Drudkh

Black Metal Atmospherique

Борозна Oбірвалася (A Furrow Cut Short)

2015
Type : Album (LP)

Chronique

par Shades of God

Toujours adepte de la « communication zéro », et ce en dépit d’une signature chez Season of Mist l’un des plus gros label / distributeur Metal existant (joli paradoxe), Drudkh est ce que l’on peut appeler un groupe hyperactif. Les Ukrainiens nous abreuvent d’une sortie sous forme d’album, EP ou split presque tous les ans. La réussite souvent au rendez-vous, Drudkh passe parfois à côté de son sujet comme sur Songs of Grief And Solitude et The Swan Road, bien en deçà de ce qu’il est en mesure d’espérer d’eux. C’est avec une relative confiance mais aussi avec quelques réserves que l’on se lance dans l’écoute de A Furrow Cut Short (Борозна Oбірвалася en V.O).

Le dernier LP des hommes de l’Est, Eternal Turn of The Wheel, avait laissé une forte impression bien qu’étant un peu court. À peine 5 titres pour 35 minutes de Black Metal froid et aérien proche des hautes sphères du genre, mais il manquait ce petit plus qui fait qu’un album s’installe définitivement dans les mémoires. Sans changer radicalement sa formule Drudkh propose avec A Furrow Cut Short un opus plus long (60 minutes) dont le contenu oscille toujours entre brutales accélérations et passages nettement plus mélodiques. La formation de Roman Saenko a (enfin ?) trouvé la parfaite combinaison entre la violence et la mélancolie pour distiller durant les 7 titres de ce brûlot une musique empreinte d’émotions où les âmes tourmentées sont amenées à se perdre. 
Plus que jamais Drudkh maîtrise son Black Metal qui, pour l’occasion bénéficie d’une production haut de gamme mais sans être aseptisée. On sent toujours le côté raw et malsain, mais la balance est coordonnée à la perfection, elle offre une dimension plus intense aux compositions. On se délecte littéralement de Embers fait de riffs tantôt agressifs, tantôt mélodiques, accompagné de nappes de claviers discrètes mais ô combien géniales qui sublime un titre remarquable. Nous sommes également conquis par la paire Dishonour (I&II) qui sur sa première partie se veut violente, très rythmée, accrocheuse, avec des hurlements rageurs tandis que la seconde, elle, sera bien plus aérienne, plus down-tempo avec une batterie calme et des leads guitares inspirés transpirants de tristesses. Ces deux titres sont aussi merveilleux qu’éprouvants, l’écoute se révèle être un grand moment qu’il est cependant impossible de partager tant ceux-ci vous touchent dans votre fort intérieur. À la croisée des premiers Emperor pour le côté symphonique et d’un vieux Darkthrone sur son aspect « sale » To The Epoch of Unbowed Poets est l’une des pièces maîtresses d’une oeuvre qui marque les esprits, la basse vrombissante est absolument géniale et que dire de ce pont sur la fin du morceau, si ce n’est qu’il parachève une démonstration de 9 minutes qui montre que la formation est au sommet de son art. Aussi fou que cela puisse paraître, et pas seulement pour le profane, Drudkh dégage une certaine forme de romantisme dans sa musique, un romantisme noir certes, mais une réelle beauté émane de cet album. 

Si parfois la longueur d’un titre peut être son frein en installant une redondance qui finit par lasser, Drudkh, avec tout sa classe évite ce piège non seulement en variant ses compositions mais aussi en insufflant à chacune d’entre elles énormément de virtuosité permettant à l’auditeur une immersion totale dans un milieu à la fois hostile et salvateur. 

Totalement inspiré et ne souffrant d’aucun défaut majeur A Furrow Cut Short consacre une formation à part, qui n’éblouit que par sa musique. Drudkh entre un peu plus dans la légende du Black Metal avec l’album que beaucoup attendaient pour définitivement leur coller cette fameuse étiquette de « groupe culte ».

16

Les critiques des lecteurs

Moyenne 12
Avis 1