On les croyait définitivement morts et enterrés, nos vieux mastodontes n'étaient au final qu'en hibernation ou plutôt dans une sorte de léthargie artificielle. Revenir après 10 ans, la bouche en cœur et les mains dans les poches, le risque était grand. Un risque nourri aussi bien par l'anachronisme rampant que par les reformations multiples et pas toujours opportunes de ces dernières années (Pixies et Cie). Avisés, ces trois là ont tout de même bien géré leur retour avec pour se mettre en jambe, une tournée dépoussiérante. Un long voyage qui n'a d'ailleurs pas convaincu à chacune de ses étapes, laissant même un arrière-goût amer tant l'animal agile et vigoureux d'autrefois semblait s'être enlisé dans son propre bac à sable, pataud et paresseux. Seulement voilà, Dinosaur Jr reste Dinosaur Jr malgré l'âge, et si la bête avait inéxorablement besoin d'un bon rôdage, la voici définitivement relancée, dégrippée et alerte. Beyond signe donc le grand retour de J Mascis et de sa masturbation de manche, inchangée, redondante, flegmatique mais avant tout inimitable et osons dire "géniale".
Logo inchangé, line up d'origine, Beyond reprend là où l’histoire s’était arrêtée pour Dinosaur Jr. Pourtant une chose a bel et bien changé chez le trio : l'aura de J. Mascis y apparaît moins tenace et surtout moins étouffante. Lou Barlow peut enfin s'exprimer et le fait à travers deux titres de sa composition ("Back To Your Heart" et "Lightning Bulb") sur lesquels il pousse même la chansonnette de façon très honorable. Le problème (si cela en est vraiment un) étant que ces morceaux sentent le Sebadoh à plein nez ! Moins électriques mais également moins prévisibles que du Dinosaur Jr classique, ils viennent malgré tout ajouter quelques points de couleurs et de nuances à un album fondu corps et âme dans les jalons déjà forgés par le groupe il y a 20 ans. On y retrouve donc tout ce qu'on aime ou tout ce que l'on déteste chez Dinosaur Jr. Des soli branlettes imparables et quasiment identiques jouables uniquement par Mascis, des compositions d'une simplicité et d'une évidence presque aberrante, des effets de distorsions et de fuzz toujours très présents et cette tendance à piocher un peu partout dans le rock à l'américaine de Neil Young à Soundgarden en passant par des choses dont il vaudrait mieux taire le nom. A l'arrivée, 11 morceaux incluant une bonne poignée de prétendants au titre de tube de l'été 2007. "Crumble", "This Is All I Came To Do" et "Been There All The Time" en tête.
Beyond, comme son nom ne l'indique pas, ne va pas beaucoup plus loin que ce que Dinosaur Jr a toujours fait et su faire. Mené par le chant désabusé et flemmard de Mascis, le trio apaisé accouche d'un disque parfait pour l'été au son actuel qui devrait sans mal pouvoir pointer le bout de nez en hiver et ainsi réchauffer ceux qui sont déjà acquis à la cause Dinosaur Jr.
A écouter : "Crumble", "This Is All I Came To Do", "Been There All The Time" et "Lightning Bulb"