Disappears

90's Indie Rock

États-Unis

Irreal

2015
Type : Album (LP)
Labels : Kranky

Chronique

par Chorizo

Autant prévenir, les amateurs de sensations fortes et les collectionneurs de riffs pourront passer leur chemin. Irreal n'aspire plus à aucun brio mélodique, ne promet aucun twist guitaristique. Dans la logique d'Era, qui avait déjà fait forte sensation, Disappears continue son lent glissement jusqu'à l'asphyxie.

No Future Irreal respire la désolation ; il y règne une atmosphère surréaliste, un mélange d'attentes déçues et de résignation. Au travers d'un constat désabusé et effrayant sur notre avenir, Disappears joue le no future. Une esthétique post-punk (pensez The Pop Group, ou les passages les plus expérimentaux de Wire) que cultive ardemment le groupe de Chicago depuis longtemps, ici exacerbée dans l'absence revendiquée de ligne directrice mélodique ou dans les monotones marmonnements de Brian Case, jets de mots inutiles, décomposés ("Another Thought"). Les saillies, guitare ou chant, sont rares et ne durent jamais longtemps ; le marasme ambiant finit par les recouvrir ("Irreal").

Bad trip Perdu dans un psychédélisme noir, Disappears cloue la répétition comme seul mot d'ordre. La rythmique est sèche, martiale, presque industrielle. Elle offre l'unique point de repère derrière les errances instrumentales confuses et polyphoniques de "Mist Rites". Dire qu'Irreal est d'un abord difficile est un euphémisme. C'est un disque sec, impersonnel, on dirait "dé-personnalisé", et sans aucun doute la sortie la moins accessible du groupe. Les indices éparpillés çà et là laissent penser que cela n'ira pas en s'arrangeant par la suite même si, comme le scande Case sur "Interpretation" : "Anything Can Happen". Avec ses longues pistes tortueuses, et un refus évident du format radio (qui avait pourtant si bien réussi à Disappears sur Pre-Language), Irreal s'écoute comme un bad trip.

Il ne s'y passe rien, diront les mauvaises langues ; en fait, Irreal est un album à la Kranky, expérimental, aride et complexe tant dans sa réalisation comme dans son appréciation. Disappears embrasse un côté obscur qui pourra s'avérer revêche aux premières écoutes. "Navigating The Void" clôt le disque, qui pousse l'abstraction un cran plus loin avec ses nappes de guitares éthérées. Une manière de signifier que si vous les cherchez, Disappears a déjà disparu.

14

Les critiques des lecteurs

Moyenne 15.33
Avis 3