Biographie

Didier D. Deveney

Auteur, scénariste et dialoguiste depuis une dizaine d’années pour des courts métrages, des clips musicaux (MotörheadBlackrain).
Également peintre de portraits de rock stars en aquarelles qui sont exposés chaque année au VIP/Presse du Hellfest depuis 2013.
En 2018 il sort le livre Sex, Drugs&Rock N' Roll : la fin d'une ère ? sur le sujet du changement de comportement des artistes du monde metal / rock.

Chronique

Sex, Drugs & Rock N' Roll : la fin d'une ère ? ( 2018 )

Quand on me propose un livre sur le Metal je ne fais pas ma fine bouche, j’aime lire sur le sujet et dans le pire des cas on a un livre mal ficelé, aux infos douteuses ou pas super bien écrit; mais vu que ça reste de la musique on va rarement avoir de désaccord sur le fond. Et bien Sex, Drugs&Rock N’Roll va changer la donne pour moi.

Écrit par Didier D. Deveney, auteur, scénariste et dialoguiste pour des courts métrages ou des clips (MötorheadBlack Rain) ce livre nous parle de la relation qu’a le Rock / Metal avec la prise de drogue, des bacchanales incroyables, des déboires, … Le livre part donc sur le constat que cela a bien changé, sur ce point on ne lui donnera pas tort, la raison serait que désormais les artistes Metal prennent soin de leur corps et ne sont plus dans le délire alcool / drogue / sexe / orgie. Bon, là j’avoue j’ai toussé, mais bon si c’est étayé pourquoi pas suivre cette voie et voir où cela nous mène.
Malheureusement le chemin va être sinueux, difficile, va aller dans quelques impasses et parfois se perdre; mais une fois ingurgité on se demande bien comment l’auteur a réussi à tenir 226 pages sur cette seule idée.

Sûr de son constat on va donc assister à un enchaînement de biais de confirmation, tout d’abord en allant interroger des stars comme Nikki Sixx (Mötley Crüe), John5 (ex Marilyn Manson, Rob Zombie) : donc des mecs qui ont (ou vont) dépasser les 50 piges et dont les narines ont été des boulevards à coke. Evidemment ces mecs te disent que la drogue c’est mal, qu’ils ne se sont jamais sentis aussi bien.

Pour représenter la nouvelle génération on aura droit à Candace et Dustin de Walls Of Jericho (groupe formé en 1998) ou encore Black Rain (2001), à chaque fois des membres portés sur leur alimentation / le sport / leur bien être. Évidemment des musiciens comme cela existent, tous les musiciens ne sont pas des consommateurs de drogues prêts à tomber n’importe quelle bouteille, mais ne faire des interviews que de musiciens réputés pour leur vie saine, c’est un peu ne regarder que d’un seul côté. Même Yann de Mass Hysteria (en interview aussi) dit que dans le groupe les autres ne font pas comme lui.

Mais à aucun moment le livre n’ira chercher d’autre angles, voir si déjà le constat est partagé par d’autres. A chaque fois qu’on voit une porte d’entrée pour montrer que non, certains n’ont pas succombé à la mode de la nourriture healthy (Ben Barbaud du Hellfest parle à un moment donné d’un ex Mötorhead pas le dernier pour faire la fête) : rien.

Le livre est au final aussi impartial qu’un site d’un homéopathe l’est sur l’homéopathie; dommage il y avait pourtant de quoi creuser ! Au moins ce livre m’aura fait gamberger à ce sujet du “Pourquoi moins de folies”, voilà mes quelques pistes en plus de celle creusées par le livre :
- Les concerts sont devenus centraux pour les artistes Metal, se louper comme le faisaient les stars d’avant serait suicidaire pour leurs carrières (cf Guns N’Roses qui a poussé le bouchon bien loin niveau foutage de gueule envers son public, inimaginable de nos jours). La mauvaise presse serait immédiate (merci internet) et dévastatrice pour les ventes de places (vous avez entendu parler de Lauryn Hill à Paris non ?)
- Le Rock / Metal / … n’est plus le style à la mode, l’argent n’y coule plus à flot comme dans les 80’s : qui dans les jeunes groupes peut se permettre de payer 100 000$ pour avoir saccagé une chambre d’hôtel ? Ou se sniffer 5M$ de coke comme Steven Tyler ?
- Quand un groupe touche à cette vie de rock star : combien ne succombent pas ? Pensez à Five Finger Death Punch par exemple, un groupe à succès récent mais qui a suivi le parcours classique : célébrité / argent / drogue&alcool / dépression / cure / ...

Peut-on dire que les groupes Metal sont sages, ne prennent pas d’alcool, mangent bio et végé, disent non aux drogues ? Je serais bien emmerdé pour vous donner une réponse franche, cela dépend des groupes. Avec Metalorgie (et les Stoned Orgies) on a reçu bon nombre de groupes, et on peut au moins dire que certains sont effectivement sages mais d’autres veulent vivre le Sexe, Drogues Et Rock’n Roll des aînés (avec leurs moyens) et ça quel que soit la tranche d’âge des groupes en questions. Il est plus courant de trouver un frigo vidé de ses bières qu’un frigo à peine touché.

Vous l’aurez compris ce livre semble souffrir d’un mal vivace en ce moment : le biais de confirmation, le manque de recul et d’interrogations. On saute sur les exemples qui soutiennent sa conviction, on met sous le tapis ce qui ne va pas dans son sens. Agaçant sur les réseaux sociaux cela devient très gênant quand cela se retrouve dans un livre. Dommage il y avait certainement un sujet à creuser.