’arrivée de Billy Rymer rajoute une couche de virtuosité supplémentaire dans l’équation. Sans vouloir froisser Andrew McEnaney, tout le début d’Every Empty Vein aurait une autre allure sans les roulements, mêlés de blasts, mêlés de contretemps que seuls des maitres tels que Rymer peuvent réaliser, et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres présents sur l’album de la maestria de l’ancien batteur de The Dillinger Escape Plan.

Alors OK, au niveau de la batterie c’est costaud, en revanche les cordes sont, certes, très bonnes dans ce qu’elles font mais de là à parler de virtuosité, il y a quand même un pas. Qu’est ce qui fait que des morceaux tels qu’Absence ou Pariah sont si prenants ? Premièrement, on ne le dira jamais assez mais la technique est un outil musical, un moyen d’y arriver, pas une fin en soi. Mais alors qu’est ce qui fait qu’End se démarque d’autres groupes ayant un niveau technique similaire ? Ont-ils une construction de morceau particulière ? Non, pas spécialement. Une meilleure production sonore ? Non, absolument pas.  Font-ils preuve d’une originalité vraiment significative ? Ils ont leur marque de fabrique c’est sur, mais ils n’ont pas comme Kvelertak par exemple inventé un nouveau genre musical.

Et si ça se jouait sur leur trame narrative ? Dans un média comme le cinéma c’est souvent bien plus clair de repérer les grands axes narratifs d’une histoire qu’en musique. Etat initial, élément perturbateur, péripéties, conclusion, merci, au revoir. Concrètement tu prends deux points dans un carré, tu les fais s’agiter, l’un d’eux sort, pause, l’autre l’imite, en sort également et tout deux s’en vont. Vous n’avez vu que deux points et un carré, votre cerveau a conçut par lui même tout une histoire autour, pour justifier et comprendre ce qu’il voyait et lui donner une cohérence. Facile dans ces conditions non ? En musique c’est la forme qui est le fond, il n’y a pas de protagoniste à qui s’identifier et qui va avancer tout au long d’un processus narratif, c’est la succession de notes et de rythmes qui créé le truchement. Et en l’occurrence chez End, il y a un élément au dessus de tous les autres qui est particulièrement mis en avant : la tension narrative.

En terme d’écriture, la tension narrative c’est ce qui créé l’enjeu et rend la fin savoureuse. Ce qui fait que l’on passe par différentes étapes émotionnelles avant d’arriver à un moment clé de l’histoire pour le savourer pleinement. En l’occurrence ici, ça passe par une succession d’alternances entre des riffs plutôt courts. C’est plus flagrant sur le premier titre parce qu’il faut bien conditionner l’écoute. Une bonne partie de Covet Not aurait pu être simplifiée pour gagner en clarté au niveau de la lecture, mais End a choisi de ne pas laisser de longues phrases s’exprimer, les hachant par un changement rythmique, ou une grosse cassure dans les fréquences. C’est l’un des procédés que l’on utilise en musique pour faire monter la tension d’écoute, et qui rend aujourd’hui la plupart des chansons de Heavy des années 80 chiantes comme la mort.

Gain d’intensité, césures, doublement de rythme, larsens, notes suspensives, ajout de présence sonore, amorce puis cassure d’un riff, et la liste est longue encore. On retrouve tous les éléments de construction de la tension narrative sur Splinters from an Ever changing Face. Rajoutez un chanteur très énervé et une pointe d’originalité artistique, et vous voila piégés dans une cocotte minute qui va monter et monter en pression jusqu’à la délivrance finale intitulée Sands of Sleep. C’est déjà la méthode qu’ils avaient utilisé sur From the Unforgiving arms of God en encore plus réfléchie et travaillée.

L’attente était longue, mais elle en valait vraiment la peine. Splinters from an Ever changing Face est torturé, intense, violent et brillant, pas l’album d’une génération, mais un sacré album du moment et que dire d’autre si ce n’est vivement la suite !

A écouter : Pariah, fear for me now, Every Empty Vein, Sands of Sleep
16 / 20
4 commentaires (12/20).
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From The Unforgiving Arms Of God ( 2017 )

END. Rien que le fait d'écouter le tout premier EP d'un groupe qui s'appelle END est une ironie en soi, alors dire qu'il s'agisse d'un des albums les plus aboutis qu'il vous ait été donné d'entendre, et qu'il s'agisse d'une démo de démarrage de projet, je vous raconte pas !

De temps à autres, alors que les circonstances ne s'y prêtent pas particulièrement, il arrive d'être saisi par une musique, qu'immédiatement celle-ci  commande à votre cerveau de la réécouter, comme si elle s'emparait de vous. Une détresse intelligente, une haine sensible, une angoisse apaisante, tant d'oxymores qui viennent illustrer les sentiments procurés par From the Unforgiving arms of God. Car oui, avant toute construction raisonnée et logique de la chose, c'est d'abord aux tripes qu'END vient s'adresser. Ce pouvoir de réussir à sauter l'étape cognitive est un privilège accordé à très peu, du moins dans ce style.

Niveau stylistique justement, pour situer à ceux qui ne connaitraient pas ce groupe, on est entre Norma Jean/The Chariot à la grande époque, Converge à ses débuts, ou dans les groupes un peu moins connus Hero Destroyed et Shaped by Fate. Un peu de ci, un peu de ça, beaucoup de Hardcore et le tour est joué. Rien d'absolument exceptionnel, mais extrêmement bien réalisé et dans un style qui plus est pas mal casse gueule. On notera les recours judicieux aux dissonances, aux breakdowns et aux blasts sortis de nulle part. Encore une fois, ce n'est pas ce qui se fait de plus rapide ou de plus lourd, mais c’est très bien senti. Gros point fort donc au talent de composition.

Niveau incarnation le chant n'est pas en reste. C'est notamment grâce à cette interprétation très talentueuse que l'on est happé dans des méandres de tourments, de rage et de désespoir. En témoignent Necessary Death, ou toute la deuxième partie de Survived by Nothing. Les ambiances très présentes tout au long des six morceaux, parfois légèrement "atmo" dans l'idée sont une arme supplémentaire qui viennent porter cette prosodie violente et oppressante.

Un premier EP si prometteur ne peut augurer que du bon pour la suite. Reste juste à être patient maintenant.

A écouter : Tout