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Biographie

Deviant Process

Deviant Process se forme à Québec au Canada en 2009 sur les cendres de Psychic Pain. Le groupe se compose alors de Jean-Daniel Villeneuve (Guitare / Chant), Stéphane Simard (Guitare / Chant), Pierre-Luc Beaulieu (Basse) et Olivier Genest (Batterie) qui sortent ensemble un premier ep deux titres, Narcissistic Rage, en 2011. Antoine Baril (Augury) remplace Olivier derrière les fûts en 2012, mais est lui même remplacé par François Fortin en 2014. C'est ainsi que Deviant Process commence à développer son Death Metal progressif et technique à travers un premier effort, Paroxysm, qui parait en 2016 chez PRC Music. Pierre-Luc quitte la formation juste après et se fait remplacer à la basse par Philippe Cimon. Les canadiens se font discrets et en 2019 Michel Bélanger remplace François à la batterie. Le line-up de Deviant Process est désormais stabilisé et ils reviennent en 2021 chez Season Of Mist avec un album encore plus abouti : Nuture.

Chronique

16 / 20
1 commentaire (17.5/20).
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Nurture ( 2021 )

Bien que formé en 2009, on aura dû attendre l'an de grâce 2016 avant d'avoir un aperçu du talent des gars de Deviant Process à l'occasion de la sortie de leur premier album, Paroxysm. Loin d'être passées inaperçues dans le microcosme de la scène Tech Death, ces quelques pistes des Canadiens ont attiré l'attention de certain.e.s et on le comprend : Paroxysm était une sortie d'une étonnante maturité pour un groupe si jeune, composé de musiciens presque étrangers. Car oui, c'est incroyable : Deviant Process est un groupe de Death Metal technique québécois sans Phil Tougas (First FragmentSerocs), ni Dominic Lapointe (Augury, Beyond Creation), ni Patrice Hamelin (Gorguts, Beneath The Massacre). Ne partez pas ! C'est quand même vachement bien !

C'est la première chose qui frappe à l'écoute de ce Nurture : une écriture d'une richesse étonnante, même pour un style aussi baroque et exigeant que le Death Metal technique. D'un riff à l'autre, Deviant Process ne cesse de surprendre en multipliant les breaks, les contrepoints et les changements de tempo à l'image de Asynchronous, premier single dévoilé et petit chef d'œuvre du style. Il est véritablement impossible de deviner où nous emmène la prochaine mesure tant le quatuor se balade (et nous balade) avec une aisance propre aux cadors du genre.

Durant sa quarantaine de minutes (j'exclus la reprise de Obliveon), Nurture se dévoile au travers de ses guitares tantôt agressives, tantôt lancinantes qui ne sont pas avares de leads et de solos. D'ailleurs, parler de "guitare lead" et de "guitare rythmique" ne fait pas sens pour Deviant Process : les deux guitaristes ne font que se chercher, se soutenir, se compléter. La basse, quant à elle, fait très rarement dans le soutien des six cordes et vit sa meilleure vie en plein air, infligeant une troisième ligne mélodique à des compositions déjà très chargées. Ainsi, l'assise rythmique est assurée par la batterie qui, elle aussi, refuse de faire les choses simplement en plaçant des fills et des contretemps à tout va. Nurture est de ces albums qui ne se laissent pas écouter bien sagement.

C'est son principal défaut : un manque flagrant de gros riffs un peu débile type mosh part en mid tempo, qui pourtant se placerait à merveille dans toutes ces compositions ternaires. Quelques palm mutes à la Suffocation ne feraient pas de mal et seraient d'autant plus surprenants au milieu de ce bazar semi-ordonné. On a du mal à se raccrocher à la structure de la chanson : ce qui fait la force de Deviant Process est également sa faiblesse. Cet aspect ultra déconstruit est, il faut le reconnaître, assumé jusqu'au bout, c'est un parti pris. Mais lorsque commence Cybervoid (ladite reprise de Obliveon) et qu'on a droit à quelques mesures plus carrées, avec un squelette moins difforme, une partie de nous se sent soulagé d'être à nouveau en terrain connu. Les premières écoutes de Nurture sont très agréables, car surprenantes, mais très éprouvantes à cause de cette écriture si décousue.

Malgré cela, les morceaux qui composent cet album sont d'une cohérence parfaite. Avant tout dans leur intégrité, car aucun d'entre eux ne sonne comme un patchwork de riffs écrits sur plusieurs semaines puis assemblés "au petit bonheur la chance" comme c'est trop souvent le cas dans le style. Et surtout, les pistes partagent un ADN commun identifiable : une sorte d'urgence créée par les tempos rapides délivrés par une batterie qui fait rarement dans l'économie et un sentiment de fatalité accentué par les guitares malaisantes et de régulières accélérations à la fin des morceaux, où tout se densifie tant qu'on a l'impression que la musique s'effondre sur elle-même. Dans ces instants-là, où on sent que les Québécois balancent toute la sauce qu'ils ont sous le pied avec notamment un batteur qui doit cogner les 280 à la double pédale, on retient son souffle et on fait tous les efforts du monde pour empêcher notre cerveau de couler par nos oreilles.

C'est également dans ce moments-ci que les pistes vocales se multiplient, renforçant d'autant plus cette ambiance d'apocalypse déjà omniprésente chez Deviant Process. Les performances au micro de Jean-Daniel et Stéphane, respectivement chanteur et choristes, sont d'ailleurs des plus convaincantes avec un timbre solide mais assez monotone. Ce qui, en fin de compte, amène une forme de simplicité et d'efficacité opportune. Proposant quelques accalmies bienvenues mais attendues (qu'on retrouverait plutôt dans un album de Death Metal Progressif), Nurture reste un album difficile d'accès. Peut-être trop complexe pour certains, pas assez progressif pour d'autres, il demande une attention pleine mais il saura vous en récompenser. Touchant à la fois le cœur et l'âme, il pourra se démarquer des sorties similaires de l'année 2021 pourtant des plus chargées en Death Metal technique. Et mine de rien, cela fait de Nurture une œuvre à chérir. 


Deviant Process

Style : Death Metal Progressif
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Origine : Canada
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