Biographie

Delorean

Groupe formé à l’aube des années 2000, cela fait déjà quelques années que les Delorean traînent leur carlingue rétro-pop dans les méandres de la scène underground espagnole. Aujourd’hui forts de cinq sorties et signés chez B Core Records (aussi coupables d’avoir signé Tokyo Sex Destruction entre autres),  les quatre Basques rencontrent un succès critique grandissant, notamment depuis la sortie en 2006 de leur full lenght Into The Plateau. Une édition US agrémentée d'un remix verra le jour en 2007 sous le nom Transatlantic KK. Paradoxalement entre parenthèses depuis la sortie réussie d'Into The Plateau, l'actualité du groupe repart de plus belle mi-2008 lorsque les espagnols annoncent leur retour en studio d'enregistrement. Affaire à suivre...

Chronique

Into The Plateau ( 2006 )

Delorean ce sont quatre Ibériques dans le vent… mais pas trop. A l’image du véhicule du Professeur Brown (Retour vers le futur I, II et III pour ceux qui n’auraient pas percuté) du même nom, les petits gars semblent avoir une certaine capacité à revisiter les choses du passé. Et plus particulièrement les années 80. Après un sympathique s/t coincé quelque part entre Emo Pop, Post Punk et Cold Wave, très marqué par les travaux de The Cure notamment, Delorean revient en 2006 avec un nouvel anachronisme sous le bras. Cette fois, out le coté froid et plutôt sombre des efforts précédents. La voix est haut perchée, le groupe fait toujours plus la part belle aux claviers et clarifie encore ses mélodies pour atteindre un degré de dépouillement, de simplicité apparente et d’efficacité immédiate qui n’est  pas sans rappeler les vieux New Order ou certains travaux des Pet Shop Boys. Soit le haut du panier d’une décennie pourtant souvent décrite comme sinistrée sur le plan musical – mouvements alternatifs mis à part.
Ceci dit, cet album, comme les précédents, est entièrement « joué ». Le groupe utilise bien ses instruments pour produire une musique aux sonorités Electro typiques d’une époque où synthétiseurs et boites à rythmes régnaient en maîtres absolus sur la musique Pop(ulaire). Bel effort de la part des Espagnols.

Il aurait été facile de crier au scandale à la vue d’un tel programme mais ce serait faire fi des forces indéniables de la musique des Espagnols. Delorean vise, certes, le dancefloor plus que jamais mais sa musique n’en est pas pour le moins dénuée d’intérêt. Il se dégage une facilité et une force hypnotique assez renversante de titres comme « Complexity reducer », qui ouvre l’album, « Metropolitan Death 3 » ou encore « No name ». Il en va de même pour « Shibuya crossing » et son intro très « Blue Monday » (New Order), huitième et dernier titre entièrement instrumental d’un album qui évitera l’écueil de la répétitivité à outrance par son format judicieusement court. Aucun besoin d’être un génie en mathématiques pour constater que quatre des huit pistes d’Into The Plateau ont déjà été citées comme de petites perles Electro-pop à ce stade de la chronique. A vrai dire, le nombre aurait pu être plus élevé.
Jonglant entre rythmiques Dance simplistes et catchy, son résolument actuel mais ouvertement tourné vers le passé, mélodies épurées mais étudiées et accrocheuses, Delorean nous livre avec Into The Plateau un petit ovni musical tout en décalages. On leur dirait bien qu’ils se sont trompés d’époque si cette drôle de galette ne faisait pas tant l’effet d’une irrésistible sucrerie pop acidulée. Une gourmandise qui plonge l’auditeur dans une douce et chaleureuse mélancolie, comme pour échapper un à certain malaise urbain symptomatique de notre époque, que se charge si bien de rappeler un artwork à première vue anodin.
Alors certes le revival années 80 n’a rien de très original par les temps qui courent et n’a clairement pas donné que de bonnes choses, mais on se laissera pour une fois aisément convaincre tant Delorean a su pousser la démarche jusqu’au bout tout en gardant une fraîcheur que nombre d’autres groupes ont perdu en route.

Delorean, ou quatre gosses têtus, pieds et poings liés à leurs instruments au milieu des années 2000… et qui auraient oublié leurs cerveaux en 1983.

A écouter : pour se vider la t�te.