Dirge

Postcore

France

Hyperion

2014
Type : Album (LP)
Tracklist
1) Circumpolaris
2) Floe
3) Venus Claws
4) Hyperion Under Glass
5) Filigree
6) Remanentie

Chronique

par Craipo

A force d'évoluer dans pénombre Dirge se traîne (encore) de nos jours une étrange réputation d'éternel second couteau, reste rarement évoqué comme la première référence d'une scène qu'il a pourtant grandement participer à façonner. Peu concernés par l'air du temps, moins visibles que nombre de leurs compères, le grand coup de chasse opéré ces dernières années sur la scène "Post" hyper-amplifiée aura néanmoins permis de dégager quelque peu la vue des parisiens et, surtout, le quatuor ne semblant pas particulièrement adepte des grandes manœuvres de communication, celle du public. Difficile en effet d'oublier Elysian Magnetic Fields pour qui l'aurait écouté, même avec toute la mauvaise volonté du monde.

Pourtant le parcours de Dirge est à l'image de ses albums: lent, évolutif mais constant. Les français sont de la classe des groupes qui prennent le temps. Une moyenne de trois ans entre chaque livraison, des ambitions sans cesse revisitées, redirigées et un noyau qui reste en revanche inamovible, d'une lourdeur apocalyptique mais jamais forcée, toujours au service d'atmosphères impénétrables. Bien que flexible dans son expression Dirge n'en reste pas moins un formation fidèle à une certaine idée de la musique. Hyperion ne dérogera pas à cette règle immuable pour s'affirmer rapidement comme une nouvelle démonstration de l'alliance entre force brute, intelligence et subtilité.

Lorsque "Circumpulation" ouvre les hostilités sur le ton, peut-on alors penser, du classicisme Dirge vise déjà plus loin. Hyperion tout juste lancé, celui-ci dévie déjà, s'active dans les profondeurs et tourne imperceptiblement autour de son axe sous l'impulsion rythmique de ses créateurs. Lancé par ce premier morceau à la reconquête de territoires industriels longtemps laissés en friche (époque Down Last Level), Dirge construit ici et comme à son habitude de longs tableaux aux ambiances mortellement désincarnées pourtant terriblement organiques et oniriques ("Filgree", "Remanantie"), parvient plus que jamais à viser l'épure sans céder au minimalisme, invente son équilibre entre Metal en apesanteur, bruitisme et apnées Doom suffocantes, refuse l'appel de la lumière auprès de laquelle tant d'autres auront fini par se brûler les ailes. Sans tourner le dos aux élans mélodiques glaçants qui faisaient l'originalité et la réussite d'Elysian Magnetic Fields après un Wings of Lead Over Dormant Seas superbe mais handicapé par son jusqu'auboutisme. En 2014 la formation parisienne continue d'étendre la zone d'inconfort qu'elle tisse depuis 20 ans sans même approcher le point de rupture, se maintient constamment en orbite, à proximité immédiate des codes du genre avec lesquels elle joue un fascinant ballet entre attraction, répulsion, exagération et sublimation. Jamais loin de Neurosis, rejoint récemment par Cult of Luna (Vertikal) dans cette zone trouble à laquelle si peu accèdent, Dirge reste cependant cette entité unique difficilement qualifiable qui, alors qu'elle valide tous les points de passage dans le groupe de tête de la scène Post, finit invariablement par s'évader en hors-piste pour en ramener le singulier et l'inattendu.
Lorsque l'on (re)croise sur le chemin emprunté par cette sixième livraison vers les tréfonds de la mélancolie, Nicolas Dick (sur la vibrante "Floe") ou Tara Vanflower (la voix de Lycia émergeant de l'énorme "Venus Claws") nous ne sommes finalement guère surpris. Si la simple idée de la mise en abyme résultant de ces rencontres est vertigineuse, le résultat est au delà de toutes les espérances, Dirge parvenant à verser l'univers de ses invités dans le sien pour faire de chaque morceau une pièce musicale à la charge émotionnelle unique, hors catégorie, complètement démesurée malgré un format resserré.

La cohésion sonore et la puissance de l'univers de Dirge semblent atteindre de nouveaux sommets. Plus concis et quelque peu libéré des entraves à la compréhension de son œuvre qu'ont pu causer ses expérimentations les plus poussées le quatuor confirme sa capacité à enrichir son propos sans rien perdre de sa force hypnotique. Hyperion enracine un peu plus fermement les parisiens dans de cette autre scène française faite de guerriers silencieux, galériens du son fiers et droits n'en finissant plus d'étendre dans l'ombre un réseau sonore tentaculaire passionnant et foisonnant en évolution permanente. Pour cela nous les remercions.

16

Les critiques des lecteurs

Moyenne 14.45
Avis 9
math-bad July 4, 2018 12:53
Je n'ai pas aimé cet album. Bonnes ambiance, mais le chant gâche tout, et puis c'est très lent, pas forcément très prenant.

Ce n'est pas du tout ma tasse de thé...
10 / 20
Lrmo-ceres December 25, 2014 23:33
Grosse sortie 2014 ! Après un Elysian Magnetic Fields excellent, Dirge revient avec des nouvelles idées et un son toujours aussi lourd et oppressant. Sur cet album, on voit que les effets sur la voix ont été travaillés et donnent un aspect hanté, fantomatique au chant, chant assez varié par ailleurs (Floe, Venus Claws). On soulignera Floe pour sa puissance et son atmosphère (très bonne seconde partie), les longs passages atmosphériques de Venux Claws, les effets énormes sur Hyperion Under Glass. Un peu moins emballé par Filigree, mais ce n'est qu'un détail dans un album très solide et qui côtoie les plus grands, avec une identité bien à lui.
18 / 20
SLYCORE December 21, 2014 10:57
Très bon album de DIRGE. Les ambiances sont lourdes, oppressantes ou parfois aériennes. Dirge n'a rien a envier à Isis ou Cult of Luna.
18 / 20
Mr Piotr May 9, 2014 08:20
Je me suis tapé une barre au début du CD tellement le chant ressemble aux effets faits sur l'enfant sauvage de Gojira. Après dans ce même morceau que j'appréciais avec divagation, dans une sorte d'hypnotisme me fit ~ passer- dans des = aller|retour sur une note aigu, son de corde; Après j'arrivais mal a disséquer les riffs a cause ou grâce a un distorsion de fond. Certes l'avantage est que tout le long de l'album l'ambiance Creer une Sorte de (bulle de son) où l'on se sent pousser des ailes mais on ne reste que trop sur terre a divaguer étant perturbé, de ne pas arriver à saisir les riffs. Sinon en matière de "post-metal" c'est déjà beaucoup plus organique/vivant que Cult of Luna ou Neurosis ; ;bien quand metal psychédélique

, dans une autre veine ,

j'ai a peu près autant du mal a écouter un album entier, je parle de Tool
13 / 20
Athe May 5, 2014 04:45
Depuis la sortit je l'écoute au moins une fois par jour.
20 / 20
Lems April 23, 2014 18:20
Une grosse tuerie ! Trop bon, il tourne en boucle !
18 / 20