Dragunov

Post Metal

France

Vepr

2024
Type : Album (LP)

Chronique

par Pentacle

J'ai toujours aimé Dragunov depuis leurs débuts il y a de ça dix ans, mais encore plus avec la sortie d'Arkhipov en 2020 qui passait à un stade supérieur. Mais surtout, j'adore particulièrement la musique du duo lorsqu'elle prend forme en live avec ce déploiement de lourdeur, d'énergie communicative avec le public, la complicité entre ces deux musiciens et cette façon de ressentir leur Post Metal / Progressif de façon aussi intense et jouissive.


Vepr, leur troisième effort arrive en cette fin 2024 et on peut l'affirmer sans sourciller, c'est leur meilleur album à ce jour. L'évolution de Dragunov semble fluide, logique, sans trop bouger les lignes qu'ils appliquent depuis des années, mais elle subtile, plus fine, plus riche aussi. Des bases d'un Post Metal (qui inclue des influences Post-Rock, Postcore, Doom Metal) à des tendances vers le Metal Progressif, avec Vepr, leur art se densifie, s'enrichie, devient encore plus touchant. Vepr est peut-être leur album le plus personnel, le plus identifiable dans le "son Dragunov" si l'on connait leurs faits d'armes passés. Pour celles et ceux qui découvre le groupe, imaginez vous la rencontre entre Pelican, Mastodon, Russian Circles, Cult Of Luna et pour des choses plus de niche, Cranial, Dirge ou encore Ovtrenoir


Cette croissance, elle vient d'une part des arrangements d'avantages présents et d'une production supérieure qui rend encore plus hommage à la fois à la lourdeur et l'efficacité de leurs compositions, mais aussi aux émotions qu'elle peut transmettre. Ici et là des samples, des ajouts externes au combo guitare / batterie viennent agrémenter les morceaux comme c'est le cas des voix fantomatiques sur Makhno ou du spoken word au début ou de nappes d'ambiances. Les parties électroniques de "Holodomor" très classes, la voix growlée de Stefan De Graef (Hippotraktor) sur "The Great Hour" apporte une puissance de fou à la musique de Dragunov est une autre dimension à leur musique, ainsi que l'apparition de Vincent Barbaud (ex-Abysse - où officiait également Sébastien, le guitariste) sur certaines lignes de guitare et solo d'"Orange" est très jouissif. Le brumeux "Bialowieza", très électronique, presque Trip-Hop par moment est d'une superbe classe tout comme "Alligator" avec ses moments d'une finesse Post-Rock.


C'est tous ces éléments disséminés ici et là qui rendent la musique de Dragunov plus riche, plus forte, encore plus impactante. Mais il faut aussi concéder que le duo est super fort pour transmettre du riff et du patern de batterie te qui défonce une porte telle une perquisition du Raid dans ton logement à 5h du mat. Le temps fort du disque reste "The Great Hour", super efficace et mémorable avec Stefan de Graef qui apporte tellement au niveau du chant, mais on peut aussi parler du riff Doom / Sludgy de "2402" ou les cavalcades de "Holodomor". On appréciera fortement l'ambiance Gothique brumeuse de "Bialowieza" qui est une très belle réussite et que l'on peut rejoindre aussi avec les parties Electro / Post-Rock / Trip-Hop d'"Alligator" de grande classe drapée de noir. Et si tu veux de la baston, "Orange" est vraiment là pour t'en coller une entre les gencives.


Je m'attendais à un bon album de la part de Dragunov, mais je ne prévoyais pas d'être aussi surpris et remué par ce Vepr. Leur manière de rester dans leur art tout en le perfectionnant à chaque sortie est admirable. Comme peut l'être un Birds In Row ou Alcest finalement, pour faire un parallèle avec deux autres formations françaises. Je maintiens cette comparaison flatteuse écoutez ce Vepr et surtout allez les voir en live car c'est impressionnant.

16

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