Souvent référé comme un descendant de The Devil’s Blood (on y retrouve l’ancien bassiste et l’ancien batteur) au même titre que Death Alley, Dool tend tout de même à s’écarter de cet héritage pas facile à porter. L’aura mystique (en clair, le fantôme de Mercyful Fate) y est moindre que dans le feu projet des Lemouchi, bien que la noirceur reste un ingrédient commun. Elle se manifeste à travers un Rock assombri par le Doom Metal et des influences Goth (en témoigne leur récente reprise de Killing Joke).
Oublions donc tout lien de parenté avec The Devil's Blood. En fait, Ryanne Von Dorst et sa voix chaude et grave sont en grande partie responsables du climat de Summerland. La chanteuse y occupe une place centrale, usant d’une sorte de clair-obscur vocal qui confère aux montées aiguës une valeur due à leur rareté. Ode To The Future ou Wolf Moon par exemple, bénéficient de cet apport qui aide à fixer les refrains. Car malgré des longueurs plutôt dans la moyenne haute, les morceaux de Dool sont bel et bien des chansons, avec leur lot de mélodies prenantes et immédiates. Difficile de résister à la mélancolie contagieuse de Sulphur&Starlight qui décolle peu à peu jusqu’à l’explosion d’un refrain pourtant sans surenchère. Ryanne ne pète pas le compteur d’octaves mais trouve les bonnes notes pour nous capturer sans peine.
Et pour accompagner cette parcimonie vocale, la chanteuse est secondée par ses acolytes guitaristes qui parviennent à faire varier les plaisirs et les ambiances tout en maintenant cette cohérence Dark Rock générale. The Well’s Run Dry rappelle Beastmilk ou In Solitude, God Particle va flirter vers des sonorités orientales, tandis que l’excellent Sulphur & Starlight pourrait intervenir dans une scène de Kill Bill avec ses guitares western. Sans en faire trop, le groupe montre qu’il a de la ressource, des références diverses et correctement digérées pour devenir du Dool et pas un simple collage pas très heureux.
A l’image d’un Gold, autre ensemble contemporain qui intègre un bon paquet d’influences, Dool s’est forgé un son caractéristique qui laisse beaucoup de portes ouvertes. Que l’on se passe ce disque de loin (comme un simple album Rock plein de bons morceaux) ou qu’on le dissèque attentivement (pour y découvrir une multitude de ramifications), Summerland propose une musique plutôt riche qui encaisse bien les écoutes répétées.
A écouter : Sulphur & Starlight, Ode To The Future