Dirge

Postcore

France

Elysian Magnetic Fields

2011
Type : Album (LP)
Labels : Division Records

Chronique

par Euka

Comment amorcer la suite de Wings Of Lead Over Dormant Seas, une pièce maitresse de 2h qui fait encore trembler les murs ? Sans doute en continuant la route, en embarquant pour une nouvelle exploration, cette fois réduite de moitié. Elysian Magnetic Fields, comme si Dirge, après s'être enfoncé dans les racines du Monde, s'attaquait à l'Enfer, plus particulièrement l'Elysée, lieu de repos pour les héros symbolique de la mythologie grecque. Les Français n'ont pourtant pas allégé leur musique, car avec 8 titres, le combo se plie encore à l'exercice d'un PostCore (ou PostMetal) toujours aussi massif. En l'apparence, rien n'a changé dans le son de Dirge : obscur, moite et lourd, mais en profondeur, Dirge évolue à travers des titres dont la variation se fait plus rapide, avec un chant beaucoup plus présent s'il ne devient par la même occasion l'un des éléments majeur de ce disque (entre chuchotements sur Cocoon et tonnerre grondant sur le morceau-titre).
L'approche musicale n'en est pas moins viscérale au possible, prenant aux tripes sans discontinuer alors que l'on aurait pu attendre une musique plus intellectualisée au vu du précédent opus. Même si tout s'avère pensé et réfléchi (Sandstorm en est le parfait exemple grâce à ses samples), les titres de Elysian Magnetic Fields ne sont qu'une succession de sensations, d'atmosphères comme le sont The Eye Of Every Storm et Given To The Rising de Neurosis ou Tellurique de Kill The Thrill (Nicolas Dick vient d'ailleurs poser sa voix sur ce nouvel opus). On pourrait presque s'attendre à un disque cauchemardesque, dantesque, mais Elysian Magnetic Fields a un côté presque naturel, n'usant pas d'horreur mais berçant plutôt l'auditeur dans des atmosphères grondantes et orageuses.
Qu'en est-il réellement de la musique de Dirge ? Des montées en puissance, des riffs abrasifs (Falling), un océan de sensations (les mouvements de Apogée) qui ne sont en rien fades face à Wings Of Lead Over Dormant Seas. Ce disque est à la fois très proche sur ses sonorités mais totalement différent dans son approche : moins terrestre au sens primaire (pensez aux premiers Cult Of Luna) mais tout aussi sombre (Apogée, Cocoon), comme si les éléments n'étaient plus terre et eau mais air et feu, plus volatiles en étant aussi destructeurs. 
Difficile de ne pas se faire happer dès le premier titre et d'imaginer arrêter la lecture du disque. Disque intense, troublant, Elysian Magnetic Fields s'avère riche en ambiances et ne se mord jamais la queue. Si l'association avec Neurosis peut sembler assez réductrice, elle n'en est pas moins éloquente : même manière de travailler les riffs, d'agencer les morceaux ou simplement constat final similaire, à un tel point que le dernier titre, Apogée, se mêlerait sans problème à la disco des Américains. Dirge n'est heureusement pas un ersatz de ses aînés et le montre sur le puissant Morphée Rouge ou le pachydermique Obsidian.

Chaque titre se rapproche d'un élément physique ou culturel : Elysian Magnetic Fields et la mythologie grecque (en sus des phénomènes Magnétiques), Obsidian, Cocoon et Sandstorm aux phénomènes naturels (Roche et Faune), Apogée à l'astronomie (encore un point qui amène à penser que les derniers opus de Dirge sont un voyage sensoriel et physique). Pourtant, chacun de ces morceau peut être caractérisé en quelques mots : la noirceur de l'Obsidienne, la transformation du Cocon, l'élévation et la chute sur Apogée et Falling, ... Impossible de passer outre ces sentiments lors de l'écoute de ce disque, même si ces principes para-musicaux ne sont qu'une infime partie de ce qui caractérise Elysian Magnetic Fields.

Dirge avance encore et toujours dans cette association de lieux et de musique. Elysian Magnetic Fields enfonce le clou, et même si l'exploit des 2 heures de Wings Of Lead Over Dormant Seas n'est pas réitéré, ce nouvel opus n'en est pas moins une œuvre majeure du combo dans le paysage musical français qui, on l'espère, ne s'arrêtera pas là.

16

A écouter : 1

Les critiques des lecteurs

Moyenne 17.23
Avis 11
Athe March 15, 2013 22:24
Une merveille !

Des heures d'écoutes sans jamais me lasser.
20 / 20
jopops October 27, 2012 14:44
Dirge joue dans la cour des grands.

Attention, très gros son !

EMF est un album d'une maitrise totale et raffiné.

A écouter dans un casque de préference et s'y consacrer a 100 pour 100 car Dirge nous emmene en voyage je ne sais où mais assez loin.

Le rythme est lent, les partis instrumentales sont souvent longues pour notre bonheur et tres variés.

Chaque chanson nous transporte tout doucement vers cet atmosphere sombre, lourde, energique, envoutante...

Comme le dit Ark Age, du grand art !
18 / 20
Lrmo-ceres July 20, 2012 14:08
Album énorme. J'ai pris une putain de claque rien qu'en écoutant Falling, ma préférée de l'album. Une perle française du post-metal, des murs de guitares massifs, fascinants, une atmosphère glaciale et cathartique tout au long des 8 titres. Mention spéciale à Cocoon, Obsidian, Morphée Rouge, Apogée, Falling.
18 / 20
Craipo January 23, 2012 22:29
Très, très gros disque de la part des gras de Dirge. EMF aura mis une paye à se frayer u chemin jusqu'à mes oreilles, comme son prédécesseur d'ailleurs, mais une fois le chemin parcouru il fait partie des disques qui vous engloutissent dès le premier contact.

Les ponts avec les compagnons historiques de CoL, Isis et Neurosis restent présents, multiples et assez inévitables mais si pont il y a c'est bien parce que Dirge vit sur la rive opposée et trace son chemin en parallèle (et au ralenti). EMF est un disque grave, caverneux et précis, primaire mais raffiné, plus accessible mais plus glacé que l'ultra massif et double Wings of Lead over Dormant Seas. Un album du juste équilibre sublimé par une expérience toujours plus riche.



Dirge ne pousse pas là où celà ne sert à rien. Pas ou peu de voix extrêmes, pas de prod' surboostée: juste un travail sur les sonorités dantesque, libéré et intelligent. EMF n'en fait pas des tonnes, les ingrédients sont connus et pourtant on se laisse encore surprendre, comme pris à la gorge par ce disque volatile et envahissant. EMF est beau mais absolument implacable et, pardessus tout, profondément personnel.

En résumé, un des rares must have du genre sur ces dernières années.
17 / 20
Sugarbread December 23, 2011 07:22
Je vais pondre un commentaire particulier mais le prochain qui dit/écrit que les groupes français ne valent rien qu'on ne produit rien de bon qu'en France c'est de la merde aura droit à une ingurgitation gratuite de mon exemplaire d'Elysian Magnetic Fields :-)!

Dirge pond la un album bien plus accessible en durée que précédemment (cela dit on dépasse quand même les 60 minutes hein ^^).

Un postcore des plus profonds précis massifs et aboutis que j'ai eu l'occasion d'écouter !
17 / 20
chauvesourie July 14, 2011 17:34
les digne successeur de kill the thrills!!!!!!!!!!me lasse pas de l'écouter!!!!!!!!!!
18 / 20
Loozar May 31, 2011 15:41
Les rythmes lents, les grosses voix profondes, les sonorités bien lourdes...je sais pas pourquoi, y'a comme un fond de death dans cet album. Mais c'est plutôt bon, à écouter.
15 / 20
Ark Age May 24, 2011 21:10
Alors oui, c'est du grand art. Le précédent était trop long pour moi (2h c'est un peu trop ouf), mais celui ci est juste grand malgré sa taille plus réduite (1h des poussières): l'ambiance est folle, la prod' est en béton et "Sandstorm" est le petit bijoux de la chose.

Me faut le LP.
17 / 20
Nahik May 14, 2011 16:00
J'avais pas spécialement accroché sur "Wings Of Lead Over Dormant Seas", mais peut être que je n'avais pas assez creusé leur musique qui semblerait mériter une attention plus concentrée que d'ordinaire...

A la lecture de la chro, il ne me reste plus qu'à me rattraper en me penchant plus en détail sur "Elysian Magnetic Fields"...j'ai en tout cas jeter une première oreille et je dois avouer que ça donnait l'eau à la bouche...affaire à suivre :)
15 / 20