logo Dimmu Borgir

Biographie

Dimmu Borgir

Groupe norvégien formé en 1993, Dimmu Borgir est à l'origine un groupe donnant dans du Black Metal Atmosphérique et à tendance ambiante sur leurs deux premiers albums, For All Tid (1994) et Stormblast (1996). Grâce à la reconnaissance qu'ils acquièrent avec ces deux premiers albums, ils sont signé chez Nuclear Blast dès 1997 pour leur album Enthrone Darkness Triumphant : Stian Aarstad le claviériste est viré du groupe pour plagiat (La chanson Sorgens Kammer sur l'album Stormblast plagiée délibérément d'Agony, un jeu d'Amiga sorti en 1992). Changement radical, Dimmu Borgir pratiquera dorénavant un Black Metal / Metal extrême à forte puissance de feu, notamment sur les albums Black Spiritual Dimensions (1999) et Puritanical Euphoric Misanthropia (2001) tantôt à tendance Heavy / Thrash / Black, tantôt plus symphonique (Death Cult Armageddon) : avec la voix claire reconnaissable entre mille de ICS Vortex (Simen Hestnaes) et les orchestrations de Mustis. En 2004 Nicholas Barker (ex - Cradle Of Filth, dans le groupe depuis 1999) est remplacé par Hellhammer (Jan Axel Blomberg) qui a quand même oeuvré pour Mayhem, Arcturus, Shining... Pour la réédition de Stormblast ainsi que In Sorte Diaboli. En 10 ans, Dimmu Borgir s’est vite imposé comme un des leaders de la scène Metal mondiale, acquérant un tel succès commercial qu'ils en arrivent même à cartonner dans le billboard américain. En 2010, bouleversement, ICS Vortex et Mustis quittent le groupe, qui entre en studio avec uniquement Shagrath et Silenoz du line-up originel, toujours accompagnés de Galder. En découle Abrahadabra. Puis c'est le silence, hormis quelques grosses dates et des apparitions dans les grands festivals les nouvelles se font rares. Shagrath s'occupe avec Chrome Division ou tue le temps comme il le peut. Il faut attendre 2017 pour revoir Dimmu Borgir revenir avec un live, Forces Of The Northern Night, pour l'occasion les Norvégiens sont accompagnés d'un orchestre philharmonique. C'est en 2018 que paraît enfin Eonian, neuvième album studio.

10.5 / 20
11 commentaires (14.95/20).
logo amazon

Eonian ( 2018 )

Le risque évident quand on laisse mariner son public durant de longues années, c'est de susciter des attentes trop élevées pour ce qu'on propose au final. Apparemment, la seule préproduction d'Eonian a duré de 2014 à 2017, soit l'équivalent d'un cycle complet album / tournée, si l'on se réfère à l'activité passée de Dimmu Borgir. Un total de huit ans depuis Abrahadabra, auxquels s'ajoute l'absence totale de nouvelles du côté d'Old Man's Child (le projet du guitariste Galder) depuis 2009... Quand le résultat n'est pas à la hauteur, la déception n'en est que plus amère.

Le défaut majeur d'Eonian se ramène pour l'essentiel à une fausse bonne idée : l'usage massif des chœurs. Ce n'est pas une tare en soi, et au premier abord on aurait même envie d'y croire, comme à une version blackisante de Therion, mais la comparaison ne tient pas plus d'une écoute : là où Therion parvient à insuffler de la vie dans ses chœurs, jusqu'à en transcender ses compositions, Dimmu Borgir fait malheureusement tout le contraire. Utilisés avec parcimonie sur l'album précédent, ils s'intégraient parfaitement ; désormais, l'objectif semble être d'en fourrer le plus possible, au point que tout semble leur tourner autour, et dans l'immense majorité des cas, ça tombe complètement à plat. Prenons le cas du titre d'ouverture, The Unveiling : le début fonctionne plutôt bien, alternant des passages véloces et d'autres plus calmes, comme pour nous préparer à être tiraillé entre les cieux et l'abysse, la sauce commence à prendre... et là, au lieu de l'explosion attendue, le chœur débarque et le soufflé retombe. Ce n'est même pas que ça soit hors de propos, c'est juste fade. Un comble, quand on se remémore à quel point le chant clair pouvait sublimer un titre sur d'anciens albums, et ce avec une seule voix !
Malheureusement, presque tous les titres suivent ce même schéma. Un premier couplet typé Black (enfin, le Black propre, pas le Trve Black enregistré dans une cave), parfois efficace (le début d'Aetheric, s'il ne faut en retenir qu'un), d'autres fois plus faiblard (The Empyrean Phoenix, Alpha Aeon Omega...), construit de manière à préparer le terrain pour l'arrivée de quelque chose de grandiose, mais presque à chaque fois, la tension ne fait que retomber, laissant l'auditeur indifférent quand il aurait dû le subjuguer. D'un point de vue musical, on a d'ailleurs envie de parler de régression, tant l'inventivité semble reléguée au second plan. Les passages plus Black paraissent bien trop sages, bridés, comme si leur unique rôle était de céder la vedette, tels un Monsieur Loyal de toute évidence capable de nous tenir en haleine à lui seul mais qui préfère s'effacer pour laisser la place à des numéros pas franchement transcendants. Quant aux orchestrations, la symbiose semble bien moins poussée que sur Abrahadabra, encore une fois leur seul but semble être de soutenir les chœurs, avec un résultat plus que mitigé.

Par chance, il reste quelques rares points positifs (en plus de la pochette) qui rehaussent un tant soit peu l'intérêt du disque. L'aspect chamanique de Council Of Wolves And Snakes est plutôt bien vu, et les percussions de Martin Lopez (Soen, ex-Opeth) bien senties ; d'ailleurs, durant une bonne partie de ce titre, la chorale n'intervient que par petites touches, s'intégrant de façon assez efficace (ce n'est que plus tard dans le morceaux qu'elle s'impose plus lourdement, en décalage avec l'ambiance instaurée jusque-là). The Empyrean Phoenix fait certes pâle figure niveau Metal, mais elle est sauvée par, une fois n'est pas coutume, une véritable fulgurance chœur/orchestre en son milieu, qui pour le coup parvient vraiment à décoller. On notera aussi une minuscule touche d'Indus (l'ouverture de The Unveiling, le pont de Archaic Correspondance), bien trop légère toutefois pour avoir un impact réel. On citera encore le final Rite Of Passage, instrumental et plus atmosphérique, qui permet de clore l'album sur une note un peu plus convaincante.

Malgré le soin évident porté à sa conception, Eonian ressemble hélas à un exercice de style un peu stérile. Il s'écoute sans passion, glisse sur l'auditeur sans le happer, et au final fait pâle figure tant face à ses prédécesseurs directs que face au Dimmu Borgir plus ancien et moins raffiné. En tout cas, en ce qui me concerne, il s'impose d'ores et déjà comme la déception de l'année. Après une telle attente, difficile d'espérer mieux dans un avenir proche, alors souhaitons simplement que Galder ne tardera pas à réactiver Old Man's Child...

A écouter : Rite Of Passage
16 / 20
3 commentaires (14.33/20).

Forces Of The Northern Night ( 2017 )

A défaut de nous offrir le nouvel album que nous attendons depuis maintenant 7 ans, Dimmu Borgir revient avec un live combinant CD et DVD/Blu-Ray, le bien nommé Forces Of The Northern Night. La particularité de ces disques ? Deux prestations datant de 2011 et 2012 où les Norvégiens étaient accompagnés d'un orchestre et de choristes, de quoi mettre un peu plus de grandiloquence dans leur Black Metal Symphonique. 

Forces Of The Northern Night propose donc deux live, le premier au Oslo Spektrum, en 2011, sur leur terre, où le groupe avait convié pas moins de cinquante-trois membres du Norwegian Radio Orchestra et trente membres de la chorale Schola Cantorum. Le second lui, date de 2012 et a été capté lors de leur performance au Wacken Open Air avec près de cent musiciens sur scène. Du lourd de chez lourd. Que ce soit au niveau visuel ou auditif il convient d'avouer que ça envoie un maximum. Le Black Symphonique de Dimmu Borgir a déjà de la gueule en version studio, mais là, ça dépasse de loin ce que l'on peut imaginer en termes de classe, d'autant que le groupe a choisi un pléiade de classiques pour bien enfoncer le clou. Gateways, Progenies Of The Great Apocalypse, Puritania ou encore les monstrueux Kings Of The Carnival Creation et Mourning Palace. Le spectacle est total, voir le Wacken bondé devant un groupe de Black et le style qui va avec partager la même scène avec des musiciens classiques en habits de gala est un vrai régale pour les yeux et les oreilles. Tatouages et corpse paints se marient à merveille avec les costumes 3 pièces, autant que l'imposant drumkit avec les sections cuivres et cordes. Shagrath n'a rien à envier au chef d'orchestre, tous les deux en jètent à mort. Tout ça pour dire que le Black Symphonique quand il est accompagné par des musiciens dit "traditionnels", bien ça ne fait pas mal aux mirettes, au contraire, ça se complémente très bien. On aurait pu craindre l'absence des sublimes vocaux clairs d'ICS Vortex notamment sur Kings Of The Carnival Creation mais ils sont remplacés par des choeurs somptueux qui donnent une nouvelle dimension à ce titre épique, dont il est impossible de ne pas être scotché devant. Dimmu Borgir n'est pas le premier groupe qui tente ce pari, mais celui-ci à quelque chose de plus indubitablement. Est-ce le côté Black Metal ? L'attitude de la bande à Shagrath ? La musique en elle-même ? Peu importe, il s'agit probablement des trois, et il serait dommage de passer à côté d'une écoute mais surtout d'un visionnage. 

Forces Of The Northern Night est un live qu'il faut voir et écouter au moins une fois si l'on est fan et si l'on ne l'est pas, l'expérience se tente, peu de chance que vous soyez déçus. Dimmu Borgir aura mis du temps à nous offrir ce live, mais l'attente est grandement récompensée.

A écouter : Oui, mais surtout à voir
16 / 20
59 commentaires (15.62/20).
logo amazon

Death Cult Armageddon ( 2003 )

Death Cult Armageddon marque le retour fracassant des seigneurs du Black Metal mélodique et cette chronique va vite se révéler n’être qu’une énumération de superlatif tant on reste émerveillé à l’écoute de cet album grandiose, épique, classieux, renversant, hypnotique (personne n’aurait un dico des synonymes à me prêter ?).
Et l’intégration de l’orchestre philarmonique de Prague n’y est sûrement pas étranger. D’ailleurs une écoute au casque se révélera rapidement indispensable pour apprécier pleinement la somptuosité des arrangements. Ajouter à cela des rythmiques endiablées entrecoupées de nombreux mid-tempo pour mieux dynamiser le tout, une voix d’outre-tombe, des choeurs aériens, un bassiste qui sait aussi chanter de bien belle manière (Progenies of the Great Apocalypse, Allehelgens Dod I Helveds Rike) et tous les éléments sont réunis pour obtenir une pure merveille.
Il suffit d’écouter Progenies of the Great Apocalypse, pièce maîtresse du chef-d’oeuvre, pour se coller la chair de poule dès les premières notes tellement l’intro est scotchante avec ses arrangements dignes d’un John Williams au sommet de sa forme, Blood Hunger Doctrine vous envoutera avec son intro lancinante et ses choeurs venus du ciel. Il n’y a pas un instant de répit, pas un moment pour s’ennuyer et pourtant l’album dure plus d’une heure. Vous en aurez donc pour votre argent, car Death Cult Armageddon mérite largement de dépenser quelques thunes, les norvégiens ne s’étant pas contenté de soigner uniquement le contenu, l’emballage, digipak en sorte de tryptique, est tout aussi magnifique.
L’ensemble, même si cela n’en était surement pas l’intention, semble avoir un goût de paradis. Son seul inconvénient est qu’il rend fade l’écoute de leurs précédents disques au demeurant excellents.
Un disque à la hauteur de leurs ambitions : démesuré.

17 / 20
22 commentaires (17.95/20).
logo amazon

Stormblast ( 1996 )

 Avant d'exploser en 1997 en signant sur la grosse écurie de Nuclear Blast, qui métamorphosa le groupe en espèce de monstre métallique hybride aux lourds sabots, Dimmu Borgir faisait partie de la scène underground norvégienne de Black Metal. (Enfin, pas si underground que ça finalement, au vu des évènements qui la fit connaître) Une scène capable du meilleur comme du pire, diront certains. (Qui a dit Burzum ?) Déjà en 1994 Dimmu Borgir jetait un pavé dans la mare à la manière des groupes comme Ulver et Emperor avec For All Tid, d'influence Viking et Black mais mettant en exergue d'autres arguments que les groupes habituels. Enfin, trêve de cours d'histoire car l'important est la musique, c'est aujourd'hui à Stormblast (version originale) sorti en 1996, que nous allons nous intéresser.

La première chose à souligner est que pour ceux qui s'attendent à la violence et la grandiloquence d'un Black Spiritual Dimensions ou d'un Puritanical Euphoric Misanthropia avec la prod' plus crade et le côté plus « true » se détrompent : Dimmu Borgir n'a vraiment, mais alors vraiment, rien à voir avec le groupe que l'on connut en suite. Tant sur les plans musicaux, qu'idéologiques, stylistques, ou même au niveau des paroles. Le morceau d'ouverture, Alt Lys er Svunnet hen, nous emmène dans des contrées sombres et mélancoliques. La première partie du morceau est entièrement atmosphérique, avec ces claviers et ces synthétiseurs si beaux.. Ici, si le côté symphonique est toujours présent, (Le seul aspect du groupe qui n'ait pas changé) il s'avère qu'il est au service de la beauté, de la féerie et de la nostalgie, non pas comme dans les morceaux des albums suivants.
Si les morceaux adoptent, ensuite, une architecture et des instruments plus ordinaires, la brutalité n'est certainement pas le moyen d'expression du Dimmu Borgir'96. Les instruments, les riffs, et même la voix n'ont pas pour vocation de produire ne serait-ce qu'une once de brutalité. Même les blast-beats, peu nombreux, n'ont pas un goût de violence comme c'est normalement le cas (Le morceau éponyme, Stormblast.) .. Le Black Metal de Dimmu est un Black enchanteur, poétique, romantique. Si les thèmes se veulent parfois violents et sombres « Antikrist » (On a vu pire..) ou l'artwork très folklore , (les membres posent avec des armes blanches, tachés de sang) tout cela masque en fait une sensibilité à fleur de peau et une âme des plus artistiques, au sens le plus véridique du terme.
Le riffing des guitares se veut plutôt en retrait, comme tissant le tissu sonore qui accompagne les synthétiseurs et la batterie, distillant des riffs parfois bruts et crus, (Antikrist) parfois épiques (Stormblast..) .. Mais qu'il faudra d'abord appréhender, et tendre l'oreille afin d'observer toutes les subtilités de l'album... La production, si elle peut déconcerter par rapport aux les albums suivants du fait de sa simplicité et de son aspect cru (sans être inaudible), est en réalité un gros plus pour le groupe : elle donne un relief complètement mystique et féerique au tout, avec tout de même de sublimes arrangements : ce clavier sur Stormblast, ou encore la cymbale ride à la batterie qui fait vraiment des merveilles. Et puis, pour vous en convaincre, écoutez l'échec qu'a été la version réeditée de 2005 et voyez la différence.
Dernier aspect vraiment notable, enfin, la voix de Shagrath (Si si c'est bien le même qu'aujourd'hui !) et là non plus rien à voir, un chant écorché, âpre et Black, mais très posé et calme, lorgnant bien souvent vers le clair, et loin de la violence et de la démesure d'un Enthrone Darkness Triumphant par exemple. En outre, ce Stormblast vous réserve de bien belles surprises, comme Sorgens Kammer (La Chambre du Désespoir), morceau entièrement joué au clavier, d'une beauté touchante. (Beauté tout de même sérieusement entachée lorsque l'on voit que Stian Aarstad, le clavieriste de l'époque, avait plagié la mélodie sur Agony, un jeu d'Amiga sorti en 1992... Les preuves sont sur Internet.) Si un certain ennui se fait ressentir vers les dernières pistes, de par la ressemblance des riffs et du jeu de batterie et des formats assez identiques des morceaux, cet album reste très, très agréable. La question que l'on se posera ensuite, et qui restera je pense éternellement sans réponse : Qu'est ce qui poussa Dimmu Borgir, par la suite, à abandonner totalement cet univers pour la musique que l'on connait aujourd'hui ? Nuclear Blast ? Les fans ? La pression d'une notoriété naissante ? … Ou simplement l'envie d'évoluer, et d'abandonner un univers sensible, fragile et émotionnel pour un autre plus hollywoodien et décadent, mais aussi plus viril ?

A écouter : Stormblast, Alt Lys Er Svunnet Hen...