Deuil
Drone Doom / Screamo

Acceptance / Rebuild
01. Acceptance
02. Rebuild
Chronique
C'est en II Actes que ces gens de Liège ont décidé de mettre un point final à leur affliction dévorante. I - Acceptance. II - Rebuild. Deux faces respectivement flanquées de la mort et de la renaissance. Au bout du périple, un disque comme un exutoire, âpre comme une bouffée de cendres froides et à l'impact littéralement physique. Les gaziers ont tout fait pour que le rendu soit le plus instantané possible. Que ce soit dans la composition, qui pour sûr a dû être instinctive, ou la rugosité de l'interprétation, Deuil n'a pas voulu tricher en épaississant ses traits. Ces derniers sont livrés comme une esquisse ou seul l'essentiel a droit de citer. Ecouter Acceptance/Rebuild, c'est avoir le crâne collé aux membranes à la limite de la rupture et les mollets coupés nets par l'inlassable travail de sape, régulier et inexorable, de la rythmique imposée par le chemin de croix de Deuil. Un chemin loin d'être rectiligne, ni même tortueux, mais plutôt sculpté aux forceps comme une métamorphose qui passe par les N niveaux de gris de la colère aveuglante, de l'isolement maladif ou encore du sentiment d'abandon dépressif.
Si l'on s'en tient au visuel - étrangement statique et monochrome - ainsi qu'à la description - doom, drone, black metal - de ce premier EP, on est tenté de faire un parallèle immédiat avec le Capture&Release de Khanate. C'était sans compter l'influence screamo hardcore, sagement distillée par les ex-Isaïah ici présents, qui fait passer Deuil dans une toute autre dimension, celles des Pansori et des B.Abuse, qui savent étirer et décliner leur ego pour en communiquer l'essence. Habilement transcendé par les mélodies vaporeuses et le chant ravagé en second plan, Deuil parvient à détourer ses initiales au pied de sa retentissante cathédrale, articulée de poutres vibratoires et percée de vitraux à l’éclat baveux. Acceptance/Rebuild est un disque paradoxalement neurasthénique et salvateur qui tire sa force de l'immédiateté et de l'humanité de son propos.
En écoute sur bandcamp.