Depuis quelques temps le Thrash revient sur le devant de la scène avec le grand retour des ténors du genre, Slayer, Sadus en tête, mais aussi avec la nouvelle génération de groupes comme The Haunted, Hatesphere ou Legion of the Damned. L'Allemagne nous propose quelques bons groupes en ce moment, après Spellbound l'année dernière, voici Delirious et son troisième album : Made For The Violent Age.

Aux premiers abords ce disque inspire peu confiance, malgré sa quinzaine d'années d'existence Delirious demeure en effet quasi-inconnu, et la pochette on ne peut plus kitsch fait peur. Et pourtant...
C'est près une introduction regorgeant de cris emplis d'effroi recréant une ambiance apocalyptique, que  Delirious entre en scène sur Triple Six, titre Thrash à souhait ne lésinant pas sur la vitesse et les breaks soutenus par une batterie bien en règle. Sur les couplets le chant est un brin guttural rappelle Chuck Billy (Testament), tandis que sur les refrains il lorgne du côté de celui de Darren Travis (Sadus), avec une voix criarde, grave, et bien maîtrisée. Cette recette sera présente sur la quasi-totalité des titres Thrash (Call Me God, Idiot Nation, Blood Begins to Freeze...) de Made For The Violent Age.
Malgré cela les titres se suivent mais ne se ressemblent pas. Les riffs sont légions, les rythmiques travaillées, avec notamment des passages très inspirés par Slayer, vous savez, lorsque qu'une guitare se retrouve seule à trucider une corde, et qu'elle ponctuellement rejointe par la seconde guitare par un gros accord et surtout par quelques coups de batterie bien sentis.

En outre, pour casser une éventuelle routine Delirious n'hésite par à introduire de nombreuses mélodies, à l'instar de Testament. Et tout ceci de plusieurs façons. Il y a tout d'abord les soli, qui, s'ils sont chaotiques sur bien des titres, apportent parfois une touche de lyrisme supplémentaire. A côté de cela il y a Sleep in Peace, avec son introduction bucolique jouée en claire, suivie d'un passage pachydermique à la War Pigs de Black Sabbath. Et puis enfin la ballade Heavy My Friend et la surprenante instrumentale acoustique The Sky Turns to Red.

Delirious propose un troisième disque très ancré dans l'esprit  de la Bay Area Thrash, et plus particulièrement de Testament pour ce qui est de l'apport de mélodies. La production de Made For The Violent Age est soignée, avec un son bien lourd grâce à un mixage pertinent qui a su mettre la basse bien en avant, chose rare dans le genre mais qui commence heureusement à se démocratiser. Petit bonus final avec une reprise sympatoche de In a Gadda Da Vida d'Iron Butterfly, à prendre au second degrès. Très bonne surprise donc que ce nouvel opus de Delirious, en espérant que le groupe arrivera à percer cette fois.