C’est doucement mais surement que Dopethrone s’impose comme l’une des références de la scène Doom / Sludge. Après 3 albums faits dans l’esprit « Do It Yourself » en totale autoproduction, le trio montréalais a choisi de passer à la vitesse supérieure pour sa nouvelle réalisation, Hochelaga, en signant avec le label Totem Cat Records. Intéressant de voir comment le groupe aborde ce nouveau virage dans sa carrière, qui s’étoffe un peu plus avec ce nouvel opus.
De façon succincte il est possible de dire que Hochelaga est un album de tradition, qui poutre à outrance et que chacun de ses titres est une vraie bûche. Ce qui en soi, n’est pas faux. Mais ce serait tout de même manquer de respect au travail réalisé par Dopethrone, qui, soyons sincères, passe un nouveau cap en matière d’efficacité. L’approche globale des Canadiens ne diffère pas énormément des précédents brûlots, les riffs sont lourds, le tempo pachydermique, et il y a toujours ce petit côté psychédélique que l’on retrouve notamment dans les leads et soli de guitares. Hochelaga est une parfaite symbiose de Doom gras, de Stoner groovy, et de Sludge crasseux, la différence majeure se situe aujourd’hui dans la maîtrise, Dopethrone manie habilement les courants cités avec une facilité déconcertante. De ce fait vous passerez comme si de rien n’était d’un rythme lent et poisseux sur Sludgekicker ou Chameleon Witch (plus lent serait reculer) à des plans plus groove sur le fabuleux Vagabong, qui s’inscrit très certainement comme un futur hit. Scum Fuck Blues dégage également une puissance toute particulière alliant à la perfection le Doom et le Stoner, il est impossible de ne pas machinalement bouger la tête d’arrière en avant tellement le titre est prenant, le refrain est de plus très entêtant : Smoke, Drink, Die.
Ces premières cartouches envoyées, on peut penser que le meilleur a été donné. Il n’en est rien, durant la seconde partie de l’œuvre, Dopethrone continue son écrasant travail d’usure mentale et balance 3 titres de plus de 6 minutes pouvant être assimilés à une trilogie tellement ils sont indissociables les uns des autres, clôturant de fort belle manière Hochelaga. Ajoutez à cela une production en béton, un mixage cohérent, laissant chacun des instruments s’exprimer à sa juste valeur et un artwork magnifique qui en jette encore plus sur la version vinyle (la taille le permettant).
Le seul petit bémol est dans les parties vocales, si celles-ci sont de qualité, on peut néanmoins regretter qu’elles ne soient pas plus présentes, elles sont un poil en retrait et entraînent une légère perte de puissance. À moins que le but était de leur donner un côté incantatoire et mystique, auquel cas, c’est réussi.
Avec cette réalisation Dopethrone frappe un grand coup et confirme sa notoriété grandissante, il est rare de se permettre le luxe de composer un album où chaque titre est aussi bon que le précèdent. Le plus dur commence peut-être pour les Canadiens qui viennent de mettre la barre assez haute, faire mieux se révélera être un challenge de taille.
A écouter : Plutôt deux fois qu’une