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Biographie
"Après avoir cartonné dans la chanson, Didier voudrait faire du cinéma. Didier deviendra ensuite Gouverneur des Etats-Unis, et puis Maître du Monde. Il compte ouvrir un salon de coiffure pour pas trop se faire chier la journée." Ceci est la biographie officielle de Didier Super, à la fois chanteur, musicien, humoriste et ancien professionel de BMX. De son vrai nom Olivier Haudegond, Didier Super a notamment fait partie du groupe de reprises punk Zeu Discomobile ainsi que d’un duo comique de cascadeurs de rue à vélo, Les Têtes de Vainqueur. Vers 2002, il habite chez sa maman et, ne sachant pas trop quoi foutre de ses journées, décide "d’écrire des chansons rigolotes à la con".
Vaut mieux en rire que s’en foutre débarque donc en 2004. Il est sorti par V2 Music, qui a signé le trublion malgré des réticences internes, plus tard racheté par Universal, au grand bonheur du bonhomme qui ira tout naturellement uriner sur les bâtiments du siège de la major. L’album, élu "plus mauvais disque du monde et de tous les temps" par Télérama, révèle Didier Super dans toute sa splendeur : musique simpliste et souvent mal jouée, chant faux aux paroles mêlant cynisme et mauvais goût à ne surtout pas prendre au premier degré, sans oublier un physique d’Apollon. Personne n’est épargné : les pauvres, les cons, les riches, les enfants (« ça sert à rien »), les filles qui se la pètent, le lapin géant bouffeur de planètes, les caniches, les chinois, les cathos, … Précisons que tout cela est réalisé en dépit de toute règle de grammaire et de syntaxe. Le buzz se fait principalement via Internet, notamment grâce à la vidéo de "Y’en a des biens", qui s’en prend à toutes les minorités. Il réalise plusieurs vidéos, pas forcément musicales mais toujours avec le même esprit, faisant l’objet de nombreuses visites sur Dailymotion. Après 3 ans et devant la pression mise par la maison de disques, Didier Super accepte enfin de sortir un 2ème album. Ce dernier se nomme originalement Vaut mieux en rire que s’en foutre 2 et contient les mêmes titres que le premier opus…en "version pour les vieux". Derrière l’ironie et la méchanceté apparente des morceaux se cachent des dénonciations sociales assez évidentes mais dites sur un ton tellement cru, stupide et à la limite de l’acceptable qu’il est difficile de les prendre au sérieux un temps soit peu. Il tourne très régulièrement avec son groupe ou seul, principalement en France et en Belgique, pour des concerts acoustiques, en version hard rock ou même pour des concerts sans musique. Ses prestations sont parfois chaotiques, souvent hilarantes, pleines d’improvisations et d’insultes au public. Le Festival de Dour l’a déjà intégré à sa programmation à plusieurs reprises.
Il revient en 2008 avec son 3ème album ayant la particularité d’être composé de…nouvelles chansons (quoique). Ben quoi ? est légèrement plus fourni et diversifié (des guitares électriques mais c’est toujours aussi mal joué, rassurez-vous). Il est actuellement disponible en téléchargement gratuit sur son site officiel : "Ils n’arrivent plus à le vendre alors sers-toi (j’pense qu’ils diront rien)". Artiste inclassable et toujours prêt à faire le contraire de ce dont vous avez envie, Didier Super n’a peur de rien ni de personne. En 2009 il prépare sa comédie musicale "Et si Didier Super était la réincarnation du Christ ?" (des répétitions sont prévues en novembre 2009 et il y aura peut-être une représentation le 21). On craint le pire.
Chronique
Y a des mecs qui n’ont pas de limites. Aucune frontière pour séparer le mauvais goût du tolérable, ni le trop du juste assez, ni la méchanceté de l’ironie. A priori, dans cette catégorie, Didier Super pourrait être un sacré chef de file. Sauf qu’au fond, peut-être qu’il n’y a pas que ça. Raciste ? Non, puisque toutes les minorités en prennent plein la gueule : riches, pauvres, noirs, gros, juifs, de droite, de gauche, clochards, ceux qui ont une petite vie proprette mais qui du coup sont chiants, terroristes, homos, blondasses, enfants, lapin géant bouffeur de planètes… Gratuit ? Non plus, la plupart des titres étant quand même le reflet acerbe de problèmes sociétaux indéniables. Fidèle à ces lignes de conduite, le trublion revient avec de nouvelles chansons (pour une fois) toutes plus décapantes les unes que les autres. Vacances A Vos Frais porte bien son nom : le Français s’est exilé sur une île perdue dans le Pacifique pour enregistrer avec un orchestre local. Ukulélé, djembe, et autres instruments polynésiens traditionnels complètent donc la sempiternelle guitare folk approximativement accordée de Didier Super. Bien sûr, ce sera le prétexte idéal pour des running-gags à base d’humour colonial, et ce dès l’intro où le chanteur interrompt les musiciens en disant « vous arrêtez maintenant, j’ai payé ce studio pour que vous jouiez ma musique de blanc ». D’ailleurs, l’olibrius est toujours aussi bavard entre les pistes (parfois même pendant les chansons) et place régulièrement des vannes ou de la parlotte. « Voilà alors ça c’est ma chanson engagée pour faire peur aux dirigeants », « Bon les mecs, là c’est mon tube, vous m’le foirez pas ! », « Il est où Désiré ? C’est son solo de tam-tam là ! Putain il fait chier, bon bah t’es privé de bananes Désiré ! »… Et musicalement alors ? Parce qu’un album drôle c’est bien, mais vu le protagoniste on n’est pas étonné outre-mesure. Et bien, aussi surprenant que ça puisse paraître, on dirait qu’il y a un peu de boulot d’écriture là-derrière. Le gap était énorme entre Mieux Vaut En Rire Que S’en Foutre avec ses synthés Playmobil et Ben Quoi ? qui était enregistré avec un vrai groupe. Ici l’évolution est radicalement différente mais tout autant marquée, grâce à l’ambiance tropicale et acoustique. De plus, on note aussi l’introduction de chœurs (sur Clochard, Vieux Con, Moi Au Moins…) et même de chant féminin sur Moi Au Moins, des éléments qui ajoutent aussi à l’ambiance vacances et qui rendent les titres plus cohérents au passage. Les rimes semblent même occasionnellement un peu plus recherchées (La Mort, Manipulez-Nous Mieux). Comment conclure ? Vacances A Vos Frais ne peut pas être jugé comme si « bon disque » ou « mauvais disque » étaient des qualificatifs adaptés. Il s’agit juste d’un grand délire poussé au bout des choses, assumé, rempli de foutage de gueule éclairé et d’ironie face à une vie remplie d’incohérences. L’opus a donc les défauts qu’implique cet état d’esprit : 15 titres en vingt-trois minutes, plusieurs pistes ont des instrumentations relativement similaires, la production est à peine correcte, le chant est à la limite d’être faux… Mais la musique de Didier Super ne peut pas être jugée sur ça. Les textes sont corrosifs (Rien A Foutre vaut de l’or), d’autant plus qu’ils sont teinté d’un arrière-goût de vérité dérangeante, et c’est ça qui compte. Tout ça pour justifier une note quasiment au pif, évaluant un peu l’humour, un peu le point de vue de l’artiste, un peu l’idée saugrenue d’enregistrer avec le Aro String Band… Et puis au fond, je suis sûr qu’il s’en fout, de la note.
A écouter : en débranchant son cerveau
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