L'art de faire un album long, très long, vraiment très long.
Dirge
Postcore
Wings Of Lead Over Dormant Seas
Chronique
Dirge qui nous livre un album de 2h de post-cequevousvoulez, dont un morceau d'une heure. Tentative intéressante, mais qu'il est nécessaire de voir dans sa globalité et non comme un simple double album composé de pavés distincts. Wings Of Lead Over Dormant Seas, où "Les Ailes de Plomb Sur des Mers Inertes", ca s'annonce lourd, massif, imposant. Cet album de Dirge est comme une fissure, un séisme qui se propage lentement, mais avec des effets dévastateurs.
Dirge explore la Terre sur 6 morceaux. Parce que cet album peut être réduit à ceci : un parcours initiatique, une expédition au fin fond de la Terre dévoilant d'innombrables facettes et aspects de notre planète. On débute sur Meridians par une épopée sur des territoires sombres, vides, dévastés. Un désert du Sahara où le sable serait noir et la vie absente. Sur Epicentre, Dirge descend au centre de la Terre, se rapproche du noyau tout en propageant ses ondes à travers le sol. Lotus Continent apparait comme plus mystique, avec quelques bruits épars venant se mêler aux lourds riffs diffusé sur 16 minutes. Dirge n'effleure pas ses instruments, en arrache la moelle épinière avec la force d'Isis, l'obscurité de Neurosis ou la froideur de Cult Of Luna. Sauf que Dirge va au-delà. L'approche se fait plus lente, la musique progressant avec assurance et là où Neurosis sait accélérer le rythme, Dirge maintient le sien, là ou Cult Of Luna sait se montrer aérien, Dirge ne quitte pas terre. Pelican a dévoilé sa poésie, Dirge maintient la sienne, la malmène pour notre plus grand plaisir. Ce qui pourrait choquer à la première écoute est cette capacité du groupe à jouer des riffs hypnotiques, pouvant presque sonner répétitifs s’ils n’étaient pas captivants. En effet, la personne adepte des changements de rythmes incessants ou des solos à 100 à l’heure se sentira dépassée sur Wings Of Lead Over Dormant Seas. Cet album ne s’écoute pas à la légère, en fond sonore, mais plutôt comme un pavé où l’attention se doit d’être concentrée sur un point : la musique.
Même les plus douces et exotiques End, Infinite et Nulle Part sont des fragments de ce voyage initiatique que propose les français. Nulle Part, qui clôt le premier disque, serait presque l’aboutissement du parcours, lorsque le but recherché est presque atteint et que le cœur semble plus léger. Même le chant, le plus souvent pesant et rauque sur l’album, prend une dimension presque divine.
Le dernier morceau, Wings Of Lead Over Dormant Seas, pourrait faire l'objet d'un essai à lui seul. Une intro toute en douceur, quelques bruits d'eau résonnant à travers un lac souterrain tandis qu'une voix s'élève pour conter cette odyssée menée par Dirge dans l'exploration musicale de Wings Of Lead Over Dormant Seas. Cuivres, électronique viennent se mêler aux instruments plus classiques. Là où Dirge se trainait sur le premier disque, le groupe décide de ralentir à nouveau le pas, comme fatigué, essoufflé par cette expérience qui tient en haleine. Le morceau évolue avec une grâce et une subtilité telle que la moindre variation se déroule sur plusieurs minutes, apportée délicatement pour finalement prendre de l’ampleur et assommer peu après. Ce qui fait mouche avec Dirge n’est pas forcément la noirceur où même l’ampleur de l’album, mais plutôt la manière dont celui-ci tient un rythme fascinant, est varié sans que le fil continu ne soit rompu sur la totalité de l’album, à la manière de Godspeed You Black Emperor.
On pourrait palabrer pendant plusieurs heures, Wings Of Lead Over Dormant Seas a glissé lentement, emportant tout sur son passage, délaissant l'auditeur, le vidant de son énergie. Dirge réussit là un coup de maître, pesant chaque note et tenant en haleine l'homme perdu, rendant l'écoute de Wings Of Lead Over Dormant Seas bien mystérieuse. Un cran au-dessus de And Shall The Sky Descend, Wings Of Lead Over Dormant Seas ravira tout explorateur musical...
Les critiques des lecteurs
L'art de faire un album long, très long, vraiment très long.
Oeuvre monolithique et contemplative, 2h d'atmosphère massive qui vous laissent pantois et exténué. Mais je ne vois pas en cet album le pinnacle du postcore/post-hardcore décrit.
"Nulle Part" est fantastique.
Pour ma part je donnerais une note de 16, ce qui est déjà une sacré bonne note, selon moi, (en référence à celle que je recevais à l'école). Enfin bon ne nous égarons pas. Cette album de dirge fait parti des meilleurs albums de postcore actuel. Une musique atmosphérique effectivement avec un réel travail d'ambiance, sans lequel ce style serait vraiment chiant à mourir, digne des grands que sont CULT OF LUNA, ISIS, AMENRA et bien d'autres. C'est très lourd, corrosif, saturé à bloc. Il faut évidemment aimer les parties répétitives qui caractérise cette musique. En bref, dirge nous pont un très bon album, qui ne révolutionnera certainement pas le style, mais qui ravira tous les officionados du genre.
A bon entendeur,
Salut
un des plus belle album de "posthardcore" si on peut les classer dans un style ou un genre.
Ils joue du Dirge et les font tres bien.
Pour les fans de Isis.
A ne surtout pas manquer
Je me retrouve pas mal dans la chronique, en effet il s'agit d'un véritable parcours initiatique. En ce qui me concerne les atmosphères développées me laissent seul avec moi-même, au milieu de vastes étendues montagneuses. Et c'est bien là que se trouve la difficulté : pour apprécier ce disque il faut fournir un véritable effort d'imagination, afin de donner son propre sens aux sons perçus. En particulier sur le 2ème CD qui comporte de longs passages atmosphériques sans un seul riff ou chant.
Un chef-d'oeuvre de métal atmosphérique servi également par la participation de Nicolas de Kill The Thrill au chant. Touché par la grâce...
Une vraie référence de postcore français. Dirge déploie des énormes murs de son et des ambiances dévastatrices, dès la première chanson Meridians, le ton est donné, place à la destruction et la désolation. La voix presque incantatoire du chanteur renforce ces ambiances désolées et massives. Nulle Part est un interlude grandiose, plus calme mais avec tout autant d'intensité et de tension. La chanson Epicentre nous assomme du début à la fin, la deuxième partie avec la voix de Nicolas Dick parachevant l'oeuvre de cette machine de riffs destructeurs. Enfin, que dire de cette pièce maîtresse qu'est Wings of Lead over Dormant Seas, un monument d'1h qui passe par toutes les phases, dans une ambiance cathartique et apocalyptique, incroyable. Cet album regorge de petits éléments "électroniques" un peu partout, bien placés, en plus des gros murs de guitares et qui apportent une ambiance hallucinée au tout. Définitivement, pour moi cet album est culte, les ambiances, les voix, les structures. Dirge a déployé de vraies ailes de plomb sur des mers calmes et endormies, c'est tout ;)