Un groupe culte et injustement oublié par les soi-disant True.
Dousseur de Vivre
Hard Rock

Poésie
Chronique
Les joies du vide-grenier. L'odeur de la poussière. Les doigts gris à force de voguer de relique en relique. Une pochette défraîchie, qui n'avait plus vu la lumière depuis des lustres. Un image un peu (beaucoup ? passionnément !) ringarde, mais un nom qui soulève des réminiscences. À l'intérieur, une galette qui semble miraculeusement en bon état. Une paire de pièces qui change de mains. Un chineur heureux qui repart avec son acquisition sous le bras. Retour à la maison, mise en place, le petit crachotement...
Dousseur De Vivre a connu une carrière aussi brève que brillante. Moqué par les uns pour son nom franchouillard et sa faute d'orthographe (adoptée suite à une erreur du graphiste !), adulé par les autres, son unique album aura fait couler de l'encre à une époque où elle n'était pas virtuelle, avant de sombrer peu à peu dans l'oubli. Qui sait où ils seraient aujourd'hui, s'ils avaient résisté à la pression du succès ? Des histoires de gros sous, des histoires de fesses, ou plus généralement, comme le disaient les tout aussi regrettés Tranxen 200 : des divergences conceptuelles des concepts du groupe.
C'est pourtant un trio soudé que l'on retrouve sur Poésie, suivant le sillon Hard-Rock / Glam tracé par Kiss, ZZ Top, Van Halen, ou plus récemment (enfin, plus récemment pour l'époque) Guns'n'Roses, et dès le morceau-titre il est clair qu'ils n'ont déjà plus rien à envier à leurs modèles (si ce n'est, rétrospectivement, leur longévité). Des guitares qui saturent, du riff qui accroche de la première à la dernière seconde et qui colle à la peau pire que les nippes d'un Glam band, du solo bien senti, du break bien placé, la science du refrain que tu peux reprendre à tue-tête, une basse et une batterie simplistes pour soutenir le tout, et cerise sur le gâteau, des paroles dans la langue de Molière. Et vas-y que ça enchaîne sa palanquée de tubes : les détracteurs avaient beau casser du sucre sur leur manque d'originalité, comment rester insensible face à Luxe, calme et volupté, Ordre et beauté, Terre Glaise, et surtout l'inévitable Poésie ?
On a mentionné les paroles en français, alors attardons-nous un peu sur leur contenu. Question textes, on est loin ici d'un Appétit Pour La Destruction, et le titre Poésie tout comme le nom de la formation collent aux thèmes abordés, contrairement à ce que l'on pourrait croire quand on connaît le genre pratiqué. Nos zigs avaient un penchant très net pour la beauté, la douceur (ou plutôt la dousseur ?), le tout saupoudré d'évocations bibliques (l'évangile, la genèse...), même si interrogés sur leur rapport à la religion, les musiciens prétendaient ne pas prêcher spécifiquement le christianisme, qu'ils voyaient avant tout comme une référence culturelle, et de leur côté prônaient davantage une « totale liberté de penser cosmique vers un nouvel âge réminiscent » (et vice et versa).
L'harmonie tant révérée paraît un peu ironique, quand on prend du recul sur le groupe, puisqu'à peine quelques mois après la sortie du disque, il se disloquait sans espoir de retour. Il n'empêche, cette formation éphémère aura laissé derrière elle un opus apprécié des connaisseurs et malheureusement oublié du grand public.
Un reportage d'époque, suivi du clip de Poésie (à 3:57), est disponible ici.
(Chronique publiée à l'occasion du 1er avril 2019.)
Les critiques des lecteurs
Un groupe culte et injustement oublié par les soi-disant True.
Un album touché par la grâce. Un tournant dans l'histoire du rock. Et puis cet artwork: délicat, jamais vulgaire, jamais macho... bref, la classe!
jme disais bien que je connaissais ce groupe ^^
et la pochette qui tue ^^
L'Arche de Triomphe :D
Reste inégalée
Haha, j’y étais, au tournage de ce sketch !!
Bon allez, j’y vais de ma petite anecdote… ;)
Une dizaine de jours avant le tournage, le staff des Inconnus cherchait des figurants “hardos” (ben oui, on ne parlait pas de “métalleux” en ce temps-là) pour figurer dans le clip, et pour ce faire, ils tractaient à l’entrée des concerts. Si ma mémoire est bonne, c’est en faisant la queue devant le Zénith de Paris pour un concert de Megadeth que je me suis donc retrouvé avec le tract entre les mains, avec l’adresse des studios et la date du tournage. Comme j’étais (hélas) déjà parisien à l’époque avec un emploi du temps plutôt cool du haut de mes vingt ans, je m’y suis donc rendu le jour J.
De mémoire, il devait y avoir une petite centaines de hardos qui avaient fait le déplacement, tous bien lookés en vestes à patch et blousons en cuir. Les techniciens nous ont fait entrer dans le hall pour tourner quelques gags (qui finalement ont tous été coupés au montage), tandis que nous entendions le morceau qui venait de la salle principale où les premières prises de vues (sans le public) étaient en train d'être faites. Je me souviens d’ailleurs que nous nous regardions tous avec des moues perplexes, car le morceau ne nous semblait vraiment pas terrible (ce que j’ai d’ailleurs toujours tendance à penser aujourd’hui, et c’est dommage, car la parodie de Rock alternatif tendance Punk que les Inconnus avaient réalisée quelques temps auparavant était en revanche très réussie… Mais je suppose qu’il était alors plus facile de trouver des musiciens sachant composer à la manière de Noir Désir ou de la Mano Negra en France que du Heavy Metal pur et dur).
Bref, c’est un peu déçus que nous sommes finalement entrés dans la salle pour les 3 ou 4 prises de vues “live” – si j’ose dire –, mais on s’est quand même tous bien marrés et l’ambiance était cool. Je me souviens d’ailleurs que les gars ne voulaient pas qu’on slamme, car ils croyaient que c’était uniquement une spécialité du Punk et craignaient que ça fasse redite avec leur parodie précédente. Haaa, la méconnaissance du Métal, encore et toujours… En repartant, Campan m’a aidé à essayer de retrouver (en vain) un de mes beaux bracelets cloutés que j’avais perdu dans le pogo, et puis il n’y plus eu qu’à attendre un petit mois pour voir le résultat à l’écran.
Honnêtement, aujourd’hui encore, je ne crois pas que ce sketch soit leur plus réussi, en raison principalement, comme je le disais plus haut, du manque de familiarité évident dont souffraient Bourdon, Campan et Légitimius avec le Hard Rock. En conséquence, ils ont surtout accumulé pas mal de clichés pas forcément très drôles, ni pour les fans du genre qui se seraient volontiers bidonnés devant une caricature pertinente, ni pour le grand public français, à l’époque encore assez peu familier avec le gros Rock US à la Mötley Crüe et qui n’a pas forcément percuté toutes les références. On voit d’ailleurs que Guns’n’Roses, qui commençaient à peine à percer sur les radios tricolores, étaient probablement la seule référence visuelle disponible… Hé oui, il était encore loin, le Hellfest, en ce temps-là !
Mais bon, je ne crache pas dans la soupe (enfin, façon de parler, puisque tout ceci était évidemment bénévole) : les gars étaient sympa et l’initiative louable, même si au final, le résultat ne fût pas aussi excellent que certains semblent le croire. Sans doute la nostalgie d’une époque plus légère y est-elle aussi pour beaucoup…
Stay Heavy & Long Live Rock'n'Roll ! \m/