Après une tripotée de démos et deux albums plutôt prometteurs, Draconian revient avec un disque qui pourrait aisément passer pour un troisième effort. Hélas, et peut-être heureusement, il n’en est rien : The Burning Halo est présenté trompeusement comme le successeur d’Arcane Rain Fell alors qu’il se contente de ne délivrer que quelques titres inédits. Et alors qu’on apprend que le groupe ne pourra pas venir défendre cette nouvelle sortie en Europe méridionale, suite à de sordides affaires très matérielles, on ne peut s’empêcher de penser que le cru 2006 de Draconian n’a pas eu la même inspiration ni la même saveur que celui des années précédentes.
The Burning Halo s’ouvre là où Arcane Rain Fell nous avait laissé en oeuvrant dans un doom metal gothique fort bien fichu, à la propreté suédoise, au romantisme exacerbé, aux mélodies imparables de mélancolie et de douceur, utilisant des incursions vers des ambiances plus doom death et un mélange particulier (quoique) entre chant masculin guttural ou parlé et pureté lyrique féminine, récitant de poétiques textes. Les premiers titres du disque, She Dies, Through Infectious Waters (A Sickness Elegy) et The Dying, tous trois inédits, nous présentent donc les derniers travaux de Draconian, qui, soyons franc, n’apportent strictement rien, malgré leur qualité, à l’évolution du groupe. Bien que, par essence, le combo suédois ne soit pas enclin à faire preuve d’une créativité sans limites, relativement proche de la facette la plus douce d’un My Dying Bride dernière mouture, ses nouveaux titres se contentent de perpétuer les affres du précédent album sans grands coups d’éclat.
Reste donc le surplus du disque, offrant trois titres de la vieille démo The Closed Eyes Of Paradise, dont le groupe se plait à répéter qu’elle n’est jamais officiellement sortie, pour mieux faire passer la pilule du réchauffage. Datant de 1999, ces trois titres, produits en totale adéquation avec le début du disque, dans un souci d’intégration et de cohésion, montrent un Draconian plus sincère et agressif, malgré ses ambiances très poétiques si caractéristiques. On retrouve donc un groupe dont les compositions sont moins formatées et courues d’avance, osant des intrusions plus violentes, souvent plus metal gothique que doom à proprement parler, une mélancolie moins bridée, et qui maîtrise moins son sujet comme une machine à composer des titres cohérant et plaisants, mais a le mérite d’y mettre ses tripes bien plus qu’à l’heure actuelle.
En derniers lieux, Draconian nous gratifie de deux reprises des années 70 à la qualité pour le moins inégale. La première, On Sunday They Will Kill The World, du mystérieux groupe allemand Ekseption, composée à l’origine en 1970 et mélangeant une structure de piano du compositeur Rachmaninov à un rock classique, est mise à la sauce doom suédois, pour un résultat vraiment sublime, et à dire vrai, plus grâce au talent du défunt Russe qu'au travail du groupe, qui là encore, se contente de n’utiliser que ce qu’il sait faire de mieux. Enfin, donc, Draconian s’essaie à reprendre Forever My Queen des légendaires Pentagram, et se révèle ne pas du tout l’interprêter, se contentant de copier l’originale dans un registre stoner très forcé. Sans intérêt donc, bien qu’on apprécie l’hommage à ces pionniers du mouvement doom.
Au final, le fait que The Burning Halo ne soit en fait pas du tout un album, alors qu’il est vendu en tant que tel (du moins la version promo), gâche un peu la partie, tant on sait que Draconian a le potentiel pour se démarquer. Arcane Rain Fell avait légèrement déçu, et ce nouvel épisode présente un groupe encore plus sur le déclin, qui de surcroit nous sert ce flashback qui nous fait juste nous rappeler qu’il a bien perdu de son mordant, dans un style où la caricature guette rapidement celui qui se repose sur ses lauriers. Les vieux titres se révèlent plus intéressants que leurs successeurs, dernier album compris, et font regretter l’époque de Where Lovers Mourn et des enregistrements précédents, du point de vue de l'inspiration. Espérons donc un disque plus consistant et moins futile à venir, car Draconian stagne, et c’est dommage.
A écouter : si vous connaissez déjà les albums.