Poisseux et obscur, tout droit sorti de la tourbe irlandaise, Divisions Ruin opte pour un crust sombre, aux confronts de plusieurs directions. Quatre titres annonciateurs de quelque chose de prometteur dans un univers où il devient assez dur de faire son trou après le passage de certains monstres dont les empreintes sont trop profondes pour pouvoir les occulter. Mais le sextet de Kilcoole n'en a cure. Si ce premier seven n'offre pas de révolution notable, les irlandais nous imposent leur vision d'un monde qui ne trouve plus vraiment grâce à leur yeux. Une rythmique poids lourd, une basse sale comme un peigne, Divisions Ruin use d'armes éculées mais ayant déjà fait leur preuves, réendossant par la même occasion les cuirs pouilleux des anciens Doom, Amebix ou Misery.
Bref les contours sont gras à l'image d'un Martyrdod ou d'un Pisschrist ("Fear"), les structures épaisses comme une tranche de bacalhau de l'Alfama. Mais curieusement de cette masse émane une atmosphère qui saisit aux tripes, une mélancolie latente qui s'échappe de mélodies tout droit inspirées des côtes de Galice propices à la rêverie et au désarroi, ce que semblent confirmer les mélopées tantôt agressives, tantôt désespérées de Jeag et Ciara.
Avec cette première oeuvre dont il faut percer l'écorce pour en retirer tout le suc, Divisions Ruin vient renforcer de manière substantielle le contingent d'une scène irlandaise qui, de Tunguska à Easpa Measa, en passant par Carosah, n'en finit plus d'afficher sa richesse et sa variété.
A écouter : Fear