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Biographie

Discharge

Discharge se forme en 1977 à Stoke-On-Trent (Angleterre) autour de Tony "Bones" Roberts (guitare), Terry "Tezz" Roberts (chant), Roy "Rainy" Wainright (guitare), Nigel Bamford (basse) et Tony "Hacko" Axon (batterie). L'arrivée de Kelvin "Cal" Morris et le départ de Bamford, peu de temps après, occasionnent un premier remaniement, Tezz passant à la batterie et Rainy à la basse.

 
Le groupe effectue quelques concerts avant de se faire remarquer par Mike Stone, fondateur du label Clay Records. Realities of War, le premier 45 tours voit le jour en mars de la même année. Vendu à la sauvette - la voiture de Stone servant de boutique - le skeud parvient contre toute attente à entrer au top 10 du classement indépendant de Sounds. Ne souhaitant pas s'arrêter en si bon chemin, Discharge pond un nouveau 45 tours intitulé Fight Back qui connaît le même succès.   

Dès lors, le combo commence à tourner de manière plus sérieuse, effectuant même la première partie de U2 avec qui les relations s'avèrent cordiales, du moins jusqu'aux problèmes gastro-éthyliques de Cal qui, selon la légende, auraient fortement incommodé Bono et refroidi l'atmosphère par la même occasion. 

En 1981, Discharge enregistre son premier ep Why, sans Tezz parti à l'aventure et remplacé pour l'occasion par Dave Ellesmere. S'ensuit une tournée judicieusement intitulé Apocalypse Now en compagnie de The ExploitedAnti-Nowhere League et Anti-Pasti. Après l'embauche de Garry Maloney (ex-Varukers) à la batterie, début 1981, sort Never Again illustré de la célèbre colombe transpercée, inspirée d'un symbole pacifiste.

Hear Nothing See Nothing Say Nothing, premier album du groupe, paraît en 1982. Etant donné son succès Discharge est approché par une grosse compagnie mais reste fidèle à Clay Records. S'enchaîne une importante tournée en Italie, Yougoslavie, Pays-Bas et même aux Etats-Unis et au Canada.
La situation commence à se dégrader au retour de cette tournée. Bones, membre originel, quitte Discharge durant l'enregistrement de State Violence, State Control et part rejoindre son frère Tezz avec qui il fonde Broken Bones. Malgré ce coup dur, les autres membres décident tout de même de continuer et recrutent Peter "Pooch" Purtell dont l'arrivée provoque un virage plus métal. Discharge retourne aux USA en 1983 juste après la sortie du maxi Warning : Her Majesty's Government Can Seriously Damage Your Health mais perd en route Pooch et Garry, respectivement remplacés par Les Hunt et Nick Haymaker. Le groupe trouve quand même la volonté d'enregistrer le maxi Ignorance en 1985, suivi un an plus tard de son deuxième album Grave New World, mais le coeur n'y est plus. La dernière tournée US précipite le départ de Rainy et de Cal. Discharge cesse provisoirement toute activité en 1987.
 
A la surprise générale, le combo de Stoke redonne signe de vie en 1991. Les anciens Cal et Garry reprennent du service, accompagnés par Andy Green à la guitare et Anthony Morgan à la basse, pour deux albums, Massacre Divine et Shootin Up the World, légèrement orientés metal industriel, un peu à l'image de ce qui se fait à la même période chez PitchShifter ou Optimum Wound Profile.

En 1997, les membres originels, Tezz, Bones, Cal et Rainy se retrouvent et décident de relancer la machine. Toutefois, il faut attendre 2002 pour que soit concrétisée cette réunion sur un album éponyme qui renoue quelque peu avec le style des débuts. Grosse surprise en 2015 avec l'annonce d'un album pour 2016 chez Nuclear Blast ainsi qu'une participation au Hellfest.

Chronique

17 / 20
6 commentaires (17.58/20).
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Hear Nothing See Nothing Say Nothing ( 1982 )

Même si l'emploi de superlatifs s'avère assez délicat dans le domaine artistique, notre esprit est assez friand de ce type d'évaluation, à l'image de celles qui parsèment le bouquin de Nick Hornby, High Fidelity. Ainsi, dans le domaine musical, la sortie de Reign in Blood de Slayer en 1986, marquait une étape dans la brutalité sonique à tel point que certains n'hésitaient pas à y voir l'album le plus violent de l'Histoire du Rock. Au risque d'en faire hurler plus d'un, c'était oublier Hear Nothing See Nothing Say Nothing du groupe anglais Discharge.

Il aura fallu plus de cinq années à ce dernier pour enregistrer son premier album. Cinq années assorties d'une forte dose d'huile de coude mais également du mécénat de Mike Stone qui permet au groupe de s'extraire définitivement de sa cave de Stoke-On-Trent.
Sur le plan musical, Hear Nothing See Nothing Say Nothing fait montre d'un net progrès en regard de la période bricolage qui a précédé, Discharge égrenant jusqu'alors son répertoire dans des 7 pouces de qualité inégale. Désormais le groupe peaufine son style et si quelques résidus punks et influences de type Motörhead étaient encore perceptibles sur Why, ceux-ci ont totalement disparu, laissant la place à un hardcore radical, minimaliste, puissant et rapide à la tonalité générale sombre et désespérée qui sera à l'origine de nombreuses vocations (Neurosis, Napalm Death, Godflesh...)
Le son y est énorme, violent. Les morceaux sont exécutés selon des structures sommaires (couplet/refrain x 2 ou par 3) dont l'efficacité est largement tributaire de Bones mais surtout de la basse hyper saturée de Rainy dont les ravages se font notamment sentir sur "The End" et "Hear Nothing See Nothing Say Nothing". Courts, sans aucune variation, ils sont construits autour de trois/quatre accords maxi prenant appui sur un rythme identique du début à la fin afin d'éviter le plus possible les fioritures et de conserver le même dynamisme. Seuls quelques soli viennent perturber ce rythme d'enfer ("Drunk With Power", "The Final Blood Bath").

Le minimalisme se poursuit également au niveau du chant de Cal. Désormais la voix se fait plus dure, beaucoup moins hésitante, et les parties vocales prennent l'allure de slogans politiques ("Free Speech for the Dumb"). Rien d'étonnant à celà, la majorité des textes, en plus d'être très courts - à peine trois ou quatre phrases ce qui augmente leur caractère revendicatif - illustrent un profond rejet de la société anglaise ("I Won't Subscribe", "Protest And Survive") et décrivent une vision apocalyptique du futur ("Hell on Earth", "The Blood Runs Red", "Cries of Help").

Hear Nothing See Nothing Say Nothing est l'album d'un groupe à l'apogée de son art, ce qui peut apparaître assez paradoxal étant donné qu'il s'agit d'une première oeuvre. En effet, la suite s'avèrera beaucoup moins glorieuse. Miné par les changements de line up, Discharge tentera en vain d'entretenir la flamme en sortant des albums qui ne dépasseront pas le stade anecdotique. Qu'importe, avec ce skeud, le combo de Stoke-On-Trent aura définitivement marqué son époque et, n'en déplaise aux irréductibles de 1977, jamais groupe n'aura aussi bien incarné le concept du No Future.

Télécharger : "The Final Blood Bath"

A écouter : "The Possibilities of Life's Destruction", "Hear Nothing See Nothing Say Nothing", "Protest & Survive"