A peine un an après avoir accouché d’une tétralogie massive, Devin Townsend revient à la tête de son project avec un nouvel opus ! Une boulimie de travail absolument bluffante qui force le respect…
Ce nouvel épisode des pérégrinations de Devin est censé être plus ou moins une synthèse des quatre précédents disques du Devin Townsend Project. En réalité, la couleur générale de cet Epicloud tend nettement plus vers le côté enjoué d’Addicted et spirituel de Ghost, que vers le totalement barje Deconstruction ou le jazzy Ki.
Un autre élément qui rapproche Epicloud d’Addicted est la présence encore une fois au chant d’Anneke Van Giersbergen. Son timbre de voix sensationnel fait encore mouche, d’autant qu’il est encore mieux utilisé que sur Addicted. Les deux artistes se connaissent cette fois nettement mieux et on a plus simplement le featuring d’Anneke sur des morceaux de Devin, on a réellement la collaboration de deux musiciens accomplis.
Cette collaboration se déroule sous nos oreilles au détour de morceaux divinement bien écrits, arrangés, pensés. Vécus aussi. Devin Townsend vit la musique, c’est particulièrement criant sur ce disque. Et ça se retrouve directement sur un certain nombre de morceaux terriblement addictifs et tubesques comme Liberation, True North, Save Our Now ou encore Hold On. Epicloud affiche une étrange simplicité : une simplicité parfois réelle, parfois fausse (on décèle clairement dans certains titres la patte barré de Townsend) mais en tout cas toujours sincère.
Pour élargir la palette des émotions de ce disque, Devin s’offre quelques virages vers des titres plus ambiancés, plus planants (Where We Belong), voire carrément acoustique (Divine). Puis, il se laisse aller à regoûter l’ambiance déjantée de l’album Infinity avec un Lucky Animals brillant. Autre clin d’œil au passé : Devin réenregistre ici le titre Kingdom tiré de Physicist et lui redonne une nouvelle vie. Impossible également de ne pas noter la présence d’un chœur gospel (sur Effervescent ! et sur Angel) qui apporte une dimension spéciale, quasi-spirituelle à l’album. Et Epicloud prend définitivement les allures d’une communion musicale…
Clairement, ce qui ressort d’Epicloud, c’est que Devin n’a plus sur le dos la contrainte que le respect de sa tétralogie lui imposait. Ici, pas besoin que tous les morceaux soient dans la même mouvance et forme une pièce unique. Epicloud est un disque multiple qui pioche dans l’ensemble de l’univers du musicien, sans le brider pour autant.
Et au final, on sort de ce disque enchanté. Enchanté par la joie que procure ce disque. Oui, tout simplement : de la joie. Et enchanté également de retrouver Devin Townsend aussi en forme. En y repensant, ça fait même longtemps que le Canadien n’était pas apparu aussi libre, aussi affranchi… aussi bon.
Bon album