Album assez bon dans l'ensemble, le départ de Portnoy est quand même un point faible pour ce groupe désormais. Le changement de style est plutot réussi je trouve, même si le meilleur est derrière eux.
Pochette simpa.
Il y a toujous de belles choses chez Dream Theater. C'est peut-être pour ça que ce groupe est si difficile à appréhender, et qu'il est parfois si décrié, finalement. Depuis plus de 20 ans la bande à Petrucci, La Brie, Rudess et ex Portnoy n'ont pas arrêté les sorties, réglés comme un métronome, oscillant entre le très bon et le moins bon. C'est pourquoi ce nouvel album fait déjà débat, et soulève les passions dans les communautés metal, comme la majorité de leurs travaux. Oui, il y a toujours de belles choses chez Dream Theater, et il y a de belles choses dans cet album.
Sur la pochette, d'abord, il faut dire que le groupe ne s'est vraiment pas foulé. On sait que leurs artworks sont très conceptuels, et parfois magnifiques d'ambiances (Black Clouds and Silver Linings, Metropolis pt.2), mais ici on tombe dans les même tons qu'un Failing into Infinity ou Octavarium, avec ces tons clairs et aériens tellement bateaux et mièvres.. Ce qui ne sert franchement pas au groupe et alimentera les clichés envers leur musique.
Stylistiquement, on est dans un
mélange entre un Failing into Infinity et un Six Degrees of Inner Turbulence (Première partie).Et oui, ce
nouveau Dream Theater renoue avec un style purement prog' plutôt
abandonné avec leurs derniers albums. On retrouve les longues
plages instrumentales, les solos et duos claviers/guitare typiques
du groupe, quoi que moins inspirés que sur un Six Degrees of Inner Turbulence, et des refrains et des riffs toujours aussi
créatifs et inspirés (L'épique Outcry). On voit aussi la place de plus en plus
prépondérante que prend le clavier de Jordan Rudess - qui faisait
déjà office de seconde guitare depuis son arrivée dans le groupe - mais qui se fait de plus en plus présent
sans toutefois étouffer Petrucci et son jeu toujours aussi technique. Rudess
abandonne ici le côté symphonique prononcé qu'on trouvait sur un Black Clouds&Silver Linings par exemple, en revenant à un
style plus prog70'. Alors oui ça sent un peu le réchauffé, mais on ne
peut pas dire que Dream Theater soit un groupe qui tourne en rond, et
puis après la série d'albums gigantesques qu'ils ont sorti pendant
20 ans, ils n'ont plus grand chose à prouver.
Vous vous demanderez sûrement pourquoi je n'ai pas encore parlé de Mike Mangini, le nouveau batteur, remplaçant de Mike Portnoy, pourtant hyper-médiatisé et attendu au tournant par les fans. En réalité c'est justifié, tant celui-ci se fait transparent sur album. Techniquement il y a du niveau et c'est similaire à Mike Portnoy, tellement similaire qu'on arriverait pas à faire la différence entre leurs techniques de jeu ; on sent qu'il n'a pas eu envie d'imposer son style pourtant très large, mais son jeu, en tout cas sur cet album possède malheureusement beaucoup moins de personnalité ; pas un seul rythme ou break marquant, pas un seul plan que l'on ait envie d'étudier ou de reproduire sur un kit, alors qu'il aurait pu en profiter pour donner un second coup de jeune au groupe et apporter un style un peu nouveau.. Bref, le gros point noir de cet album. On lui laissera le bénéfice du doute, puisque cela fait moins d'un an qu'il fait partie du groupe, et qu'il n'a quasiment rien composé des parties de batterie.
Parfois, il arrive aux Américains de
sortir un morceau d'anthologie (Octavarium, The Count of Tuscany..) qui, pour un petit moment, une sonorité, un refrain, vole l'album et
en fait un chef d'oeuvre. Ici pas vraiment de tout ça, tous les
morceaux se valent et suivent une chronologie, à la manière d'un Metropolis pt.2. En ressortent toute fois Outcry, Lost Not Forgotten
ou Breaking all Illusions qui se hissent au rang des 10-15 meilleurs
titres du groupe, à mon sens. On note également la touchante Far
from Heaven et la très bonne (et très pop) This is the Life, à côté desquelles
font pâle figure les faibles Beneath the Surface ou Build me up,
Break me down.
Mais Dream Theater est un groupe
tellement experimenté qu'il lui semble impossible de faire de
grosses erreurs.. On parle ici quand même d'un des mastodontes du
Metal Moderne. Il n'en reste que ce A Dramatic Turns of Events n'est
ni leur meilleur, ni leur plus mauvais album. Pour ceux qui n'attendent plus rien de nouveau chez ce groupe culte, qui a déjà beaucoup donné.
La bonne nouvelle: Dream Theater n'est pas devenu ennuyeux sans Portnoy. Quelques très bon passages dans cet album, qui est globalement meilleur que le précédent.
La mauvaise: cet album ressemble plus à un ensemble de chansons posé pêle-mêle plutôt qu'un album soigneusement conçu. Aucune profondeur, aucune suite dans les morceaux, rien!