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Biographie
Dysilencia est un groupe originaire de Brest, formé en 2004, ayant déjà à son actif un nombre assez important de participation à divers tremplins et concours de la région bretonne, et qui nous propose un électro métal dans la lignée d'un Mass Hysteria ou d'un Sidilarsen. Textes en français, inspirations funky / rock / electro donnant une couleur festive aux compositions, deux frontmen au chant alternant lyrics gutturaux et refrains chantés et une section rythmique soutenue caractérisent cette formation aux titres soignés, souvent engagés, mais pas trop ! Après presque 10 ans d'existence et quelques changements de line up, le groupe se stabilise avec l'arrivée d'un deuxième chanteur et d'un nouveau bassiste, une envie d'aller plus loin, et signe sur le label breton Finisterian Dead End en février 2013 pour sortir son premier EP intitulé Boule A Facettes. A noter que le groupe a déjà fait l'ouverture pour plusieurs groupes comme Sidilarsen, Mass Hysteria ou encore Gojira. Le groupe revient en 2015 avec un nouvel ep, Ceux Qui Marchent Debout.
Line up :
Max : Chant Julien C : Guitare Julien G : Chant Sylvain : Basse Denis : Guitare Tool : Batterie
Dysilencia construit pas à pas sa discographie en refaisant surface début 2015 avec Ceux Qui Marchent Debout, un nouvel ep composé de cinq titres, toujours mis en avant par le label breton Finisterian Dead End.
Placé sous le signe d'un Rock / Metal largement empreint de sonorités Electro, ce qui en fait leur marque de fabrique, les brestois remettent au goût du jour un genre popularisé il y a des années par Mass Hysteria, No One Is Innocent ou Sidilarsen. Dans une moindre mesure leur musique renvoie à la période Néo Metal du début des années 2000 et il est impossible à l'écoute de Ceux Qui Marchent Debout de ne pas se remémorer un temps soit peu Pleymo, Enhancer ou les moins connus mais pourtant du même coin, No Place For Soul, que se soit par les intrus simplistes mais efficaces, les paroles chantées en français, les phases légèrement rappées et les quelques touches Electro / Indus, notamment.
J'en vois déjà frémir, et l'intérêt de Ceux Qui Marchent Debout est donc à déterminer en fonction de cela. Soit vous êtes d'humeur nostalgique et Dysilencia devrait faire remonter quelques vieux souvenirs remémorant vos jeunes années ou vous n'aviez pas besoin de trois jours pour vous relever frais comme un gardon après une soirée bien trop arrosée. Peut-être même que vous trouvez toujours votre compte dans ce genre musical passé en désuétude, ou que vous êtes naturellement apte à apprécier ce genre de production. Mais il est probable aussi que vous soyez, comme moi, passés depuis longtemps à autre chose et dans ce cas, il y a de fortes chances pour que cet ep vous laisse de marbre ou pire, pour les plus intolérants, vous fasse rendre votre quatre heure en vous demandant comment on peut encore jouer ce type de musique en 2015.
Ceci étant précisé, ce second ep, comme le précédent, est bien calibré, on note même un effort en terme de production, avec une rythmique appuyée qui propose de petits moments qui font effet. On pense par exemple aux lignes mélodiques ou aux riffs de Sentence ou plus particulièrement aux refrains du titre éponyme ou de Les Uns Et Les Autres car globalement les titres se révèlent souvent articulés autours de ces refrains et c'est dans ces moments là que les brestois déploient au mieux leur énergie. Le double chant partagé entre Max et Julien G. se complète bien, entre phases rappées, chantées ou hurlées. On n'est pas au niveau de Black Bomb A, mais le rendu est convenable, même si certaines lignes ont tendance à se répéter, et ce qui pourrait être véritablement problématique sur un long format n'est pas trop dérangeant sur cinq titres.
Ceux Qui Marchent Debout est dans le fond un ep correct sachant que les groupes précités ont déjà tout dit ou presque dans le domaine et que Dysilencia leur emboîte le pas avec les défauts inhérents au genre comme l'aspect adolescent forcément lié au genre Néo Metal / Electro ou le chant en français et les maladresses qui en découle (« J'ai perdu le nord, dissipé le décor. J'ai perdu le nord, et alors?" sur Prédilection »). A voir donc dans une éventuelle future production si le groupe arrive à outrepasser cela.
Boule à facettes, un titre étrange pour un EP au premier abord plutôt étrange, à savoir quatre titres d'un électro métal festif, voire dansant par moments (d'où la boule à facettes peut être ?) témoignant d'une volonté du groupe de sortir de l'anonymat et de proposer au public un programme et des sonorités à la mode il y a quelques années, de plus en plus rares aujourd'hui. Évoluant dans un style où les samples électro se mêlent aux riffs et rythmiques burinés, la musique de Dysilencia est pour le moins atypique : variée, dynamique et plutôt créative, on retrouve tout ce qui a fait le succès de groupes comme Mass Hystéria ou Sidi Larsen à l'époque, à savoir des refrains imparables, des riffs faciles mais toujours pertinents et des nappes électro bien senties, en somme un mur de son plutôt réussi. Là où le groupe se démarque, c'est avec leurs deux chanteurs, complémentaires dans la hauteur et le style puisque l'un chante les refrains et les paroles des titres tandis que l'autre enrichit les compositions avec des growls et autres joyeusetés du genre, et c'est indéniablement un plus car cela donne au final une partie chant extrêmement riche et bien travaillée.
Pour un premier passage en studio, le groupe se révèle plus ou moins efficace tout au long de ces quatre titres entraînants. Rien de bien original malheureusement au final, on sera surpris par une certaine énergie sur A Tort et a Travers (les quelques samples électro y sont d'ailleurs pour beaucoup) ou par des rythmiques au niveau de testostérone impeccable (DK Danse), mais la plupart du temps le groupe ne convainc pas totalement, la faute à ce style un poil conventionnel et à ces paroles chantées dans la langue de Molière franchement pénibles par moments. Musicalement, rien à reprocher, les zikos font leur boulot, c'est bien, c'est propre (la production est impeccable) et des titres comme DK Danse ou Boule à facettes regorgent de riffs bien pensés, de rythmiques ingénieuses ou de samples fédérateurs.
Au final, à part quelques éléments qui pêchent un peu, ce premier EP est de très bonne facture, et on espère vraiment que la formation puisse transcender un peu ce genre et aller plus loin car le talent est présent, les idées sont là et il ne manque pas grand chose pour établir les bases d'un électro métal un peu plus original. Un groupe qui doit certainement prendre tout son sens en live, vu le caractère festif / dansant de certaines compositions.
A écouter : DK Danse, Boule à facettes
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